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jeudi 25 mai 2023 le figaro - N° 24 496 - www.lefigaro.fr - France métropolitaine uniquement

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affaire seznec

Le Figaro Littéraire

Page 18

notre supplément

pour en finir avec cent ans de certitude ?

Le retour très médiatique de Liberté de la Russie PAGE 8

famille

En France, un enfant est signalé disparu toutes les douze minutes PAGE 10

santé

Des implants cérébraux pour faire marcher des paralysés PAGE 15

Immigration : LR accentue la pression sur Macron

La droite appelle l’exécutif à s’emparer de ses propositions pour « reprendre le contrôle ». Celles-ci sont largement soutenues par les Français, selon notre sondage Odoxa-Backbone Consulting. Les Républicains poursuivent leur offensive sur l’immigration. Deux jours après avoir dévoilé leurs propositions pour « reprendre le contrôle » des flux de migrants, Éric Ciotti, Bruno

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PAGES 19 à 21

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FIGARO OUI FIGARO NON

Réponses à la question de mercredi : Êtes-vous favorable à la création d’un impôt sur le climat pour les 10 % de Français les plus riches, comme le propose le rapport Pisani-Ferry ?

OUI 30 %

NON 70 %

TOTAL DE VOTANTS : 118 892

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Votez aujourd’hui sur lefigaro.fr Faut-il réduire le cheptel bovin pour diminuer le coût de la lutte contre le réchauffement climatique, comme le demande la Cour des comptes ? STF/AFP

entre Les Républicains et une partie de sa propre majorité, qui, à l’image du président de la commission des lois, Sacha Houlié, veille au respect du «en même temps ».

L’inexorable dérive des comptes de la Sécurité sociale

AFP PHOTO / Telegram channel of Concord group / Handout

champs libres

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migrés dans l’Hexagone, et 62 % souhaitent que la France puisse déroger au droit européen en la matière. De quoi renforcer la pression sur Emmanuel Macron, pris en tenaille

Jusqu’où ira Evgueni Prigojine, l’encombrant mercenaire de Poutine ?

L’assèchement du crédit coupe les ailes des investisseurs

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l’opinion publique, largement favorable à la ligne de fermeté des Républicains : selon notre sondage Odoxa-Backbone Consulting, 74 % des Français considèrent qu’il y a trop d’im-

è Espoir ou chimère d’un donnant-donnant ? è À Copenhague, Ciotti savoure sa « bouffée d’oxygène » è Les Français soutiennent les propositions des Républicains è Houlié, le « poil à gratter » de gauche de Darmaninè Asile : la répartition par régions, source de tensions pages 2 à 5 et l’éditorial

immobilier

Les chroniques d’Eugénie Bastié et de Luc Ferry Le tête à tête de Charles Jaigu La tribune collective d’écrivains pour la défense du français La tribune de Jean-Éric Schoettl et Anne-Marie Le Pourhiet L’analyse d’Olivia Detroyat

Retailleau et Olivier Marleix ont écrit à Emmanuel Macron pour lui demander de consulter les Français par voie de référendum. Manière d’associer dans ce bras de fer politique

Impitoyable envers l’état-major russe, qu’il couvre d’injures, le chef de la milice Wagner, « vainqueur » à Bakhmout, reste un protégé du maître du Kremlin, dont il exécute les basses œuvres. Jusqu’au jour où il lui fera de l’ombre ? PAGES 6 et 7

éditorial par Vincent Trémolet de Villers [emailprotected]

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Droit au peuple

e peuple ou le microcosme ? Dès que l’on aborde l’immigration, une dissonance saisissante s’établit entre une très large majorité de l’opinion et la petite principauté médiatico-politique qui voudrait tracer la ligne de partage entre le bien et le mal. Notre sondage le montre, deux Français sur trois (au moins) partagent les propositions de LR sur la maîtrise de nos frontières, mais déjà le plan d’Éric Ciotti, Bruno Retailleau et Olivier Marleix réveille les réflexes pavloviens. « Frexit », « vieux démons », « union des droites », d’éditoriaux en déclarations politiques, le commentariat pulvérise les gaz incapacitants. Ceux-là mêmes qui, au nom de l’urgence climatique, sont prêts à mettre à bas tous les fondements démocratiques reprochent à la droite libérale de céder, sur le défi migratoire, à une obscure tentation illibérale. Sa faute ? Vouloir ouvrir, par une proposition de loi, les verrous constitutionnels et judiciaires qui dépossèdent la force publique d’un droit élémentaire : celui de décider qui peut entrer et qui doit sortir du territoire national. Une République sans frontières, c’est aussi durable qu’un jardin sans clôture, qu’une maison sans fondations. Mais qu’im-

porte ! Celui qui rappelle cette vérité première perd à la fois son crédit démocratique et sa légitimité publique. Pour l’avoir courageusem*nt fait, Christophe Guilluy, jusque-là célébré par la gauche, fut, d’un trait, qualifié de « géographe de comptoir ». Si les sociauxdémocrates danois vivaient chez nous, ils seraient certainement renvoyés hors du champ républicain. En France, le parti du déni se cabre toujours plus Sur face à la majorité des Français mais l’immigration, devant la deux Français aussi réalité criante du sur trois bouleversem*nt approuvent LR démographique. Cette intimidation morale contre ceux-qui-font-le-jeude-Marine Le Pen alimente, depuis des années, la progression électorale de Marine Le Pen. Que la droite classique s’empare sereinement et fermement de ce sujet est une heureuse nouvelle. Maintenant, il lui faut tenir face à tous ceux qui vont l’accuser de se trahir, quand elle est, pour une fois, fidèle à son histoire (« je crois qu’en France la meilleure Cour suprême, c’est le peuple », disait de Gaulle) et à ses électeurs.

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En dépit de la réforme des retraites, le « trou de la Sécu » devrait encore atteindre 8,3 milliards d’euros cette année, avant de doubler les deux années suivantes, selon la Cour des comptes, qui juge ces prévisions « très optimistes ». L’institution prévient que, dès l’an prochain, les ressources seront insuffisantes pour financer la Sécurité sociale et appelle à des réformes rapides. PAGES 24 et 25

LE SYSTÈME À CAPSULE SANS CAPSULE.

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Guerre

Quand Beyrouth inspire les écrivains

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l'événement

S. Soriano/LE Figaro

Immigration : l’exécutif sous la Emmanuel Macron est pris en tenaille entre la droite, qui lui demande de reprendre EMMANUEL GALIERO £@EGaliero Et TRISTAN QUINAULT-MAUPOIL £ @TristanQM

La politique migratoire, c’est un des grands échecs des six années de présidence d’Emmanuel Macron. Regardez les chiffres ! gérard larcher

»

président du sénat, qui rencontrera Gérald darmanin le 7 juin

le maire de Saint-Brevin dénonce une « récupération »

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F. Bouchon/Le Figaro

Mercredi, en fin d’aprèsmidi, se tenait une marche de soutien au maire démissionnaire de SaintBrevin, Yannick Morez. Il avait exprimé sa volonté d’abandonner son mandat après que son domicile a été incendié sur fond de contestation contre l’installation d’un centre d’accueil pour migrants. L’appel à manifester avait été lancé par l’édile socialiste de Nantes, Johanna Rolland. Mais l’élu n’a pas souhaité s’y associer, regrettant une « récupération politique, notamment par l’extrême gauche », au sujet d’un rassemblement qui « se voulait au départ transpartisan ». Dans un communiqué, Yannick Morez déplore également « la discrétion de la droite sur cette thématique ». Et écrit : « Il est décevant de constater que les clivages politiques ne peuvent être dépassés sur un sujet aussi important que celui des violences contre les élus. »

J’appelle la gauche française à être capable à son tour d’émettre des propositions (...). Je n’imagine pas que la socialdémocratie française décide de rester en dehors du coup, lorsqu’il s’agit de parler de l’immigration, de l’intégration dans notre pays

»

Olivier Véran, porteparole du gouvernement

IL EST PLUS QUE TEMPS d’agir pour retrouver une maîtrise de l’immigration et, désormais, la balle est entre les mains du président de la République. C’est ce message que Les Républicains viennent de glisser dans une lettre adressée à Emmanuel Macron, deux jours après avoir dévoilé deux propositions de loi sur le sujet. « Vous seul êtes en mesure de convaincre votre majorité de ne pas se dérober devant cette responsabilité historique. Et vous seul êtes investi du pouvoir de faire appel au peuple pour qu’il manifeste solennellement sa souveraineté lors d’un référendum », lui ont écrit mardi, Éric Ciotti, Bruno Retailleau et Olivier Marleix, comme cela a été révélé mercredi sur le site internet du Figaro. Cette pression exercée ouvertement par le chef des LR et les deux présidents des groupes parlementaires doit mettre l’exécutif devant ses « responsabilités », comme l’a fait Éric Ciotti mercredi au Danemark (lire ci-dessous). Au Palais Bourbon, le chef de file des députés assume la menace d’une motion de censure si l’exécutif ne reprend pas à son compte le contenu des propositions de loi de LR, qui seront déposées avant vendredi soir. « Nous n’accepterons pas de faux-semblant ou de

petit* compromis. Cette question existentielle est sans doute le sujet le plus emblématique de l’échec des politiques. Il est hors de question d’avoir une vingt-deuxième loi pour rien. Il y va de la paix sociale et de la confiance des Français », avertit Olivier Marleix. Mercredi matin, Gérard Larcher a dénoncé de son côté le phénomène de « pompe aspirante ». « La politique migratoire, c’est un des grands échecs des six années de présidence d’Emmanuel Macron. Regardez les chiffres ! », a martelé le président du Sénat, rejoignant les alertes contenues dans la missive adressée au chef de l’État. Gérard Larcher aura l’occasion, le 7 juin prochain, à l’heure du déjeuner, de le redire à Gérald Darmanin qu’il rencontrera. François-Noël Buffet, le spécialiste immigration au groupe LR du Sénat, le précédera dès ce jeudi matin dans le cadre des consultations menées par le gouvernement. Pour LR, il s’agit bien de dénoncer la gravité d’une situation largement déplorée par les Français (lire notre sondage Odoxa-Backbone Consulting ci-contre). Appelant à la « responsabilité collective », les LR demandent au pouvoir, qu’ils savent entravé par les divisions de sa majorité, de ne pas déposséder les Français d’une opportunité : « Mettre fin à l’immigration massive. » Ils l’invitent à se saisir de ses propositions sans attendre alors que le Sénat devra patienter jusqu’à l’automne pour avoir une fe-

Le président des Républicains, Éric Ciotti, et les deux présidents des groupes parlementaires LR, Olivier Marleix et Bruno Retailleau, quittent Matignon après une entrevue avec Élisabeth Borne, le 5 avril dernier. Lafargue Raphael/ABACA

nêtre d’examen. Mercredi, certains se réjouissaient de voir le ministre Darmanin « reprendre contact » avec la droite. « Des contacts informels » se nouent déjà et, à Beauvau, on se montre très allant. « Leur intérêt, comme le nôtre, c’est d’avoir un texte immigration dans les mois à venir. Pas dans quatre ans. Nous sommes d’accord sur beaucoup de propositions », glisse-t-on dans l’entourage du ministre de l’Intérieur. « On partage globalement le même constat et la nécessité d’avoir besoin de nouvelles mesures législatives fortes pour répondre au défi migratoire », ajoute le même conseiller.

Mais à LR, des parlementaires estiment aussi que la macronie, « piégée et paralysée par ses contradictions », ne pourra jamais accepter de reprendre un « vrai texte de droite » pour régler les problèmes de l’immigration.

Ligne rouge pour les macronistes

Mercredi, lors du Conseil des ministres, le président de la République a éludé le sujet. Emmanuel Macron, qui a exigé que son gouvernement accélère ses travaux sur le sujet pour lui présenter un projet de loi en juillet, doit compter avec les lignes antagonistes de

CONTRE-POINT

PAR GUILLAUME TABARD £@GTabard

Espoir ou chimère d’un donnant-donnant ?

V

ous renoncez à votre révision constitutionnelle, nous renonçons à notre titre séjour. Ce « deal » n’est pas encore sur la table et les nouveaux échanges entre Gérald Darmanin et Les Républicains commencent à peine, mais les plus optimistes veulent croire à une convergence possible entre le gouvernement et la droite. Cette perspective peut sembler illusoire au regard du durcissem*nt du débat sur la question. Après moult allers-retours sur la méthode et le calendrier, l’exécutif a confirmé sa volonté d’un texte « équilibré » comprenant la création d’un titre de séjour supplémentaire pour les métiers dits « en tension » ; une disposition dirimante pour la droite. Et avec sa proposition de modifier la constitution afin de restaurer la primauté du droit national sur le droit européen, LR s’en prend à un des fondamentaux du macronisme. Veto d’un côté, non possumus de l’autre : jamais l’incompatibilité n’a paru aussi totale. L’échec est donc annoncé - ou plutôt confirmé -, à moins d’une concession majeure d’une des deux parties. Et comme il serait naïf de parier sur la seule bonne volonté des uns et des autres, c’est le rapport de force et l’intérêt politique qui pourraient faire évoluer la situation. L’équation est simple : Emmanuel Macron n’aura pas son texte sur l’immigration sans les voix des parlementaires LR et Les Républicains ne feront pas aboutir leur proposition de loi sans le soutien des élus macronistes. Le parallélisme est cependant trompeur. La nécessité d’une victoire n’est pas la même. C’est l’exécutif qui met sa crédibilité et son efficacité en jeu. Une loi rejetée ou impossible à présenter serait un camouflet pour le chef de l’État, alors que, pour un groupe d’opposition, l’incapacité à aboutir est la règle. Autrement dit, dans ce bras de fer, la droite n’a rien à perdre - elle a déjà réussi un bel

effet d’affichage par son initiative -, alors que l’exécutif a tout à perdre. Gérald Darmanin ne renonce cependant pas à avancer. En jouant des équilibres politiques, déjà. La fureur des sénateurs centristes d’Hervé Marseille de ne pas avoir été associés à la confection des propositions de loi LR n’a pas échappé au ministre de l’Intérieur. Ni le fait que le groupe de Bruno Retailleau n’est pas majoritaire à lui seul dans la Haute Assemblée. Il veut donc croire que Les Républicains seront contraints d’eux-mêmes de nuancer leur copie afin d’éviter un échec au Sénat. Ensuite, et surtout, Darmanin croit en la tactique du donnantdonnant. En clair, obtenir de LR un retrait du volet constitutionnel de son projet en échange d’un renoncement à une loi sur le titre de séjour, afin d’aboutir à un texte commun qui ne serait éloigné ni des propositions qu’il met sur la table, ni des mesures inscrites dans la PPL « ordinaire ». Resterait alors à savoir si c’est LR qui accepte d’amender le projet de l’exécutif ou si c’est le gouvernement qui consent à partir du texte de la droite. Mais tout cela reste théorique. Même un deal s’accompagne de psychologie. Et la riposte du macroniste Sacha Houlié, accusant LR de « pérorer », ne contribue pas à détendre le climat. Et si, de son côté, les amis d’Éric Ciotti sacrifiaient le volet constitutionnel, qui est pourtant la clé d’un vrai retournement sur la question, ils savent que le RN aurait beau jeu de pointer une fois de plus la fermeté en trompe-l’œil de la droite. Le bras de fer est loin d’être fini.

À Copenhague, Éric Ciotti savoure sa Claire Conruyt £@ClaireConruyt envoyée spéciale au Danemark

Il y a, au Danemark, grâce à ces centres de retour, un suivi ferme, mais humain, de personnes qui demandent l’asile. Il y a tous les droits pour ceux qui obtiennent le statut de ‘‘réfugié’’ mais plus aucun pour ceux qui ne l’obtiennent pas

»

éric ciotti

LE CIEL DANOIS fait penser à celui des Républicains. Grisâtre et, de temps à autre, traversé par de légères éclaircies. Après plusieurs mois d’une présidence compliquée, Éric Ciotti prend le soleil et respire le grand air iodé de Copenhague. Accompagné de la secrétaire générale du parti, Annie Genevard, de son conseiller aux affaires internationales, Michel Barnier, et de la sénatrice Muriel Jourda, le président des Républicains est au Danemark depuis mardi soir pour s’« inspirer » de la politique d’immigration portée par le gouvernement social-démocrate. Un modèle de fermeté, qui a fini par être érigé en exemple par la droite. Prévue depuis un mois, cette virée danoise s’inscrit dans la droite ligne de l’offensive législative menée par le chef de file des LR et les deux présidents des groupes parlementaires, Bruno Retailleau et Olivier Marleix. Dimanche dernier, ils ont longuement détaillé leurs deux propositions de loi complémentaires sur l’immigration en défendant une « solution de droite », prenant à bras-le-corps un sujet que l’exécutif a laissé échapper, contraint par son aile gauche (lire ci-dessus). Galvanisés par ce « coup politique », les LR reprennent des couleurs. Un ténor du parti va jusqu’à évoquer, léger sourire aux lèvres, une « parenthèse enchantée » pour sa famille politique qui, après s’être déchirée sur la réforme des retraites, profite désormais d’une « bouffée d’oxygène ». « On avait besoin de reprendre la main », souffle un autre poids lourd LR, soulagé. « Nous étions dans un tel état de décomposition

qu’il fallait prendre des initiatives. » « En interne, ça a fait du bien », insiste un autre, louant un « texte bordé juridiquement ». Confiant, ce même élu ose une formule optimiste : « Désormais, LR “is the place to be”. » La droite veut faire passer un message : hier, elle révélait au grand jour ses dissensions sur les retraites. Aujourd’hui, elle veut apparaître unie sur un thème qui lui est cher. Ainsi, assure-t-on au sommet du parti, la fronde de l’automne dernier ne se répétera pas sur l’immigration. Une droite réconciliée, donc, et déterminée à se rappeler au bon souvenir de la majorité relative. Sans LR, renchérit Éric Ciotti, « rien de bien ne peut se faire ». Le patron de la droite vient de quitter le ministre danois de l’Immigration et de l’Intégration, Kaare Dybvad Bek, après avoir partagé un court déjeuner. Un peu plus tôt, il était reçu par le directeur de l’Agence danoise pour le retour, là où les demandeurs d’asile sont identifiés avant d’être logés en attendant leur sort. Une mesure « pragmatique » et un modèle « transposable », loue Éric Ciotti. « Il y a, au Danemark, grâce à ces centres de retour, un suivi ferme, mais humain, de personnes qui demandent l’asile. Il y a tous les droits pour ceux qui obtiennent le statut de “réfugié” mais plus aucun pour ceux qui ne l’obtiennent pas. C’est une différence qu’il faut poser en France, où l’on a une forme d’égalitarisme qui rend notre modèle totalement irresponsable et constitue une pompe aspirante pour toute immigration. » Profitant des multiples reports de l’examen du projet de loi immigration par le gouvernement, LR a donc pris les devants et préparé sa riposte. Voilà l’exécutif embarrassé et Ciotti, satisfait. « Je mets en place

le figaro

l'événement

pression de LR Fermeté veut dire : un étranger en situation irrégulière doit partir, un étranger doit parler français s’il veut venir en France », a lâché Bruno Le Maire, lundi soir lors d’un bureau exécutif du parti présidentiel. Le ministre de l’Économie a toutefois enjoint aux macronistes d’être moins timorés. « Nos compatriotes attendent de la fermeté, de la fermeté et de la fermeté. Alors soyons basiques : faisons de la fermeté. Tout ce que défend Gérald Darmanin en somme », a-t-il dit, selon des propos rapportés au Figaro. Un axe qui est encore très loin de faire l’unanimité en macronie. ■

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Les Français soutiennent très largement les propositions des Républicains

ses propositions, et sa propre majorité. son camp. Ainsi, dès dimanche après la présentation des propositions de LR, l’entourage d’Élisabeth Borne a rappelé que la première ministre exige un texte « respectueux de nos valeurs ». Tandis que Sacha Houlié, le président (Renaissance) de la commission des lois de l’Assemblée canarde LR, un parti qui « veut un Frexit sur l’immigration », a-t-il dit aux Échos (lire page 4). Référence au souhait de la droite de déroger au droit européen. Une ligne rouge pour les macronistes. « Fermeté ne veut pas dire que l’on va faire des choses contraires au droit européen ou à la Constitution.

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Dinah Cohen £@DinahCohen

Vous seul êtes en mesure de convaincre votre majorité de ne pas se dérober devant cette responsabilité historique. Et vous seul êtes investi du pouvoir de faire appel au peuple pour qu’il manifeste solennellement sa souveraineté lors d’un référendum

»

Lettre à Emmanuel Macron, cosignée

par éric ciotti, OLivier marleix et Bruno retailleau

EN MATIÈRE d’immigration, Les Républicains remportent le match de l’opinion. Selon le dernier sondage Odoxa-Backbone Consulting réalisé pour Le Figaro, les propositions formulées par les cadres du parti sont en effet soutenues par une large partie de la population. Qu’il s’agisse de l’obligation pour les demandeurs d’asile de formuler leur requête avant d’être sur le territoire français (79 %), des quotas fixés chaque année par le Parlement (74 %) ou de la possibilité de soumettre la politique migratoire à référendum (72 %). Les Français veulent également rendre le pays moins attractif socialement (68 %), inscrire dans la Constitution le principe d’assimilation (66 %) et même déroger aux traités européens (62 %). Le soutien se retrouve du côté des sympathisants LR, mais aussi de ceux de la majorité présidentielle, Renaissance. Les personnes interrogées sont à l’inverse très critiques envers l’exécutif - 72 % d’entre eux ayant une mauvaise opinion de l’action en la matière, à l’exception des sympathisants macronistes. Les propositions des LR apparaissent également en cohérence avec le jugement global des Français, de plus en plus sévères à l’égard de l’immigration : 74 % d’entre eux considèrent qu’il y a trop d’immigrés en France - onze points de plus en cinq ans -, et seuls 55 % estiment que le pays doit accueillir les réfugiés qui demandent l’asile parce qu’ils sont persécutés dans leur pays (- 10 points). Un constat que l’on retrouve chez les sympathisants du Rassemblement national (97 %), ceux des Républicains (91 %), de Renaissance (68 %) et même des socialistes (52 %) et des écologistes (51 %). Seuls les sympathisants de La France insoumise demeurent minoritaires (44 %).

QUESTION : Éric Ciotti, Bruno Retailleau et Olivier Marleix, les dirigeants des Républicains,

ont annoncé un certain nombre de mesures sur l’immigration que le gouvernement doit intégrer pour que les Républicains votent le projet de loi. Favorable Obliger les demandeurs d’asile à faire leur demande à la frontière ou dans les ambassades

Opposé NSP

79 %

20 %

1%

Permettre au parlement de se prononcer chaque année sur les quotas d'immigration, y compris sur les demandeurs d'asile

74 %

25 %

1%

La possibilité d'agir par référendum sur la politique migratoire

72 %

27 %

1%

Supprimer l'Aide Médicale d'État et la remplacer par une Aide Médicale d'Urgence

68 %

31 %

1%

Inscrire dans la Constitution le refus du communautarisme et le principe d'assimilation

66 %

32 %

2%

Pouvoir déroger au droit européen en matière de politique migratoire

62 %

36 %

2%

Étude réalisée par Odoxa-Backbone Consulting pour Le Figaro. Enquête réalisée auprès d’un échantillon de Français interrogés par internet les 23 et 24 mai 2023. Échantillon de 1 005 Français représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. La représentativité de l’échantillon est assurée par la méthode des quotas appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, niveau de diplôme et profession de l’interviewé après stratification par région et catégorie d’agglomération. Auprès de l’ensemble des Français, la marge d’erreur s’établit, selon le score visé, entre 1,4 et 2,5 points.

L’opinion diverge en revanche avec l’analyse des Républicains sur un point. Les mesures gouvernementales consacrées à l’intégration des immigrés déjà présents rencontrent un certain succès, à l’instar de la possibilité donnée aux demandeurs d’asile de travailler dès le dépôt de la demande de régularisation (59 %) et de la création d’un titre de séjour pour les travailleurs sanspapiers dans les métiers en tension (58 %). Cette dernière proposition est depuis plusieurs mois ardemment défendue par le ministre du Travail, Olivier Dussopt, mais aussi présentée comme une « ligne rouge » par le parti d’Éric Ciotti. « Sur l’immigration, la pensée des Français est finalement “complexe”, en quelque sorte un “en même temps” : réduire le nombre d’arrivées mais nous montrer plus inclusifs pour les

immigrés déjà sur notre territoire », en conclut Céline Bracq, directrice générale d’Odoxa. Il convient également de préciser que l’immigration est certes importante mais ne constitue pas la priorité des Français. Les problématiques de fins de mois dans un contexte d’inflation (62 %), celles relatives à la santé (54 %) et au système de protection sociale (34 %) sont davantage citées comme des préoccupations primordiales. À la sixième position seulement (25 %), l’immigration est toutefois placée en haut de la liste par les sympathisants LR. L’enjeu fait un bond de 27 points auprès d’eux en un peu plus de quatre ans, contre six points de plus du côté du Rassemblement national. « Le socle partisan, plus réduit, a tendance à être plus radical », explique ainsi Céline Bracq. ■

Gallimard présente

« bouffée d’oxygène »

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Désormais, LR, qui se veut plus que jamais à la fois « force d’opposition » et « responsable », regarde l’exécutif droit dans les yeux. Et lui lance un défi. « Chiche ! », lancent Retailleau, Marleix et Ciotti. Un coup de menton réaffirmé par ce dernier : « Avec ces deux propositions de loi sérieuses, audacieuses, je dis au président de la République : on vous tend cette main. » Il ajoute : « Emmanuel Macron a une occasion extraordinaire et c’est nous qui la lui offrons. » Répondant par là même à l’avertissem*nt de Nicolas Sarkozy, formulé la semaine dernière dans nos colonnes : « Si Emmanuel Macron ne tend pas franchement la main à la droite et si, de leur côté, les Républicains demeurent sur leur quant-àsoi, ils ne risquent pas de se retrouver ! » En attendant une rencontre avec Darmanin, le ton reste ferme.

FUGUE AMÉRICAINE rom a n

GALLIMARD

BRUNO LE MAIRE Fugue américaine ROMAN

« À travers les figures d’Horowitz et de Franz Wertheimer, Bruno Le Maire a composé le grand roman des illusions perdues, celles de la jeunesse et de ses élans contrariés par la vie, et – plus crépusculaire encore – celles de l’humanité.» Etienne de Montety, Le Figaro

«En toile de fond du livre qui se déroule dans les années 50-60, il y a l’Europe, la culture occidentale, la psychanalyse et leur impuissance face à des maux graves. Un très bon roman à l’écriture nerveuse.» Virginie-Bloch-Lainé, Libération

«Un diptyque de l’art et du tourment. Une réussite ? Oui.» Marc Lambron, Le Point

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OLivier marleix, président du groupe LR à l’assemblée

BRUNO LE MAIRE

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Le gouvernement nous dit qu’il veut un texte ? Nous lui en proposons deux ! Pour nous, c’est ça ou rien !

« Le gouvernement nous dit qu’il veut un texte ? Eh bien, nous lui en proposons deux ! Pour nous, c’est ça ou rien ! », a prévenu Olivier Marleix. Éric Ciotti ajoute : « On veut que la totalité des textes soit reprise. » Y compris la proposition de réforme constitutionnelle qui, est-on bien obligé de reconnaître à LR, a peu de chances d’attirer les faveurs de l’exécutif. Le patron du parti insiste : « On ne changera pas la situation migratoire si on ne change pas le cadre. » C’est dit. Mais en privé, l’un de ses proches précise : « Si Darmanin accepte 80 % de nos propositions, on ne peut pas dire “c’est ça ou rien”. » Un ténor estime à son tour : « Ce que nous formulons doit servir de base. On ne peut pas dire que si 100 % des propositions des LR ne sont pas reprises, on ne discute pas. » Mais LR préfère prévenir : si le gouvernement se décidait à avoir recours au 49.3 pour faire adopter son projet de loi « laxiste », le groupe des députés de droite déposera une motion de censure. « On ne s’interdit rien et nous avons une ligne rouge », réaffirme Éric Ciotti. « Si leur texte propose la régularisation des clandestins, on n’hésitera pas à utiliser cette arme. » Un élu grince, pourtant : « Et risquer de perdre des députés après une dissolution ? » Un parlementaire, plus que sceptique, siffle : « J’espère que Ciotti, Retailleau et Marleix ont réfléchi au déroulé du plan jusqu’au bout. » Il ajoute : « Les masques vont tomber, ça va être un moment de vérité pour LR : on verra qui parmi nous veut encore toper avec le gouvernement. » De la « politique-fiction », balaie Éric Ciotti. « Si on en arrive à une motion de censure, ça aura été une occasion manquée pour Emmanuel Macron. Nous, nous aurons pris nos responsabilités. » ■

Photo © Hamilton De Oliveira

ce que je souhaitais, se félicite-t-il. J’ai le sentiment qu’on commence à voir où je veux aller, quelle stratégie je veux mener. » Le chemin fut long et tortueux. Il n’y a pas si longtemps, le patron de LR plaisantait nerveusem*nt : « Ce n’est pas un long fleuve tranquille, c’est sûr… Mais je savais dans quoi je me lançais : reprendre le flambeau après une telle défaite à la présidentielle et aux législatives… J’étais conscient du défi. » Il s’était alors empressé d’ajouter : « Mais l’adversité ne m’a jamais atteint. »

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Asile : la répartiti

«J’ai des exigences. Je suis peut-être un bagarreur», admet Sacha Houlié, député Renaissance de la Vienne.

Deux députés ont audité le système d’héber

Sébastien SORIANO/Le Figaro

Jean-Marc Leclerc £@leclercjm

Sacha Houlié, le « poil à gratter » de gauche de Gérald Darmanin

Issu du PS, l’ambitieux patron de la commission des lois se livre à un cordial bras de fer avec le ministre de l’Intérieur. Au risque de s’imposer comme un obstacle sur la route d’un accord avec LR. loris boichot £@lboichot

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©CAPA Pictures / Europe 1

SACHA HOULIÉ s’est assis à la table des hauts gradés du camp Macron. Dans les salons de Matignon, ce mardi 16 mai, le député Renaissance de 34 ans a rejoint Élisabeth Borne, les ministres de l’Intérieur et du Travail, Gérald Darmanin et Olivier Dussopt, ainsi que les responsables de la majorité. Autour d’un petit déjeuner largement consacré à l’immigration, les alliés Édouard Philippe et François Bayrou approuvent le retour du projet de loi promis d’ici à l’été, après une longue valse-hésitation autour de son sort. Le benjamin des convives, lui, est exceptionnellement venu pour marteler son message : hors de question de renoncer à la régularisation des travailleurs sans papiers dans les « métiers en tension », au nom d’un hypothétique accord avec Les Républicains (LR). « Ce n’est pas négociable, on ne doit rien renier. Eux ont des lignes rouges, nous aussi », insiste-t-il, alors que l’exécutif s’apprête à reprendre ses discussions avec la droite. Il est ressorti de la réunion avec l’assurance d’avoir été entendu. Sa « ligne rouge », Sacha Houlié l’expose depuis plusieurs mois à Gérald Darmanin. À la tête de la très prestigieuse commission des lois de l’Assemblée nationale, l’ancien socialiste s’est rendu incontournable dans les négociations sur le texte avec le ministre de l’Intérieur. Quitte à s’imposer comme un obstacle sur la route d’un accord avec la droite : l’opposition agite le scénario d’une motion de censure si ses propositions ne sont pas reprises, mais lui refuse tout texte « aux conditions des LR ». « C’est clair qu’il ne facilite pas le deal avec eux », observe un ministre. Le député a beau être pressenti pour devenir responsable du texte à l’Assemblée nationale, il multiplie les attaques contre la droite. Il a encore pris le risque de la provocation dimanche, en l’appelant à « arrêter de pérorer » sur l’immigration et à venir plutôt « à la table des négociations ». Rebelote ce mercredi, dans les Échos, où il accuse LR de vouloir « un Frexit » en proposant de « sortir des traités européens ». « (Nos propositions) sont attaquées par Mme Le Pen et M. Houlié, ça veut certainement dire qu’on est dans la bonne direction », a répliqué le président de LR, Éric Ciotti. L’activisme de Sacha Houlié agace une partie de l’aile droite du camp prési-

dentiel, autant qu’il finit par compliquer le casse-tête de Gérald Darmanin. Qu’il lui accorde le maintien du titre de séjour « métier en tension », et le ministre se privera des voix décisives de LR. Qu’il y renonce, et il pourrait déstabiliser son camp. « Je connais les choses inacceptables pour la majorité », assure le ministre de l’Intérieur en privé. « Inacceptables » en particulier pour son « aile gauche », dont Sacha Houlié est devenu l’un des représentants les plus visibles, depuis les défaites des ténors Christophe Castaner et Richard Ferrand. L’ex-socialiste et le transfuge des Républicains se méfient l’un de l’autre, même s’ils se respectent. Il faut dire que Sacha Houlié a plusieurs fois défié son interlocuteur de l’Intérieur. Cet avocat de profession a défendu l’été dernier le droit de vote des étrangers extracommunautaires pour les élections municipales, au point de le pousser à s’y dire

Ils ont instauré une sorte de jeu de rôle. ils se servent l’un de l’autre pour justifier de tenir un certain équilibre final dans les textes, sans jamais perdre la face auprès de leurs troupes

un dirigeant de Renaissance

« fermement opposé ». Début mai, il a jugé « inutile » la nouvelle loi anticasseurs évoquée place Beauvau, face aux manifestants violents. « C’est un poil à gratter, un empêcheur de tourner en rond très intelligent et habile politiquement », juge son collègue MoDem Erwan Balanant, quand le LR Philippe Gosselin lui reconnaît une « certaine singularité ». « Il met parfois les pieds dans le plat, mais il ne va jamais trop loin. Il ne fait jamais rien d’irréversible », dit de lui le ministre du Travail, Olivier Dussopt. À Matignon, il peut compter sur l’écoute d’Élisabeth Borne, dont il fait partie des plus fervents soutiens. « J’ai des exigences. Je suis peut-être un bagarreur », admet pour sa part l’ambitieux élu de Poitiers (Vienne). Sacha Houlié a plaidé dès juillet pour des mesures favorables aux travailleurs en situation irrégulière. Dès que Gérald Darmanin lui a annoncé, à l’hôtel de

7 H -9 H EUROPE 1 MATIN

Dimitri Pavlenko

Retrouvez l’Edito politique à 7h53 avec Alexis Brézet et Vincent Trémolet de Villers du Figaro

Beauvau, son intention de présenter un texte pour faciliter les expulsions des délinquants étrangers. « Si des étrangers sont délinquants, ils méritent d’être punis. Mais s’ils travaillent, ils doivent bénéficier de la reconnaissance de la nation », estime le député. Un « en même temps » fidèle à l’« ADN macroniste », selon ce Marcheur historique, président des Jeunes avec Macron jusqu’à son élection en 2017 à l’Assemblée nationale. Lorsque Gérald Darmanin et Olivier Dussopt annoncent les principaux axes de leur projet de loi, en octobre, Sacha Houlié revendique une petite victoire. « Darmanin s’est gauchisé au point de proposer des régularisations ! », s’enorgueillit-il alors auprès de ses proches, convaincu que ce texte aux « mesures radicales » va « casser la baraque ». Au Palais Bourbon, il se rapproche dans la foulée du député Vert Julien Bayou, afin d’emporter l’abstention des écologistes sur le texte. La manœuvre est censée faciliter l’obtention d’une majorité. Lors des débats sur la forme du projet de loi, Sacha Houlié a milité pour « deux ou trois textes » à faire adopter tantôt avec la gauche, tantôt avec la droite, plutôt que pour la copie globale espérée par Gérald Darmanin. Déstabilisé par les clins d’œil du gouvernement aux chefs de LR, Sacha Houlié a toutefois pris peur à plusieurs reprises. Il a vu son entreprise menacée, le 14 mai, en découvrant Emmanuel Macron imaginer « peut-être abandonner des bouts » du projet de loi, dans une interview à L’Opinion . Tout comme il a tiqué en entendant le ministre de l’Intérieur ouvrir à la voie à des « quotas » d’immigration économique - une mesure « inefficace » selon lui. Il n’a pas de mal à reconnaître des « différends » avec le numéro trois du gouvernement. Bras de fer ou pas de deux ? Les relations entre les deux hommes suscitent la curiosité en macronie. « Ils ont instauré une sorte de jeu de rôle, observe un dirigeant de Renaissance. Ils se servent l’un de l’autre pour justifier de tenir un certain équilibre final dans les textes, sans jamais perdre la face auprès de leurs troupes. » Stratège, Sacha Houlié sait aussi quand la loyauté est dans son intérêt. Il a rejoint en septembre la direction de Renaissance, présidé par son ami Stéphane Séjourné, après avoir rompu avec la chefferie du parti présidentiel sous le précédent quinquennat. Sur la même ligne que le ministre de l’Intérieur, il a condamné sans réserve les « casseurs », après les violences lors des manifestations contre la réforme des retraites. Le trentenaire prend soin de « ne pas insulter l’avenir », selon l’un de ses amis au sein de l’exécutif. C’est qu’il entend bien poursuivre son ascension éclair en macronie. Ses amis ne le projettent-ils pas dans un ministère régalien, en cas de changement de gouvernement ? En livrant une bataille sans aller jusqu’à menacer de quitter la majorité, Sacha Houlié prépare aussi la suite. ■

ON POURRAIT l’appeler le rapport Saint-Brevin. Deux élus Renaissance le député du Val-de-Marne Mathieu Lefèvre, ex-conseiller de Gérald Darmanin à Beauvau, et sa collègue du Maine-et-Loire Stella Dupont - s’attaquent à l’épineuse question de « l’orientation directive » des demandeurs d’asile imposée par l’Europe. En clair : celle de leur juste répartition sur le territoire national. Un document publié quelques jours seulement après la démission du maire de Saint-Brevin-les-Pins (Loire-Atlantique), Yannick Morez, victime, le 22 mars dernier, d’incendies criminels à son domicile, parce qu’il soutenait le projet d’un Centre d’accueil pour demandeurs d’asile (Cada) voulu par l’État dans son village. L’événement de Saint-Brevin a influencé la rédaction de ces travaux parlementaires. Au point que les élus écrivent : « La poursuite de l’accroissem*nt de la capacité d’accueil du dispositif national d’accueil est souhaitable mais de plus en plus difficile à réaliser. » « Souhaitable », il s’entend, « pour répondre à la hausse renouvelée des demandes d’asile ». « Difficile », avouentils, parce que, « de 2020 à fin 2023, 8 500 places supplémentaires devaient être créées (…) dont 96 % en région » et que le programme se heurte à une hostilité croissante dans certains territoires. Alors qu’il faudrait augmenter la cadence pour accueillir le flux incessant des nouveaux migrants.

L’installation d’une structure d’accueil pour demandeurs d’asile dans des territoires peu habitués à recevoir ce public suscite régulièrement des interrogations et des inquiétudes qu’il ne faut en aucun cas mésestimer

Le rapport Lefèvre-Dupont

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La contestation s’amplifie, dans l’ouest de la France notamment

Selon les deux députés, « dans le Rhône, les tensions observées s’expliquent par la faible disponibilité du foncier ». Tandis que, dans d’autres départements, elles « tiennent à la rareté du bâti ». Ils affirment que, lors de son audition, l’association d’aide aux migrants Forum réfugiés a indiqué avoir « épuisé le gisem*nt des anciens Ehpad et des anciennes casernes de gendarmerie ». Enfin, indiquent-ils, « des tensions politiques croissantes sont observées, notamment dans l’ouest de la France ». À les lire, « l’installation d’une structure d’accueil pour demandeurs d’asile

dans des territoires peu habitués à recevoir ce public suscite régulièrement des interrogations et des inquiétudes qu’il ne faut en aucun cas mésestimer ». Et de citer le cas de ces « villages des Alpes-de-Haute-Provence ou du Var » qui respectivement, en 2016 à Champtercier et en 2018 à Châteaudouble, avaient « annulé leur fête nationale »

L’instrumentalisation politique et les débordements qui l’accompagnent transforment la question de l’accueil des demandeurs d’asile en un problème d’ordre public

Le rapport Lefèvre-Dupont

pour « protester contre l’arrivée de migrants ». Sans parler de la fronde, en octobre 2015, de la commune de Buzançais et de l’Association des maires de l’Indre. Entendus dans le cadre de cette mission d’information de la commission des finances de l’Assemblée, les préfets des Côtes-d’Armor et de Corrèze, ont « également évoqué les tensions observées » pour des projets à Callac (Côtes-d’Armor), Beyssenac (Corrèze) et Belâbre (Indre).

crises à désamorcer uDes pour préserver l’ordre public

Le rapport Lefèvre-Dupont n’hésite pas à le souligner : dans certains territoires, « l’instrumentalisation politique et les débordements qui l’accompagnent transforment la question de l’accueil des demandeurs d’asile en un problème d’ordre public ». L’affaire de SaintBrevin est survenue en plein travail parlementaire sur ces questions et a fait l’effet d’un électrochoc. Cette fois, les élus s’alarment, dénonçant un climat de « xénophobie ». Quand le maire de Saint-Brevin se dit « abandonné », les deux députés le soutiennent, soulignant « l’importance de l’engagement de l’État aux côtés des acteurs de l’orientation directive », pour désamorcer les crises, particulièrement dans les zones rurales.

« foire aux questions » uLa du préfet Desplanques

Mathieu Lefèvre et Stella Dupont louent, par exemple, la méthode du préfet de la Corrèze, Étienne Desplanques, qui, sur un projet d’implantation de Cada dans son propre département, a organisé « une réunion d’information à destination des habitants de Beysennac et des communes avoisinantes ». Les deux rapporteurs spéciaux saluent également l’initiative de ce grand commis de l’État qui a envoyé à tous les habitants des villages concernés « une lettre assortie d’une “foire aux questions” de six pages » pour leur expliquer les modalités et l’impact de l’opération. Une pédagogie salutaire, à leurs yeux, dont chaque préfet devrait s’inspirer. Ils « insistent pour que des élus qui souhaitent procéder à ce type

Face-à-face, le 25 février à Saint-Brevin-les-Pins (Loire-Atlantique), entre partisans et opposants au projet de centre d’accueil pour demandeurs d’asile (Cada) voulu par l’État. Vincent MICHEL/PHOTOPQR/OUEST FRANCE/MAXPPP

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jeudi 25 mai 2023

l'événement

on par région, source de tensions

168 699

gement des migrants, alertant sur les difficultés rencontrées dans certains territoires ruraux. Vers un rééquilibrage de l’accueil entre l’Île-de-France et les régions POURCENTAGE DES PRIMO-DEMANDEURS D’ASILE PAR RÉGION AU 1ER JANVIER 2023 Hautsde-France

pression migratoire uLa plus forte que jamais

Cela peut-il vraiment éteindre le feu qui couve dans le contexte de la crise migratoire actuelle ? En 2022, celle-ci s’est traduite en France par un record absolu de demandes d’asile : plus de 168 000 en intégrant les 137 000 premières demandes, les 19 000 réexamens et le cas des quelque 12 500 migrants sous procédure Dublin censés être gérés dans un pays européen voisin mais qui tentent leur chance au guichet français. Ils sont pour la plupart afghans, bangladais, turcs, géorgiens (ces ressortissants qui voyagent sans visa en Europe) ou issus de la République démocratique du Congo. Et la situation en 2023 laisse présager de nouveaux records. Alors que la loi immigration réclamée par le ministère de l’Intérieur pour encaisser ce choc migratoire se fait attendre, les députés Lefèvre et Dupont peuvent difficilement nier que les structures d’accueil sont saturées. « Mis en œuvre pour la première fois en janvier 2021, le premier cycle de l’orientation directive des demandeurs d’asile arrivera à échéance fin 2023 », préviennent-ils.

public difficile à canaliser uUn malgré les efforts déployés

Leur bilan provisoire est ainsi des plus instructifs. En comptant tous les types de centres ouverts (Cada, Huda, CAES, CPH), le dispositif national d’accueil (DNA) a vu passer son nombre de places disponibles de 82 000 à 120 000 en cinq ans. Mais cela ne suffit toujours pas. Ceux qui ne sont pas dans les structures sont logés à l’hôtel, système le plus coûteux. Le nombre de nuitées

Dans le dispositif national d’accueil, moins de huit places sur dix sont occupées par des personnes autorisées

Le rapport Lefèvre-Dupont

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payées a cependant baissé en Île-deFrance, au profit des placements en centre géré, ce qu’ils présentent comme une bonne nouvelle. Autre point relevé : toujours en Îlede-France, la baisse du nombre de campements sauvages et de « sansabri » parmi les candidats au statut de réfugié sous l’effet de « l’orientation directive ». « La part des demandeurs d’asile dans la population des campements est passée de 49 % en 2019 à 31 % en 2022 », souligne le rapport. Concrètement, « en deux ans, 48 230 demandeurs d’asile se sont vus proposer une orientation directive, 12 124 l’ont refusée, 36 106 l’ont acceptée et 30 402 ont rejoint leur lieu d’hébergement », précisent les deux députés rapporteurs. Ils ajoutent : « De manière certaine,

demandeurs d’asile pris en charge par la France en 2022.

Normandie Bretagne Pays-dela-Loire

Part au 1er janvier 2023 De 0 à 3%

Île-deFrance

Centre- Val de Loire

NouvelleAquitaine

De 4 à 9%

Grand Est

RÉPARTITION DES DEMANDEURS D’ASILE PAR RÉGION (EN %) ET OBJECTIFS CIBLES DE RÉÉQUILIBRAGE 9 Auvergne-Rhône-Alpes 11 3 2020 2023 Cible Bourgogne-Franche-Comté 2 4 Bretagne 2 Grand Est

BourgogneFranche-Comté

AuvergneRhône-Alpes

De 20 à 34%

Occitanie

Provence-AlpesCôte d’Azur

Données non disponibles pour la Corse

9

5

Hauts-de-France

11 34

Île-de-France

3 4

Normandie Nouvelle-Aquitaine

5 4

Occitanie

De 10 à 19%

Pays-de-la-Loire Provence-AlpesCôte d’Azur

46

5 7 6 6

10

20

30

40

50

Une présence indue en hausse

Un nombre de places insuffisant

ÉVOLUTION DU TAUX DE PRÉSENCE INDUE DANS LE DISPOSITIF NATIONAL D’ACCUEIL

NOMBRE DE PLACES DU DISPOSITIF NATIONAL D’ACCUEIL FINANCÉES

2019

2022

200 000

8,4 34,6

150 000

Val-de-Marne 20,2 37

100 000

Essonne

Seine- 16,7 Saint-Denis 20,6

+ 292 %

3

Centre-Val de Loire

Nombre total de demandes formulées * 168 699 119 732 * Total des premières demandes auprès

Nombre de places du dispositif 50 000

2019

2020

Source : rapport parlementaire sur l’orientation directive des demandeurs d’asile

du guichet unique de demande d’asile, des réexamens de nouvelles demandes et des requalifications.

2021

de passages de migrants par la Méditerranée centrale (42 165 entrées dans l’UE) entre janvier et avril 2023 par rapport à la même période un an plus tôt, selon l’agence européenne de contrôle aux frontières (Frontex).

8 500 places d’accueil

supplémentaires pour les demandeurs d’asile devaient être créées en France entre 2020 et 2023, dont 96 % en région.

2022

Infographie

l’orientation directive des demandeurs d’asile a contribué à améliorer sensiblement la situation en Île-de-France. » Là, se concentrait en 2020 « 46 % de la demande pour 19 % des capacités d’hébergement ». L’objectif est de diviser par deux la charge supportée par Paris et sa région. Pour l’heure, la part supportée par l’Île-de-France est passée à 34 % au 1er janvier dernier et « les territoires sollicités ont su accueillir dans des conditions satisfaisantes les demandeurs d’asile ainsi orientés », assurent nos deux députés. Selon eux, « plus de 60 % des demandeurs d’asile adhèrent au dispositif ». Ce qui fait quand même 40 % de réfractaires.

de présences indues uTrop dans le dispositif d’accueil

En région parisienne, en tête des nationalités qui rejettent le plus souvent les solutions d’orientation qui leur sont proposées : les Turcs, les Pakistanais, les Bangladais et les Sri-Lankais. Alors que les Afghans, les Congolais et les Guinéens ainsi que les Géorgiens jouent plutôt le jeu. Mathieu Lefèvre suggère que « ces demandeurs d’asile sont accueillis par leur communauté, voire des réseaux, en Île-de-France ». Il ne faut pas se voiler la face : les éléments satisfaisants n’occultent pas « certains points de fragilité et de tension relatifs au nombre élevé de demandes d’asile enregistrées, aux difficultés de création de nouvelles places dans le dispositif national d’accueil, aux actes de violence perpétrés à l’encontre de certains élus locaux, ou à l’accroissem*nt important du taux de présence indue dans le dispositif national d’accueil », concèdent les deux députés. Les autorités aspirent, dans un premier temps, à faire descendre à 7 % la part des places occupées de manière indue dans le parc du dispositif national d’accueil. Mais la réalité du dossier invite à l’humilité : « À ce jour, cet objectif n’est pas respecté, constatent les députés. En décembre 2022, la proportion des places occupées par des personnes en présence indue s’élevait à 21,3 % (12,5 % de bénéficiaires de la protection internationale et 8,3 % de déboutés). » Et les deux élus de conclure : « Dans le dispositif national d’accueil, moins de huit places sur dix sont occupées par des personnes autorisées. » Bref, deux sur dix n’ont, en principe, aucune raison de se maintenir. Ce qui congestionne un dispositif pourtant promis aux nouveaux arrivants. Rappelons que, pour les quatre premiers mois de l’année, par rapport à la même période de 2022, l’agence européenne de contrôle aux frontières Frontex alerte sur une hausse de 292 % des passages de migrants par la Méditerranée centrale (42 165 entrées). Avant même la période de l’été. Une explosion que la baisse de 21 % des passages par la route des Balkans (22 546 entrées) est loin de compenser. À ce train-là, les efforts réalisés pour désengorger l’asile risquent de ne pas suffire. ■

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d’implantation soient accompagnés dans cette démarche et rappellent qu’en aucun cas il ne s’agit d’une démarche arbitraire de la part de l’État ».

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jeudi 25 mai 2023 le figaro

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International

À quoi joue Prigojine, l’imprécateur de la Russie poutinienne ?

Les virulentes et incessantes sorties du patron des mercenaires Wagner, qui vient de revendiquer la prise de Bakhmout, suscitent toujours plus de questions sur ses motivations et ses ambitions politiques. Alain Barluet £@abarluet Correspondant à Moscou

Russie Samedi dernier, 20 mai, Evgueni Prigojine a engrangé une double victoire. Dans une vidéo apparemment tournée in situ, le patron des mercenaires du groupe Wagner, entouré de ses miliciens, annonce la prise de Bakhmout. Une victoire symbolique, plus que stratégique, après presque huit mois - deux cent vingt-quatre jours de sanglants combats pour mettre la main sur cette ville devenue emblématique de la guerre lancée par Vladimir Poutine en février 2022. Cette ville du Donbass, qui comptait naguère 70 000 habitants, n’offre plus qu’un spectacle d’apocalypse, un champ de ruines sans âme qui vive. Pris dans le hachoir de Bakhmout, les Wagner n’auront pu progresser que de soixante-quinze mètres par jour en moyenne. Ils ont laissé au total 20 000 hommes sur le terrain, au dire de Prigojine luimême ; la moitié de ces combattants ayant été recrutés dans les prisons. C’est donc une victoire à la Pyrrhus, aussitôt contestée d’ailleurs par Kiev qui affirme toujours contrôler certains points de la ville et progresser sur ses flancs - dans le contexte, beaucoup plus large, de la contre-offensive annoncée par les Ukrainiens. Sa deuxième victoire, Evgueni Prigojine l’a obtenue ce même 21 mai, en recevant, les congratulations de Vladimir Poutine. Pour l’ex-repris de justice de 62 ans, mar-

chand de hot dogs devenu restaurateur de l’administration présidentielle, patron d’un empire interlope - dont les fameuses « usines à trolls » -, sous sanctions internationales, et chef de guerre, ces félicitations sonnent comme une légitimation. Le chef du Kremlin reconnaît le rôle des « unités d’assaut de Wagner (…) dans l’achèvement de l’opération (ayant permis) de libérer Artiomovsk (le nom soviétique de Bakhmout, NDLR) », selon l’agence Tass. Dans ce même message, le président russe promet des médailles aux vainqueurs de Bakhmout. Un comble, alors qu’il y a à peine plus d’un an, le Kremlin répétait que « ce groupe Wagner n’existe pas » et que « les sociétés militaires privées sont interdites en Russie ». Jusqu’en août dernier, Prigojine lui-même niait tout lien avec le groupe de mercenaires et avait même attaqué en justice la journaliste Catherine Belton pour avoir affirmé qu’il en était le chef. En réalité, comme il l’admettra par la suite, Evgueni Prigojine était bien impliqué au premier chef dans les activités de Wagner, notamment à partir de 2015 en Syrie, un pays où lui-même passera beaucoup de temps. Mais il s’en tient alors à la discrétion par intérêt, les siens et ceux du Kremlin. Son rôle véritable est pourtant un secret de polichinelle, en tant que parrain d’une cohorte de l’ombre dont la mission est d’intervenir – de l’Amérique latine à l’Afrique, en passant par le Proche-Orient - partout où l’armée russe ne veut pas le faire en son nom propre.

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Dans cette vidéo diffusée le 20 mai 2023, le chef de la milice Wagner, Evgueni Prigojine, annonce la prise totale de Bakhmout après huit L’invasion de l’Ukraine bouleverse la donne. La guerre devient pour Evgueni Prigojine une affaire personnelle et revendiquée comme telle. « Les Wagner n’ont été appelés que le 16 mars 2022, lorsqu’on a constaté que la guerre ne se déroulait pas comme prévu », explique l’expert israélien David Gendelman. « Le fait même que l’on ait pu avoir besoin de Prigojine a été perçu comme un déshonneur pour l’armée russe », affirme-t-il aussi. Les différends entre l’homme d’affaires, patron du groupe Concord Catering, et l’administration militaire, prétendument pour des contrats non honorés, sont anciens. « Prigojine veut manifestement être le principal visage russe de cette guerre », estime le journaliste Andreï Pertsev, mercredi, sur le site d’investigation Meduza. « Le fait de n’avoir aucune fonction

Le fait de n’avoir aucune fonction officielle offre à Prigojine un couloir d’opportunités très large, contrairement aux fonctionnaires et aux hommes politiques, pour s’en prendre à la hiérarchie militaire

Andreï Pertsev, journaliste

officielle lui offre un couloir d’opportunités très large, contrairement aux fonctionnaires et aux hommes politiques, pour s’en prendre à la hiérarchie militaire », complète-t-il. Pas un jour ou presque sans qu’il ne s’exprime sur sa chaîne Telegram ou sur YouTube, éructant ses exigences – en premier lieu, la fourniture de munitions pour ses hommes - et mettant en scène face caméra sa rivalité avec ceux qu’il appelle « les généraux qui traînent leurs pantoufles sur le parquet sans aller en première ligne ». Haro sur les « élites ». Un maître en communication, fort en gueule, « cash » dans son expression, madré, d’un cynisme parfait. « On m’a appelé “le cuisinier” et c’est vrai que j’ai été restaurateur et que j’ai eu beaucoup de succès, confie-t-il dans sa dernière interview sur YouTube. Mais je ne sais pas cuisiner moi-même et on aurait dû plutôt penser à me surnommer le “boucher de Poutine” »… Sa bête noire, la hiérarchie du ministère de la Défense, incarnée par Sergueï Choïgou et le chef d’état-major des armées Valéri Guérassimov. Un summum a été atteint le 5 mai lorsque, le visage déformé par la colère, il apparaît au milieu des cadavres de dizaines d’hommes étendus dans la pénombre. « Choïgou, Guérassimov, où sont les munitions ? », hurle-t-il dans cette vidéo-choc. « Ce sont les gars de Wagner qui sont morts

aujourd’hui (…). Si vous aviez donné des munitions, il y en aurait eu cinq fois moins », ajoute-t-il. Une virulence détonnante dans un pays où l’expression publique est désormais verrouillée. À Moscou, il y a quelques jours, un homme de 51 ans avait affiché sur sa voiture ces mêmes invectives - « Choïgou, Guérassimov… ». Il a été interpellé et condamné à une amende de trente mille roubles (environ 380 euros). D’où vient alors la liberté de ton que s’autorise cet astre noir planant sur le désert politique russe ? Quelles sont ses motivations, ses ambitions et ses affiliations principalement avec Vladimir Poutine, qu’il n’affirme avoir connu que lorsqu’il est devenu président ? Dans une interview publiée aujourd’hui, Prigojine aiguise davantage ses philippiques, critiquant vertement la facilité avec laquelle des groupes armés ont pu s’introduire lundi dans la région frontalière de Belgorod. « Où est la garantie qu’ils ne viendront pas à Moscou demain ? », lance-t-il, en tançant une « défense absolument pas préparée à contrer la menace de quelque manière que ce soit ». Plus iconoclaste encore, il met en cause dans cette même interview le déroulement de l’« opération militaire spéciale » qui, selon lui, a eu pour résultat de renforcer l’armée de Kiev. « Nous voulions démilitariser l’Ukraine et c’est le contraire qui s’est produit : nous l’avons militarisée de toutes les manières possibles. » Il ajoute : « Nous nous sommes promenés dans toute la région avec nos bottes, de manière grossière, à la recherche de nazis (…) puis nous nous sommes retirés. » Avant de conclure par une référence qu’il affectionne : « Staline en aurait tiré des conclusions et aurait fusillé deux cents personnes »… Pour la plupart des observateurs, Prigojine reste étroitement dépendant de Vladimir Poutine, celui qui l’a fait monter en graine et à qui il ne saurait s’en prendre directement. Le 9 mai, jour des cérémonies de la Victoire, le chef des Wagner avait évoqué un « grand-père heureux » qui « pense qu’il s’en sort bien » malgré la situation sur le front ce grand-père (dedouchka) n’étant autre que Poutine, dans la compréhension des Russes. Et il ajoutait : « Comment gagnerons-nous la guerre s’il s’avère soudain que ce grand-père est un connard complet ? » Mais le lendemain, interrogé sur ce point, Prigojine noie le poisson, excluant qu’il puisse avoir parlé de Poutine. On croit alors comprendre que ses propos auraient plutôt visé Guérassimov. La politologue Tatiana Stanovaya rappelait récemment cette vérité simple : Prigojine est avant toute chose un entrepreneur, guidé par ses affaires et les bénéfices qu’il peut en retirer. C’est le fil rouge de ses activités en République centrafricaine, comme en Syrie où un contrat lui octroie un quart des revenus

pétroliers des sites qu’il sécurise. « Il offre aux autorités ses ressources et exige des services en retour », explique le journaliste Andreï Pertsev. Des relations dans lesquelles l’aval du président russe, ou de ses très proches, joue un rôle essentiel. À la mi-septembre, après les revers sur le front face aux Ukrainiens, Prigojine est autorisé à recruter des combattants dans les prisons. Il y voit immédiatement son intérêt et sort du bois. Ce privilège lui a été retiré au printemps, conséquence de sa longue guérilla avec l’administration de la Défense, souhaitant elle aussi puiser des soldats dans le vivier pénitentiaire. Sergueï Choïgou a emporté la première manche, conduisant Vladimir Poutine à arbitrer en faveur de l’institution. Peu auparavant, le 11 janvier, le général Sergueï Sourovikine, un proche de Prigojine, avait été remplacé au poste de commandant de l’« opération militaire spéciale » par le général Valéri Guérassimov. « La prise de Bakhmout pouvait être un moyen pour Prigojine de regagner les faveurs du président et c’est peut-être déjà le cas », relève Andreï Pertsev. Pour quelles ambitions ? « Contrairement à ce que l’on entend souvent, je ne pense pas que Prigojine a des ambitions politiques, au sens électoral, explique Arnaud Dubien, directeur de l’Observatoire franco-russe à Moscou. Sa posture reflète plutôt les réalités sur le terrain, les rivalités et la jalousie de la hiérarchie militaire. Car Wagner

Prigojine et Choïgou font un jeu à somme nulle dans lequel il ne peut y avoir deux gagnants

Vladimir Pastoukhov, analyste politique

a longtemps bénéficié d’une situation privilégiée, en termes d’accès aux munitions, de recrutement dans les prisons. Wagner payait davantage ses recrues même si n’est plus le cas », ajoute l’expert. « Le poids de Prigojine est indexé sur ses succès militaires mais si ces succès cessent, il entre dans une zone incertaine », estime aussi Arnaud Dubien. De même, d’après le journaliste Andreï Pertsev, l’« influence de Prigojine sur Poutine et sur le système politique russe ne doit pas être exagérée ». « C’est le type d’hommes politiques dont la “verticale du pouvoir” se débarrasse depuis trente ans, en les limogeant ou en les emprisonnant », tranche même Pertsev. Certains internautes russes lui prédisent même un destin encore plus funeste. « Du thé, ou la fenêtre ? », lui propose un Poutine grimaçant, sur une caricature qui fait florès sur internet… Néanmoins, pour Andreï Pertsev, Prigojine devrait continuer à faire de la politique publique, en usant de son influence. L’expert cite d’ailleurs un sondage Interfax-Russian Field réalisé en janvier dernier sur les dix person-

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Dans le sillage de la société Wagner, de nouvelles milices liées à l’armée tracent leur sillon guerrier en Ukraine Julian Colling à moscou

AFP PHOTO/Telegram channel of Concord group/HANDOUT

nalités les plus médiatiques de Russie : Sergueï Choïgou a quitté le « top 10 » ; Evgueni Prigojine arrive en deuxième position avec 2 % des suffrages, certes loin derrière Vladimir Poutine (30 %) et devant l’opposant emprisonné Alexeï Navalny (1,8 %). « Sa trajectoire à moyen terme dépend de sa structure institutionnelle qui reste fragile », explique encore Arnaud Dubien. « C’est typique de la gestion par l’incertitude des élites russes », ajoute directeur de l’Observatoire franco-russe. Selon lui, Prigojine n’a pas d’accès direct au président russe. Il peut certes passer par des intermédiaires mais il ne peut pas le voir quand il le souhaite, à la différence de certains oligarques ou de Sergueï Choïgou. Reste à savoir de quoi Prigojine est-il le nom dans le jeu du pouvoir. La mise en place de rivalités, pour neutraliser les ambitions de personnalités concurrentes, est une pratique de longue date du système au Kremlin pour pérenniser le rôle d’arbitre du président entre les différents clans. « Prigojine et Choïgou font un jeu à somme nulle dans lequel il ne peut y avoir deux gagnants », note l’analyste politique Vladimir Pastoukhov, sur Telegram. « Ces intrigues, toutefois, étaient habituellement tenues hors de la vue

du public. La confrontation au vitriol entre Prigojine et Choïgou a cassé le moule », écrit en substance le Wall Street Journal, dans son édition de mercredi. « En observant ce conflit, les élites russes pourraient en tirer les conclusions que Poutine n’est pas capable de réguler les relations, qu’il est devenu faible et la verticale du pouvoir en train de se défaire », commente à ce propos, toujours dans le WSJ, le politologue Abbas Galliamov, ancien rédacteur de discours au Kremlin. « En temps de guerre, préserver un front uni est à la base de la tâche de l’État. Et Poutine n’est pas en mesure de le faire », affirme Galliamov. Le 18 mai, à l’avant-veille de ses annonces sur Bakhmout, Prigojine jurait ses grands dieux de « ne pas avoir pour objectif d’occuper une place dans la structure de l’État bureaucratique mais d’empêcher la Russie de tomber dans l’abîme vers lequel, malheureusem*nt, nous glissons… » Lundi, le groupe Wagner a assuré que ses forces se retireraient de Bakhmout du 25 mai au 1er juin et remettrait le contrôle de la ville à l’armée régulière. « Il faut former un régiment de généraux, leur donner à tous des fusils, et tout ira bien », a immédiatement raillé l’incorrigible, inquiétant et hypothétique M. Prigojine, dans une nouvelle pique envoyée au haut commandement militaire russe. ■

Le Kremlin a rapidement voulu faire participer les grands groupes comme Gazprom et leurs patrons à l’effort de guerre

Andreï Soldatov, expert des agences de sécurité russes

Patriot n’a, d’abord, rien d’une entité nouvelle. La première mention publique de ce groupe remonte à 2018, dans un appel d’anciens vétérans à… légaliser les sociétés militaires privées (officiellement, le mercenariat est interdit en Russie). Et Patriot n’aurait surtout rien d’une vraie bande de mercenaires. « Ces combattants sont certes mieux payés que les soldats réguliers et recrutés sur le volet, mais ils sont totalement rattachés à l’armée et menés par d’anciens officiers », résume une source très bien informée au sein des corps de sécurité russes. Un profil qui correspond à la majorité des SMP russes actives dans le marigot ukrainien. Ces milices ne seraient en réalité que des détachements spéciaux, des ex-

Un soldat de la milice Wagner à Bakhmout, en avril 2023. La Russie ne compterait pas moins de vingt groupes paramilitaires actifs. Valentin Sprinchak/Tass/ABACA tensions de la Défense russe. « Le Kremlin a rapidement voulu faire participer les grands groupes comme Gazprom et leurs patrons à l’effort de guerre », nous indique l’expert des agences de sécurité russes Andreï Soldatov. « Le but était aussi de dépenser dans la guerre de l’argent “privé”, et non pas issu du budget fédéral, pour masquer les dépenses colossales. Et puis cette implication forcée permet de garder tout le monde en rang. » Ainsi, ces groupes trouvent souvent leur genèse dans les entreprises de sécurité privée classiques fondées par les grands conglomérats pour protéger leurs sites et usines sensibles. Certaines auraient aussi, comme Wagner, fait leurs gammes depuis 2014 en Syrie, dans le Donbass ou en Afrique, pour des missions de protection de sites commerciaux notamment. « Lukoil, Rosneft (pétrole) ou encore Rostec (armement) avaient, comme Gazprom, toutes plusieurs sociétés de sécurité privées », révèle notre source. Redut, seule SMP à s’approcher de Wagner en taille et en expérience, aurait, elle, été fondée en 2008 par d’anciens membres des forces spéciales (Spetsnaz) et du renseignement militaire. Mais elle répondrait désormais entièrement au ministère de la Défense - tout en dirigeant, selon plusieurs sources, la plus jeune Potok. Redut serait surtout financée par deux oligarques, Oleg Deripaska et Guennadi Timtchenko, un proche de Vladimir Poutine. Elle aurait été liée à Gazprombank et à la protection de divers sites en Sibérie. Autre aspect crucial pour le Kremlin et la popularité du chef Poutine : le recrutement de volontaires (ou de pri-

Isabelle Lasserre £@ilasserre

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PENDANT que le bras armé de l’opposition russe réussit, depuis l’Ukraine, une spectaculaire opération commando à Belgorod, sur le territoire de la fédération, sa jambe politique, la dissidence en exil, prépare, elle aussi, la Russie de l’après-Vladimir Poutine, qu’elle rêve libre et démocratique. Après s’être rencontrés à Berlin le mois dernier, les opposants ont organisé mercredi la première réunion du Club démocratique russe en France, à Paris, où ils veulent faire entendre l’autre voix de la Russie. Les exilés russes ont désormais un programme, qui reflète celui du gouvernement ukrainien. D’abord, le retrait des troupes russes pour mettre fin à la « guerre criminelle » de Poutine en Ukraine et la restauration des frontières du droit international. À cet égard, « la situation est très claire, elle est en noir et blanc, il s’agit des frontières de 1991 »,

celles qui incluent la Crimée, affirme Mikhaïl Khodorkovski, l’ancien PDG de Ioukos, qui a passé dix ans dans les geôles de Poutine. Les criminels de guerre devront être jugés et, comme le réclame Volodymyr Zelensky, la Russie devra fournir des compensations financières aux Ukrainiens. Ensuite, le renversem*nt du régime de Vladimir Poutine, à la fois « illégitime » et « criminel ». Le programme des démocrates russes stipule également que « la politique impériale » du régime « à l’intérieur comme à l’extérieur du pays est inacceptable ». Enfin, ils affirment que les prisonniers politiques et les prisonniers de guerre doivent être libérés.

« Une alternative politique » Tous en sont persuadés : la Russie ne peut pas gagner la guerre. « Les événements de Belgorod sont venus confirmer que ce pouvoir est très fragile derrière sa carapace », explique Marc Feigin, avocat et ancien député de la Douma. Mais

Bernd von Jutrczenka/dpa via Reuters Connect

Ces opposants qui malgré leurs divisions rêvent d’un pays démocratique

« Quand le changement de régime sera possible, il faudra être prêt à saisir sa chance rapidement. Car l’opportunité ne dure jamais longtemps », estime Mikhaïl Khodorkovski, l’ancien PDG de Ioukos, qui a passé dix ans dans les geôles de Poutine. la récupération de l’intégrité territoriale de l’Ukraine ne suffira pas à stabiliser la région. « Tant que Vladimir Poutine sera au pouvoir, il poursuivra sa guerre. Il faut absolument une alternative politique » prévient l’économiste Sergueï Guriev, qui enseigne aujourd’hui à Sciences Po.

C’est là que les difficultés commencent. « Quand le point de basculement arrivera, c’est-à-dire quand le changement de régime sera possible, il faudra être prêt à saisir sa chance rapidement. Car l’opportunité ne dure jamais longtemps. Et si on la rate, la Russie repartira dans l’autre sens et reprendra son chemin (dictatorial,

sonniers) par ces entreprises permet, pour le moment, d’éviter une redoutée seconde vague de mobilisation. Dans ce but, les gouverneurs de régions russes ont également été mis à contribution. « On les a sommés de créer leurs propres “bataillons” régionaux de volontaires - et de ponctionner de l’argent aux entreprises locales pour l’effort de guerre », ajoute notre source. Les « républiques ethniques » russes, Bachkortostan, Tatarstan, Bouriatie par exemple, ont chacune formé leurs propres unités spéciales. En tout, dit notre interlocuteur, la Russie ne compte pas moins de vingt groupes paramilitaires actifs « mais, pour moi, les deux seuls vrais groupes de mercenaires, à l’indépendance plus grande, ce sont Wagner et le bataillon Akhmat ». À savoir la garde prétorienne du satrape tchétchène Ramzan Kadyrov, les fameux Kadyrovtsy. Officiellement, pourtant, les textes russes interdisent le mercenariat. Mais comme le remarque dans son podcast le spécialiste Mark Galeotti, « la Constitution et le code criminel ne sont pas si clairs, ils interdisent le mercenariat de Russes à l’étranger, pas sur le territoire national ». Est-ce là l’une des raisons de l’annexion en septembre des territoires occupés du Donbass et du Sud ukrainien, à savoir « légaliser » l’activité de ces groupes paramilitaires ? En tout cas, le groupe Wagner s’est récemment vu légitimer par Vladimir Poutine lui-même. Suite à la « capture » de Bakhmout, le boss saluait officiellement les efforts des « unités d’assaut » de Wagner. Les incluant, de facto, dans le contingent des forces armées russes. ■ NDLR) », prévient Mikhaïl Khodorkovski. Les opposants russes, mais aussi les Occidentaux, doivent dès aujourd’hui se préparer à cette éventualité. La réussite implique aussi la création d’une élite favorable au changement en Russie. « Pour déloger le régime, il faudra conquérir les 60 % de Russes dont le choix est hésitant, contrairement aux 20 % qui soutiennent entièrement le président et aux 20 % totalement acquis à l’opposition », explique Dmitri Nazarov, acteur et émigré politique. Mais il faudra aussi, pour que la transition soit pacifique, encourager une division au sein des siloviki, les représentants des ministères de force. Pour l’instant, les Occidentaux résistent, hormis les pays d’Europe orientale, à réfléchir à un changement de régime dont ils craignent les conséquences chaotiques pour la Russie et la région. « Certains pensent qu’il faut calmer l’agresseur en attendant qu’il se calme… », regrette l’ancien député de la Douma Dmitri Goudkov. Quant aux opposants eux-mêmes, ils sont loin d’avoir réduit leurs divergences. Comme le résume l’historien Antoine Arjakovsky : « En 1926, tous les partis politiques de l’opposition se sont réunis à l’hôtel Lutetia. Mais leur initiative n’a donné aucun résultat car les fractures entre eux étaient trop importantes. Comment faire pour que l’histoire ne se reproduise pas ? ». C’est toute la question… ■

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mois de combats sanglants.

DÉCEMBRE 2022. L’armée russe tente une nouvelle percée autour du verrou de Vouhledar, après plusieurs tentatives infructueuses. La nouvelle offensive sera elle aussi vaine, mais le commandement des forces ukrainiennes remarque l’entrée dans le conflit autour de Vouhledar de la société militaire privée (SMP) russe Patriot, qui n’a jusque-là pas fait parler d’elle en Ukraine. On présente rapidement Patriot comme affiliée au ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, et « en concurrence » avec Wagner. Raccourci pratique : Choïgou et Evgueni Prigojine, le représentant de Wagner, se détestent et sont en conflit larvé depuis des années. Patriot n’est pas la seule nouveauté. Au cours de l’année 2022, la presse se fait l’écho de la rapide multiplication en Ukraine des milices privées russes. L’une des plus mentionnées est Potok (le « flot »), créée par Gazprom. On dit le géant gazier russe également lié aux SMP Fakel (« torche »), Plamia (« flamme ») et Redut (« redoute »). Fin 2022, le gouverneur de Crimée annexée, Sergueï Axionov, lance lui aussi sa milice, dénommée « Convoi » et qui serait dirigée par un ancien bras droit de Prigojine en Afrique. Tout ceci fera même évoquer une « wagnerisation » en cours de l’armée russe, par le politologue pro-Kremlin Sergueï Markov. Mais ces sociétés sont-elles si « privées » que cela ? Comme souvent en Russie, les choses sont en réalité plus sinueuses qu’elles n’en ont l’air.

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Le groupe armé a mené une incursion spectaculaire dans la région russe de Belgorod.

heures pour réussir à mobiliser une seconde vague de combattants et organiser leur contre-attaque », ­ s’amuse « Caesar », qui juge la réaction russe « stupide, lente et inappropriée ». À l’entendre, la première phase de l’incursion est terminée mais une partie des infiltrés se trouveraient encore sur le territoire russe. « Cette opération, ce n’est que le début », assure « Caesar », qui s’est fixé pour but de renverser non seulement le maître du Kremlin mais aussi tout le système autour de lui. « Je suis un citoyen russe, dit-il et je veux juste rentrer chez moi pour y vivre en paix. »

Cyrille Louis £@cyrille_louis

Envoyé spécial dans la région de Kharkiv

Qu’il s’agisse de nos armes ou de nos véhicules, tout ce que nous possédons a été pris à l’ennemi sur le champ de bataille

Denis Kapustin, chef de la milice RDK

Dans le brouillard de cette guerre hybride, le bilan de l’opération est difficile à établir. Moscou affirme avoir tué plus de 70 « nationalistes ukrainiens » et détruit quatre véhicules blindés ainsi que cinq pickup. « Ceux qui restaient ont été repoussés vers le territoire ukrainien, où nous avons continué à les cibler jusqu’à leur élimination complète », a déclaré le ministère russe de la Défense. Les assaillants affirment pour leur part n’avoir eu à déplorer que quelques blessés. « Nous avons éliminé une soixantaine de combattants et détruit dix véhicules ennemis », affirme « Caesar », le numé-

Je suis un citoyen russe et je veux juste rentrer chez moi pour y vivre en paix

« Caesar », le numéro deux de la légion Liberté de la Russie

Des membres du RDK et de la légion Liberté de la Russie posent dans un lieu inconnu près de la frontière russoukrainienne devant un blindé russe capturé.

Albert Lores

Guerre D’abord faire, puis faire savoir. Après leur spectaculaire incursion dans la région russe de Belgorod, la légion Svoboda Rossii (« Liberté de la Russie ») et le Corps des volontaires russes (RDK) ont fièrement posé devant la presse, mercredi, autour d’un véhicule blindé de modèle BTR soustrait à l’ennemi. Ces deux groupes armés, constitués il y a un an avec l’objectif affiché de libérer l’Ukraine puis de mettre à bas le régime de Vladimir Poutine, disent avoir agi de leur propre initiative. Durant leur conférence de presse, organisée sur une base militaire proche de la frontière avec la Russie, Denis Kapustine, le chef ultranationaliste et suprémaciste blanc de la milice RDK, a éludé les questions insistantes sur ses liens avec le renseignement militaire ukrainien. « Ce qui est sûr, sourit-il, c’est que nous avons reçu beaucoup d’encouragements. »

Le retour très médiatique de Liberté de la Russie ro deux de la légion Liberté de la Russie, qui précise avoir « démilitarisé toute une compagnie de fusiliers motorisés russes ». « À mes yeux, notre principale victoire est d’avoir infligé au régime de Poutine un bombardement informationnel inédit », poursuit cet officier à la silhouette longiligne et au visage hagard, avant d’asséner : « Pendant une demi-journée, les médias du pouvoir sont restés complètement sidérés, incapables de réagir car ils n’avaient pas reçu d’instruction. » Ce n’est pas la première fois que des incursions menées par des unités venues d’Ukraine visent les régions de Belgorod et de Briansk. En décembre 2022, quatre soldats du bataillon ukrainien Bratstvo avaient trouvé la mort lors d’une telle infiltration. Les 2 mars et 6 avril dernier, le groupe RDK a également pris pied durant quelques heures sur le territoire russe.

La seconde fois, Denis Kapustine précise s’être inspiré du survol de Vienne imaginé par le poète italien Gabriele d’Annunzio, le 9 août 1918, en distribuant à la population des tracts sur lesquels il avait fait écrire : « Habitants de Briansk, nous aurions pu vous envoyer des bombes ». Pourtant, l’opération lancée ce lundi était d’une tout autre ampleur, tant par sa durée que par le nombre de combattants impliqués et la superficie du territoire occupé. Liberté de la Russie et RDK affirment s’être emparés de trois villages, soit une superficie d’environ 40 km², avant de battre en retraite. « Ce n’est qu’un début, promet Caesar. Nous serons bientôt de retour. » Les chefs des deux groupes, à l’évidence ravis des retombées médiatiques de leur raid, ont balayé les interrogations sur l’origine des véhicules à bord desquels ils ont pénétré en Russie. Plusieurs vidéos

indiquent qu’ils étaient équipés de Humvee ainsi que d’au moins trois transports de troupes antimines. De nombreux pays possèdent des engins de ce type. Mais seuls les États-Unis ont à ce stade fait savoir qu’ils en avaient transféré à l’armée ukrainienne. « Nous avons acheté ces véhicules sur le marché international et ne comptons pas nous arrêter là », déclare « Caesar », qui promet en souriant d’acquérir bientôt « des F-16 et des ­Rafale ». Denis Kapustine, alias « Rex », évacue le sujet en bran­dissant une kalachnikov. « Qu’il s’agisse de nos armes ou de nos véhicules, dit-il, tout ce que nous possédons a été pris à l’ennemi sur le champ de bataille. » Selon la légion Liberté de la Russie, le poste-frontière pris d’assaut lundi matin n’était défendu que par quelques dizaines de soldats russes qui n’ont guère opposé de résistance. « Il leur a ensuite fallu plusieurs

À Taïwan, les candidats à la présidentielle jouent l’apaisem*nt face à la Chine L’opposition a choisi Hou Yu-ih, un « modéré », comme candidat pour l’élection de 2024. Alice Herait

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Asie « Je m’oppose au modèle d ­ ’un pays deux systèmes ainsi qu’à l’indépendance de Taïwan. » Lors d’une session municipale le 8 mai 2023, Hou Yu-ih, l’actuel maire de la plus grande ville de l’île, Nouveau Taipei, s’est appliqué à rassurer son potentiel électorat. Le 17 mai, il est investi par son parti, le Kuomintang (KMT) pour s’opposer à William Lai, actuel viceprésident et candidat du Parti démocrate progressiste au pouvoir, dont les positions pro-indépendance suscitent les critiques de ses opposants. Alors que le président chinois, Xi Jinping, multiplie les menaces envers l’île de 24 millions d’habitants, dont il entend prendre le contrôle, la course électorale taïwanaise tend à définir quel candidat sera le plus à même de maintenir la paix dans le détroit et de protéger la population d’une invasion de la Chine. « Un pays deux systèmes » fait référence au modèle proposé par la Chine pour « réunifier », selon ses dires, Taïwan à « la mère patrie ». Une proposition qui déplaît à une majorité de la population taïwanaise, notamment

SAM YEH/AFP

Taipei

Je m’oppose au modèle ­d’un pays deux systèmes ainsi qu’à l’indépendance de Taïwan

»

Hou Yu-ih, l’actuel maire de Nouveau Taipei

depuis la reprise en main de Hong­kong par Pékin en 2020. Jadis une force politique ma­ jeure, le KMT, principal parti d’opposition à Taïwan a perdu les deux dernières élections présidentielles en grande partie car il favorisait des liens plus forts avec la Chine. Désormais il doit faire face à des électeurs inquiets des récentes agressions de la Chine envers Taïwan. Le milliardaire Terry Gou, qui jusqu’au 17 mai s’opposait à Hou Yu-ih dans la course à la présidentielle au sein du parti KMT, prenait des positions beaucoup plus conciliantes avec Pékin.

«Consensus de 1992 » Le fondateur de Foxconn, âgé de 72 ans et riche de nombreuses usines sur le continent chinois s’est déplacé sur le petit archipel taïwanais de Kinmen, située à 3 km des côtes chinoises le 13 mai dernier. Dans un discours sur ces îles très dépendantes économiquement et culturellement de la Chine voisine, il soulignait son attachement au principe d’une seule Chine avec plusieurs interprétations, une référence à un accord non officiel, passé entre le KMT et le Parti communiste chinois au moment de la démocratisation de Taïwan et connu sous le nom de « Consensus

de 1992 ». Il a notamment déclaré que les exercices militaires chinois menés autour de Taïwan en avril, en parallèle de la rencontre entre Tsai Ing-wen et le président de la Chambre des représentants amé­ricaine, Kevin McCarthy, ne visaient pas la population taïwanaise mais les propos du gouvernement du Parti démocrate progressiste. Si la rhétorique, qui justifie les manœuvres chinoises, pouvait avoir une résonance parmi la population de Kinmen, jouer la carte de la Chine ne convient pas à la majorité de l’opinion publique taïwanaise, qui a rejeté les manœuvres chinoises. À l’inverse Hou Yu-ih ne s’est pas prononcé sur le Consensus de 1992 et a souligné son attachement au territoire de la République de Chine (nom officiel du gouvernement sur l’île de Taïwan et les archipels de Kinmen et Matsu) et à l’île de Taïwan, ce qui lui vaut certainement l’étiquette de « modéré » au sein du KMT, dont l’objectif à long terme se porte sur l’unification avec la Chine. Âgé de 66 ans, cet ancien commissaire de police est connu pour son travail à la mairie du Nouveau Taipei, qu’il a dirigée par intérim quelques mois en 2014, puis entre octobre 2015 et janvier 2016, enfin en remportant

l’élection municipale de sa ville en 2018 avec plus de 57 % des voix avant de se faire réélire en 2022. Hou Yu-ih n’a jamais occupé de poste au sein du gouvernement central, un manque d’expérience dans les dossiers de gestions de l’État et des politiques internationales qui est régulièrement pointé du doigt par ses opposants. M. Hou s’est notamment peu prononcé sur les questions géopolitiques, un aspect vivement critiqué par le fondateur d’United Microelectronics Corporation (UMC) M. Robert Tsao, milliardaire et ancien magnat de l’univers des semi-conducteurs, aujourd’hui reconverti en fervent défenseur de l’indépendance de Taïwan. Le 21 mai, M. Tsao a déclaré devant une foule de journalistes que le contenu des déclarations de Hou Yu-ih était « trop pauvre », qu’il devait se rattraper sur les questions inter-détroit. Son opposant William Lai, joue également la carte de la modé­ ration. Connu au sein de son parti pour ses rhétoriques fortement en faveur de l’indépendance, il s’est engagé à poursuivre la po­li­tique de Tsai Ing-wen afin de rassurer l’électorat, qui craint qu’une déclaration d’indépendance puisse déclencher la guerre avec la Chine. ■

Le coup d’éclat, préparé dans le plus grand secret, avait pour triple objectif d’attiser la peur, de semer la confusion et de contraindre l’armée russe à redéployer des troupes présentes en Ukraine pour défendre sa frontière. Il intervient alors que le pays bruisse de rumeurs annonçant une contre-offensive. Depuis plusieurs semaines, l’armée ukrainienne mène des coups de sonde en divers points du front afin d’identifier les vulnérabilités de l’adversaire. En Russie, des cellules de partisans multiplient les actes de sabotage contre des bureaux de recrutement, des voies ferrées ou des postes de police. Non sans malice, les insurgés de Liberté de la Russie et de RDK ont singé mercredi la rhétorique qui fut celle des autorités russes lorsque, en 2014, elles apportèrent leur soutien aux séparatistes du Donbass. « Des habitants de Belgorod nous ont appelés à l’aide et nous ont demandé de déployer une force de maintien de la paix dans leur région », sourit « Caesar ». Denis Kapustine, l’entrepreneur multicarte, ancien hooligan et organisateur de tournois de MMA jadis interdit d’accès à l’espace Schengen en raison de ses sympathies néonazies, sourit lorsqu’on lui demande si ses engagements extrémistes ne risquent pas de nuire à la cause qu’il défend. « C’est vrai, nous sommes une organisation militaire de droite conservatrice et traditionaliste. Mais pourquoi devrais-je m’en cacher ? », interroget-il avant de remonter dans son pick-up en tirant une balle vers le ciel, comme pour signifier que le spectacle est fini. ■

zoom Liban : l’étau se resserre autour de Riad Salamé

La justice libanaise a interdit mercredi au puissant gouverneur de la Banque centrale, Riad Salamé, qui fait l’objet d’un mandat d’arrêt émis par la justice française, de quitter le pays. Le gouverneur de la BDL, très lié à la classe politique, est soupçonné de s’être constitué un riche patrimoine immobilier et bancaire en Europe via un montage financier complexe et un détournement massif de fonds publics libanais. Âgé de 72 ans, il a comparu en début d’après-midi devant l’avocat général à la Cour de cassation, Imad Kabalan. M. Kabalan lui a interdit de quitter le territoire libanais et a décidé de saisir ses deux passeports, libanais et français. Convoqué à Paris en vue d’une mise en examen le 16 mai, M. Salamé ne s’était pas présenté à l’interrogatoire et fait depuis l’objet d’un mandat d’arrêt émis par une juge chargée des investigations en France. Le Liban a reçu la semaine dernière la notice rouge d’Interpol, basée sur ce mandat d’arrêt. Le juge Kabalan a en outre décidé de demander à la justice française de lui remettre le dossier de l’affaire, a indiqué cette même source. Le Liban n’extrade pas ses ressortissants et la justice libanaise peut décider de le juger.

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jeudi 25 mai 2023

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Réduction du cheptel : la colère des éleveurs

Un rapport de la Cour des comptes sur l’élevage et le climat suscite l’incompréhension chez les paysans. Éric de La Chesnais £@plumedeschamps

Agriculture Trois jours après la publication du rapport de la Cour des comptes qui dresse « un bilan défavorable de l’élevage bovin pour le climat » en France, l’indignation et la colère du monde agricole ne faiblissent pas. D’autant que les auteurs de ce document de 80 pages recommandent « une réduction importante du cheptel » pour que soient respectés les engagements internationaux de la France en matière de réduction des émissions de méthane. Les ruminants en émettent lors de la digestion. « Ces conclusions sont très injustes, estime Patrick Bénézit, éleveur dans le Cantal et président de la Fédération nationale bovine. Les prairies stockent du carbone jusqu’à 1 million de tonnes par an. Nous avons fait déjà des efforts, et on peut en faire d’autres, mais il faut arrêter de nous stigmatiser. Nous avons demandé à rencontrer les ministres concernés pour avoir des explications. » Sur le terrain, les exploitants sont à bout. « Cela me rend fou de

rage, les paysans se tuent à la tâche pour nourrir les Français, et, aujourd’hui, nous sommes devenus une cible à éliminer, s’énerve Cédric Viallemonteil, éleveur d’une centaine de vaches Aubrac en Auvergne. La viande cellulaire vue comme une alternative est 4 fois plus polluante que notre système de production à l’herbe qui contribue à la biodiversité, à l’aménagement du territoire et à l’économie locale. »

Après la promotion de la simili viande végétale par le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, la filière fait à nouveau l’objet d’attaques en règle

Jean-François Guihard, président de Interbev

« Cela me rend fou de rage, les paysans se tuent à la tâche pour nourrir les Français, et, aujourd’hui, nous sommes devenus une cible à éliminer », s’énerve Cédric Viallemonteil, éleveur d’une centaine de vaches Aubrac (ci-dessus). Cédric Viallemonteil

Dans le Lot, la stupéfaction est également de mise. « Je trouve dommage que les sages de la rue Cambon, censés avoir du recul, arrivent à des conclusions si rapides, déplore Solenne FerrerDiaz, ingénieur agronome et éle-

veuse de vaches bio à Belfort-duQuercy. Le nombre de vaches est déjà en diminution constante en France, parce que le métier est contraignant et ne rapporte pas assez. Il existe beaucoup d’autres secteurs qui polluent plus, comme l’aéronautique, mais il est plus facile de taper sur les petit* agriculteurs. Il faut être motivé pour continuer dans l’élevage. Autour de moi, les jeunes préfèrent aller vers les grandes cultures. » « Quand on ne veut plus de son chien, on dit qu’il a la rage, remarque Joël Sillac, éleveur de vaches bazadaises à Perquie, dans le bas Armagnac. On ne peut pas cultiver du végétal sur toutes les terres, car elles n’ont pas les qualités agronomiques nécessaires. Les prairies sont en général implantées sur des sols pauvres, parfois peu accessibles avec les engins. Ces champs seraient laissés à

l’abandon, sans l’élevage. En outre, les grandes cultures ont besoin de la fumure des animaux pour pousser. Cela réduit l’usage de produits azotés chimiques. » À l’autre bout de la filière, dans les boucheries, c’est aussi l’incompréhension. « Nous sommes vent debout. Après la promotion de la simili viande végétale par le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, le 17 mai, la filière fait à nouveau l’objet d’attaques en règle, dénonce Jean-François Guihard, président de l’interprofession de la viande, Interbev, également boucher dans le Morbihan. Si on affaiblit un peu plus l’élevage en France, on va augmenter les importations de viande bovine. Elles vont déjà atteindre 30 % de la consommation fin 2023. Cela va aggraver l’empreinte carbone d’autant que les conditions des grands élevages intensifs ne

sont pas aussi vertueuses en termes d’émission de gaz à effet de serre qu’un élevage à l’herbe français. En plus, cela va dégrader notre souveraineté alimentaire. La Cour des comptes devrait considérer ces aspects-là et dire également que chaque Français consomme en moyenne 300 grammes de viande par semaine, en dessous des 500 grammes qu’elle préconise. » Point positif, selon les éleveurs, les nombreux témoignages de soutien qu’ils affirment avoir reçus au sein de la population. « Je ne suis pas agricultrice, mais je ne comprends pas ces attaques permanentes des agriculteurs. Cela m’agace, confie Marie-Catherine, infirmière dans le Sud-Ouest. On les accuse de tous les maux, alors qu’ils nous nourrissent. Ils sont essentiels à la société, au même titre que les soignants. » ■

La Corse fait la guerre aux résidences secondaires augmenté. Une très grande majorité des gens sont exclus du parcours patrimonial. Nous sommes un village de bergers et sans terrain, les gens ne peuvent plus y vivre. » La 133e commune la plus chère de France vient de mettre en place un organisme foncier solidaire destiné à acheter des terrains pour les mettre à disposition des futurs acquéreurs à un prix largement en dessous du marché. Un dispositif quasi unique à l’échelle nationale : « On parle d’une économie de 200 000 à

antoine giannini £@GianniniAntoine bastia

logement « Speculatori fora… » (les spéculateurs dehors). Inscrit en lettres noires, le tag figure en gros sur une villa, tout juste victime d’un attentat à l’explosif à Ghisonaccia, en Haute-Corse. La forme la plus violente d’opposition aux résidences secondaires dans l’île. Les incendies criminels font aussi partie de la panoplie des groupes clandestins nationalistes. Ce regain de violence s’observe en particulier depuis l’agression mortelle d’Yvan Colonna à la maison centrale d’Arles, en mars 2022. Depuis un an, les services de la préfecture ont recensé près de 70 attentats et incendies volontaires ayant visé en grande partie des résidences secondaires. À Ajaccio, une villa Des actions revendiquées par deux incendiée et taguée groupes clandestins, le FLNC (Front de « Speculatori fora » de libération nationale corse) et une (les spéculateurs nouvelle structure armée nommée dehors) et de GCC (Ghjuventù clandestina Ghjuventù clandestina corsa (GCC). corsa), une nouvelle Dans ses motivations, la GCC de- structure armée mande, notamment, la mise en pla- clandestine qui milite ce d’un statut de résident qui réser- pour un statut verait le droit d’acquérir des biens de résident Corse. immobiliers aux personnes habitant Michel Luccioni/Crystal en Corse de façon permanente de- Pictures puis au moins cinq ans. Sur la thématique immobilière, le FLNC pointe, lui, « l’autorité bienveillante des préfets, qui permet l’enrichissem*nt d’un lobby de promoteurs lié à un cartel de monopoles, qui par le jeu pervers de l’offre et de la demande, finit par rendre impossible l’accession à la propriété pour le peuple corse. » de la Corse sont déclarés Visées par des attentats natiocomme résidences nalistes, critiquées par les élus secondaires, soit trois fois locaux et la population, les résiplus que la moyenne dences secondaires sont présentées nationale comme les responsables de la crise Source : Insée du logement qui touche l’île. Mais

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“ aussi de la hausse des prix et des difficultés d’accès à la propriété. Il faut dire que la Corse compte 72 000 habitations déclarées comme secondaires, selon les derniers chiffres de l’Insée, soit 28,8 % du parc de logements. C’est trois fois plus que la moyenne nationale. Pour lutter contre cela, plusieurs élus locaux n’hésitent pas à agir. De manière pacifique mais déterminés. Comme à Moncale, petit village de Balagne, de quelques centaines d’habitants, soumis à la pression immobilière : « Les Moncalais n’avaient plus d’accès à la propriété au village, explique Jean-Baptiste Filippi, maire autonomiste de la commune. C’est pour cela que nous avons décidé d’acheter des terrains à des prix cassés pour les céder aux gens du village. » Exemple avec ce terrain gelé par la municipalité et proposé à 40 euros le m² aux acquéreurs. Contre un prix de 200 euros le m² en moyenne pratiqué actuellement dans cette microrégion : « La maison leur revient quasi gratuite-

ment avec les aides. Nous avons aussi bloqué les terrains constructibles dans la carte communale, mis à part pour les jeunes du village. Lorsque nous les autorisons, il y a des clauses dans le contrat : pas de vente pendant vingt ans, impossibilité de louer et la commune dispose d’un droit de préemption ad vitam. Nous sommes obligés d’en passer par là même si ce n’est pas vraiment légal de réserver nos biens en priorité aux Moncalais. Mais j’assume. » Un statut de résident déguisé devenu quasi indispensable pour le maire de 41 ans : « Les prix ont explosé. Si tu as travaillé toute ta vie et qu’au moment d’acheter, tu ne peux qu’être locataire, ce n’est pas acceptable… » Ce constat, Jean-Baptiste Luccioni, maire de Pietrosella (Corsedu-Sud) étiqueté à gauche, le partage. D’autant plus que sa commune compte 60 % de résidences secondaires pour un prix moyen de 6 000 euros le m² : « L’attractivité du territoire fait que le coût du foncier a énormément

Les prix ont explosé. Si tu as travaillé toute ta vie et qu’au moment d’acheter, tu ne peux qu’être locataire, ce n’est pas acceptable…

Jean-Baptiste Filippi, maire autonomiste de Moncale

400 000 euros pour chaque lot. Les gens seront propriétaires du logement mais pas du terrain. Nous allons appliquer une concession perpétuelle de 99 ans. Le bien pourra être vendu mais pas le terrain. Avec un prix qui équivaut au prix de revient de leur investissem*nt. Nous voulons ainsi redescendre à 50 % de résidences secondaires. » Pour financer son projet, l’édile veut surtaxer les résidences secondaires à hauteur de 60 % comme la loi finance le prévoit pour les communes de moins de 50 000 habitants. Dans l’attente du décret qui doit permettre une application en 2024, l’office réalise des emprunts pour réserver des terrains aux jeunes actifs. Et cette opposition aux résidences secondaires trouve aussi sa place à l’Assemblée nationale. Une propo-

sition de loi contre la spéculation immobilière, portée par les députés nationalistes, attend de passer devant le Sénat après avoir été votée en première lecture à l’Assemblée nationale. Le texte donne un droit de préemption spécifique à la collectivité de Corse expérimenté pendant cinq ans maximum. Ce droit s’exercera sur des zones évolutives et préalablement définies par l’Assemblée de Corse afin de lutter contre les phénomènes de spéculation foncière et immobilière. La proposition de loi vise aussi à créer un dispositif supplémentaire de taxation étendu à toute la Corse pour les résidences secondaires dont la valeur vénale dépasse les 350 000 euros. Les modalités de cette nouvelle taxe seront définies par l’Assemblée de Corse et son taux sera compris entre 0,1 et 1 %. Une fausse bonne idée pour Marie-Anne Pieri, élue de droite régionaliste à l’assemblée de Corse et notaire de profession : « Les élus nationalistes auraient dû demander de pouvoir mettre en place des zones d’aménagements différés (ZAD), une compétence du préfet, explique celle qui a rédigé un guide antispéculatif pour cadrer les actes de vente, à destination des élus. Un terrain constructible qui se trouve dans une ZAD peut être préempté par la collectivité au prix d’un terrain non constructible. Je vois peu de réflexion et beaucoup de communication dans la proposition de loi des nationalistes. Le statut de résident n’est pas la solution à tous les problèmes. Et il ne faut pas oublier qu’il n’y a pas que les continentaux qui ont des résidences secondaires. » Au vu du contexte, la prochaine réunion du comité stratégique sur l’avenir de la Corse, le 7 juin place Beauvau à Paris, autour de la problématique foncière, devrait être animée… ■

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Cibles de groupes clandestins qui les dégradent, elles sont également pointées du doigt par les élus locaux et la population.

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En France, un enfant est signalé disparu toutes les douze minutes Dans un rapport publié ce jeudi, le numéro 116 000 Enfants disparus alerte sur la part croissante des très jeunes mineurs en fugue. partent de leur domicile ou des enfance Ils s’appellent Fabien, foyers de l’aide sociale à l’enfanYasmine, Manon ou Kevin… En ce », explique Sandrine Pepit, la 2022, ils ont fui leur domicile, le directrice du 116 000, qui pointe foyer où ils étaient placés ou ont l’influence des réseaux sociaux été enlevés par l’un de leurs padans l’incitation au départ. « Les rents. Comme 43 202 mineurs jeunes y ont accès de plus en plus dont la disparition a été signalée tôt et ceux qui ne sont pas bien en France aux forces de police et dans leur milieu ont tendance à s’y de gendarmerie, selon des chifréfugier. Dans certains dossiers, fres du ministère de l’Intérieur nous constatons qu’ils partent de diffusés par le numéro d’aide chez eux pour rejoindre des per116 000 Enfants disparus. Ce jeusonnes pas toujours bien intendi, à l’occasion de la Journée intionnées, rencontrées par ce biais ternationale des enfants disparus, (voir entretien ci-dessous). » l’association Droit d’enfance, qui gère le numéro, publie pour la « Pas de profil type première fois un bilan détaillé de de fugueur » ce phénomène de grande ampleur. « Un enfant est signalé disOutil « facilitateur » des fugues, paru toutes les douze minutes », les réseaux sociaux sont aussi utisoulignent ses rédacteurs. lisés par les équipes du numéro Parmi ces disparitions signad’urgence pour pister les jeunes lées, 95 % correspondent à des en errance ou communiquer sur fugues. Si la majorité des fuleur disparition. Ainsi, 43 avis de gueurs sont des mineurs âgés de recherche ont été publiés en ligne plus de 15 ans (63 %), l’associapar l’association Droit d’enfance tion alerte sur un rajeunisl’an dernier. sem*nt inquiétant des Le rapport insiste sur enfants concernés. les risques que les La part de très jeufugues font encounes mineurs en rir aux mineurs. fugue augmente Ainsi, les cas de d’année en année prostitution sont pour atteindre désormais avérés 37,9 % en 2022. ou suspectés dans de mineurs signalées « Nous sommes un tiers des dosen France en 2022 aujourd’hui alertés siers concernant des pour des enfants à filles traités par le nupartir de 10-11 ans, qui méro. En 2021, un rap-

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Les rédacteurs du rapport précisent que tous les milieux socioéconomiques sont concernés par les fugues de mineurs. Brian/Adobe Stock

port gouvernemental avait estimé que 7 000 à 10 000 adolescentes étaient concernées en France, parfois dès 12 ans. « Ce sont des jeunes filles dont l’immense majorité a vécu des violences sexuelles dans l’enfance », explique Julien Landureau, responsable plaidoyer et communication de Droit d’enfance. Des jeunes filles qui peinent à se percevoir comme des victimes et dont nombre d’entre elles fu-

guent à répétition. Quand elles sont aux mains de réseaux de prostitution, leurs déplacements dans des pays limitrophes, pour multiplier les passes, compliquent les recherches. D’après le rapport, les appels reçus par le 116 000 ne permettent pas de dresser un « profil type de fugueur ». Tous les milieux socioéconomiques sont concernés, assurent les rédacteurs. Le rapport détaille aussi

largement le phénomène des enlèvements parentaux (544 signalements en 2022) qui recouvre des situations variées telles que la non-représentation d’enfant ou la rétention illicite de mineurs à l’étranger. Pour le parent dont l’enfant a été soustrait, la procédure pour le récupérer s’apparente à un vrai « parcours du combattant » indiquent les équipes du 116 000. ■ A. L. et M. M.

Sandrine Pepit : « La fugue est la principale porte d’entrée de la prostitution » PROPOS RECUEILLIS PAR

Agnès Leclair [emailprotected] et Madeleine MEteyer [emailprotected]

SANDRINE PEPIT est la directrice du 116 000 Enfants disparus, le numéro destiné aux familles dont l’enfant a fugué. Conflit familial, stratégies pour empêcher les récidives… elle nous détaille les phénomènes derrière les derniers chiffres.

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LE FIGARO. - Sait-on précisément pourquoi les mineurs fuguent ? Sandrine PEPIT. - Ce dont on est sûr, c’est qu’à l’origine d’une fugue, il y a un traumatisme : harcèlement, négligence, maltraitance, conflit familial. La famille n’est pas forcément à l’origine du traumatisme, mais l’impossibilité de dialogue est la cause première du départ. Un enfant harcelé à l’école peut, par exemple, se renfermer et ne plus vouloir échanger avec ses parents. Et parce qu’il a honte, il peut penser que la seule solution est de partir. Nous sommes frappés de voir que la fréquentation des réseaux sociaux est un facteur d’incitation au départ. Les jeunes qui ne sont pas bien dans leur milieu ont tendance à s’y réfugier. Et font confiance à des inconnus qui leur conseillent de partir. Votre bilan souligne une hausse des situations de prostitution dans le cadre des fugues… Les risques de fugues ne doivent pas être minimisés car ces dernières aboutissent à des situations de mise en danger. Pour les garçons, le principal risque, c’est la délinquance. Pour les filles, c’est la prostitution. Depuis quelques années, nous constatons un lien croissant entre fugues à répétition et exploitation sexuelle. La fugue est la principale porte d’entrée de la prostitution. Ce phénomène touche le plus souvent des

jeunes filles qui ont commencé à se prostituer avant de quitter leur famille, ou bien leur foyer quand elles sont suivies par la protection de l’enfance. D’autres commencent à se prostituer pendant leur errance, pour survivre. La moyenne d’âge, c’est 14 ans.

À l’origine d’une fugue, il y a un traumatisme : harcèlement, négligence, maltraitance, conflit familial

Au début, elles ne se considèrent pas comme victimes et voient juste cette activité comme une manière de gagner de l’argent rapidement. Ensuite, pour faire moins de passes elles-mêmes, certaines recrutent d’autres filles dans les foyers de protection de l’enfance, à la sortie de l’école ou sur les réseaux sociaux et basculent dans le proxénétisme aux côtés de garçons presque aussi jeunes qu’elles. Il arrive aussi qu’elles soient prises en main par des réseaux organisés et emmenées à l’étranger. Elles peuvent passer de la France à la Belgique et à l’Italie en une journée. Nous avons d’ailleurs relevé une hausse du nombre de fugues vers l’étranger en 2022. Cette mobilité ne facilite pas les recherches. Pour supporter le nombre de passes par jour, ces jeunes filles sont obligées d’être « stone » et consomment de la drogue de manière exponentielle. Quand elles rentrent chez elles, beaucoup fuguent à nouveau. Nous travaillons à une reprise du lien avec leur entourage pour les aider à ne pas repartir. Dans votre rapport, vous évoquez 1 140 signalements de « disparitions inquiétantes ». Quelle distinction faites-vous

« Nous travaillons notamment sur les retours de fugues. Il faut comprendre que si on replace l’enfant dans le même milieu que celui dont il est parti sans rien faire, la probabilité de nouvelle fugue est forte », précise Sandrine Pepit, directrice du 116 000 Enfants disparus. Droit d’enfance

entre une fugue et une disparition inquiétante ? Commençons par dire que le terme de fugue n’existe pas juridiquement. À partir du moment où un mineur disparaît, sa disparition devrait être qualifiée d’inquiétante. En pratique, les moyens de recherche de la police et de la gendarmerie sont très importants, mis en place rapidement pour les fugues d’enfants de moins de 13 ans ou celles des enfants autistes par exemple. Pour les autres cas, les quarante-huit premières heures sont très importantes mais, ensuite, les recherches sont moins actives. Un cas nous a beaucoup marqués au 116 000, celui d’une petite-fille

qui avait fugué pour la première fois d’un foyer où elle avait été placée à 10 ans et demi. De fugue en fugue, elle a bougé dans toute la France. Un jour, sa tante nous a appelés. Elle avait vu des photos inquiétantes sur le compte Snapchat de sa nièce. On a contacté la police et on s’est rendu compte que le dossier n’avait pas été transféré et que, depuis trois mois, à cause d’une erreur administrative, plus rien n’était fait pour trouver cette enfant. Les réseaux sociaux, qui peuvent donc pousser à la fugue, sont aussi un moyen de garder un lien avec ces jeunes. Souvent ils changent de portable mais gardent toujours leur compte TikTok ou Snapchat. Quand il n’y a plus aucun lien sur les réseaux sociaux, la situation est considérée comme très inquiétante. Dans des situations de prostitution par exemple, c’est le signe de l’intervention d’un réseau organisé. Et là, on peut réactiver la recherche.

Les réseaux sociaux, qui peuvent donc pousser à la fugue, sont aussi un moyen de garder un lien avec ces jeunes. Souvent ils changent de portable mais gardent toujours leur compte TikTok ou Snapchat

En 2022 , 544 enlèvements parentaux ont été signalés. Dans votre rapport, vous écrivez que ce chiffre est certainement « sous-évalué » en raison de la difficulté des parents à faire valoir leurs droits. Quels conseils donnez-vous à ceux qui vous appellent ? L’enlèvement parental recouvre

des situations très variées : la non-représentation d’enfant, la soustraction de mineur et le déplacement ou la rétention illicite de mineur à l’étranger. Les difficultés sont courantes quand les parents n’ont pas de décision de justice qui fixe la résidence de l’enfant. Quand des parents nous appellent pour dénoncer des cas d’enlèvements à l’étranger, nous pouvons leur donner des conseils juridiques. Dans certains pays, Russie, pays de l’Est, il est par exemple recommandé de ne pas porter plainte au pénal, de rester sur une procédure civile pour éviter qu’ils ne bloquent le retour de l’enfant. Quelle aide le 116 000 apporte-t-il aux familles ? Pendant la fugue, nous leur posons des questions sur la vie de l’enfant pour cerner la situation : est-il victime de harcèlement ? A-t-il subi un traumatisme ? Nous essayons de pousser les familles à donner un maximum d’informations à la police et à la gendarmerie pour faciliter l’enquête. Car, pour ouvrir une enquête, appeler le 116 000 ne suffit pas. Nous pouvons également publier des avis de recherche diffusables sur les réseaux sociaux avec leur autorisation et celle des forces de l’ordre. Notre équipe, constituée d’éducateurs spécialisés, de psychologues et de juristes, peut intervenir en fonction de leurs besoins. Nous travaillons notamment sur les retours de fugues. Il faut comprendre que si on replace l’enfant dans le même milieu que celui dont il est parti sans rien faire, la probabilité de nouvelle fugue est forte. La psychologue de l’association peut faire de la guidance parentale, aider les parents à préparer le retour de l’enfant. On peut orienter les parents vers des structures locales s’ils ont besoin d’un accompagnement éducatif. ■

En collaboration avec

Quand le café fait sa révolution C’est la question qui taraude tous les amateurs de café sensibles aux enjeux écologiques : comment s’orienter vers une consommation plus responsable sans renoncer à la qualité ni au plaisir gustatif ?

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l faut dire qu’une analyse détaillée de la production de café a de quoi faire culpabiliser… Par exemple, produire 1 kg de café torréfié nécessite près de 6 m2 de terres agricoles, plus de 220 l d’eau et 460 g de fertilisants et pesticides. Quant au café en capsule, il occasionne chaque année pas moins de 100 000 t de déchets dans le monde, soit l’équivalent de dix fois le poids de

la tour Eiffel ! Et contrairement aux idées reçues, ce coût écologique reste moins important que celui causé par la machine à grains, très gourmande en énergie. Bref, boire du café est devenu un vrai casse-tête pour les amoureux du nectar noir qui souhaitent préserver la planète. C’était sans compter sur l’engagement du torréfacteur suisse Café Royal, qui lance une innovation répondant aux différents enjeux environnementaux

liés à l’industrie du café. Son nom ? CoffeeB, le premier système à capsule sans capsule qui permet d’en finir avec les déchets de plastique et d’aluminium. Une véritable révolution technologique, rendue possible par l’invention brevetée d’un café tassé sous forme de boules durables. Son secret ? Un emballage végétal qui en fait un produit 100 % compostable… mais aussi (et surtout) 100 % plaisir, préservant les

saveurs d’une boisson de qualité premium. Et parce qu’une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, CoffeeB commercialise également une nouvelle machine ultra-silencieuse qui a le mérite de garantir une pression idéale, une crema onctueuse et une faible consommation d’énergie. La promesse d’une tasse de café parfaite, qui limite au minimum son impact sur la planète. Que demander de plus ?

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Publi-communiqué réalisé par 14HAUSSMANN

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L’incroyable histoire de la fin de la capsule Bien décidée à venir à bout des tonnes de déchets provoqués par les capsules de café, une équipe de chercheurs suisses de CoffeeB a passé cinq ans à mettre au point un système révolutionnaire, sans plastique ni aluminium. Récit d’une invention aussi prometteuse qu’ingénieuse.

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’est l’histoire d’une révolution triomphante. Celle d’une boule de café compressé compostable qui rend – en un seul geste – la manière de consommer notre petit noir bien plus responsable et durable. Au cœur de cette innovation sans précédent, une conviction : celle que les grands changements commencent par de petit* gestes. C’est ainsi que le torréfacteur suisse Café Royal, porté par des valeurs écologiques fortes inscrites dans son ADN, lance à l’automne 2022 CoffeeB, le premier système à capsule de café sans capsule, d’une apparente simplicité, mais qui est issu d’un long processus de recherche et développement. Et pour cause, entre l’idée et la mise sur le marché, cinq années se sont écoulées. Les déceptions et les imprévus en matière de développement ont été nombreux, mais la volonté d’élaborer un système à capsule de café zéro déchet l’a toujours emporté.

Il faut dire que le défi était de taille : il s’agissait de créer une dosette sans emballage synthétique, car nuisible à l’environnement, tout en préservant les arômes du café de l’oxydation inhérente à toute matière, même organique. Car si la forme sphérique s’est imposée du fait de sa simplicité et de son omniprésence dans le milieu naturel, la mise au point de la pellicule protectrice a fait l’objet de multiples tâtonnements. L’équipe de chercheurs et d’ingénieurs de Café Royal, jusqu’alors assignée à la conception de capsules compatibles avec les machines existantes, a d’abord songé à utiliser des bioplastiques à base de matières organiques, comme le maïs ou l’amidon. Problème ? Pour augmenter leur porosité, il fallait ajouter une fine couche de composant chimique, ce qui fait qu’ils n’étaient plus ni entièrement compostables ni entièrement antioxydants. « Ce sont aussi de véritables contresens écologiques, dans la mesure où ces matières requièrent des hectares pour cultiver les végétaux

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qui permettent leur fabrication, confirme Ghassan Kara, directeur général de Café Royal. Pour 1 g d’aluminium nécessaire à une capsule, vous avez besoin de 1,5 g d’amidon. Ça ne vaut pas le coup. » Seule option satisfaisante, l’algue, déjà présente en abondance sur la surface de la planète, comestible et employée dans l’industrie agroalimentaire. Une fois le café tassé, la boule de quelque 5,5 mg est plongée dans une solution à base d’alginate, une substance extraite des laminaires brunes que l’on retrouve sur les côtes atlantiques, avant d’être séchée au four une quinzaine de minutes. « Le coup de génie de notre équipe a été de l’utiliser non pas comme composante, mais comme enveloppe, un peu à la manière des enveloppes d’algue qui entourent les makis dans la cuisine japonaise », poursuit Ghassan Kara. Outre la conception de la fameuse boule de café, véritable star de cette révolution technologique, c’est dans un second temps la création d’une machine ad hoc qui a posé les plus gros défis scientifiques aux chercheurs de Café Royal. « Une fois que l’on a cette boule enrobée et protégée, comment est-ce qu’on la met dans un appareil qui ne va pas l’écraser ou l’effriter ? Comment

s’assurer qu’on a un écoulement fluide ? Une belle mousse ? » questionne Ghassan Kara. Démonter des prototypes existants, rafistoler des mécanismes d’extraction, compresser et transpercer inlassablement jusqu’à devoir parfois essorer les boules de café au séchoir… L’équipe ne ménage pas ses efforts pour concrétiser ses ambitions, quitte à redéfinir les lois de l’expérimentation. Encore fallait-il, une fois la partie technique maîtrisée, s’assurer de la viabilité économique du produit. En plus des investissem*nts non négligeables à engager pour réaliser une première version commercialisable, la marque devait établir une stratégie marketing suffisamment pointue pour convaincre les ménages suisses et français d’abandonner leur machine à café afin d’en acquérir une nouvelle. Et mener un travail de pédagogie auprès des enseignes pour qu’elles acceptent de distribuer les boules de café au sein de leurs réseaux. Mais la qualité de l’innovation a persuadé même les plus sceptiques. « Ces deux dernières années ont été extrêmement intenses. On a eu des hauts, on a eu des bas, mais le cap est tenu. On est très confiants et très optimistes sur la suite de l’aventure », conclut Ghassan Kara.

On a eu des hauts, on a eu des bas, mais le cap est tenu.

Ghassan Kara, directeur général de CoffeeB

«Nous visons une durabilité sociale, économique et environnementale» Bilan carbone d’une tasse de café, bénéfices apportés par les capsules pré-dosées, force des labels de certification ou encore initiatives RSE de Café Royal : Ghassan Kara, directeur général de la marque, nous livre l’expertise de CoffeeB en matière de café écoresponsable. En quoi la production de café est-elle, toujours à l’heure actuelle, nocive pour l’environnement ? Toute consommation, y compris celle du café, a un impact sur la nature, que l’on mesure d’ordinaire en quantité de CO2 émis. Puis on fait une analyse du cycle de vie, c’est-à-dire que l’on décompose toutes les activités qui permettent d’obtenir le café, du début à la fin, gestion des déchets incluse. C’est comme cela que l’on se rend compte que l’essentiel des émissions de carbone est dû à la culture du café. Il s’agit des terres utilisées, des volumes d’eau, des fertilisants, des pesticides, etc. Or pour la plupart d’entre nous, l’impact environnemental se résume aux déchets que nous produisons lors de notre consommation. En réalité, une bonne partie de l’empreinte carbone générée par les ménages français n’est pas émise en France, mais en dehors de ses frontières.

En grains, en capsules… Quelle est la façon la plus écoresponsable de boire du café ?

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Pour réduire l’impact lié à la dégustation d’une tasse de café, il faut choisir un dispositif qui utilise le moins de café possible pour un même résultat qualitatif. Contrairement à l’intuition première, ce sont les systèmes de café à capsule ou à portion qui sont les plus vertueux, parce qu’ils permettent d’avoir la juste quantité, en général 5 à 6 g par dose, alors qu’avec le café en grains, on a tendance à en mettre trop et donc à solliciter les ressources naturelles et agricoles de la planète plus qu’il ne le faut.

Que signifie le label Rainforest Alliance ? Que garantit-il ? Toutes nos variétés de café sont en effet certifiées par Rainforest Alliance ou par Fairtrade. Ces labels servent à assurer au consommateur que le produit est issu de l’agriculture responsable et du commerce équitable. En soutenant les trois piliers de la durabilité – sociale, économique et environnementale –, ces certifications permettent d’accompagner les communautés locales vers une culture du café plus durable et pérenne.

Qu’est-ce qui fait la durabilité de votre café bio ? C’est un café produit sans pesticides de synthèse, sans engrais de synthèse et sans irrigation intensive. On essaie de cette manière d’avoir une culture la plus traditionnelle possible, certes efficace, mais sans tomber dans une dérive intensive qui nuit à l’environnement. Cette certification est donnée par des organismes indépendants, qui se réfèrent à un cahier des charges qui ne diffère pas d’une origine à l’autre.

Quels sont les objectifs de votre collaboration avec l’association Mamahuaca, avec laquelle vous travaillez au Pérou ? Après une première collaboration de notre maison mère avec la communauté Laguna au Honduras, nous avons décidé de nouer un second partenariat avec cette communauté de 300 agriculteurs au Pérou. Notre but est de les aider à s’organiser sur le terrain en les incitant à se constituer en coopérative pour mieux vendre leurs grains de café tout en mutualisant les risques. Notre deuxième objectif est de les soutenir dans les techniques de transformation afin qu’ils puissent nous vendre un produit semi-fini et pas simplement brut. Ils s’occupent alors eux-mêmes de la fermentation et du séchage des grains de café. Cela leur permet de recevoir une plus grande part de la valeur ajoutée au lieu de la laisser à des intermédiaires. Enfin, nous souhaitons garantir un débouché à leur récolte pour ne pas avoir à renégocier les tarifs chaque année, leur assurer ainsi un prix et un revenu constants, et leur offrir la possibilité de pérenniser leur mode de vie. C’est important pour nous de mettre de l’humain dans nos projets.

en collaboration avec

Les grands changements commencent par de petit* gestes Face à l’urgence climatique et à l’importance de réduire nos déchets ménagers, le système à capsule sans capsule CoffeeB permet de mettre en œuvre de façon concrète nos résolutions écologiques sans renoncer au plaisir d’une tasse de café.

E

t si un bon café était d’abord un café responsable ? C’est du moins la conviction de certaines marques, à l’instar de CoffeeB, qui a fait de son engagement durable une composante à part entière de son identité en cherchant notamment à diminuer l’impact écologique lié à la dégustation de cette boisson. Sa dernière invention ? Des boules de café compostables à domicile qui pourraient faire disparaître définitivement les déchets causés par les capsules traditionnelles et baisser le bilan carbone des grains à moudre. LE CAFÉ EN BOULE, LE NOUVEAU RÉFLEXE ÉCOLOGIQUE

Car l’espresso que l’on déguste au café du coin n’est pas sans conséquences écologiques. Contrairement à ce que l’on peut croire, l’impact environnemental de la machine à grains est 39 % plus élevé que le système à capsule. En cause ? L’énergie électrique utilisée, la forte consommation d’eau et une quantité de café par tasse beaucoup trop importante. Bref, un dispositif écologiquement peu optimal. Et si la machine à capsule tend à résoudre certains de ces problèmes, elle présente un tout autre inconvénient : la production de 100 000 t de déchets par an, dont seulement 1/5 est recyclé en France. Pour y remédier, CoffeeB a ainsi imaginé des boules de café compressé non pas dans une capsule de plastique et d’aluminium, mais dans une enveloppe végétale qui se décompose naturellement en douze semaines. Leur utilisation s’inscrit quant à elle parfaitement dans nos gestes du quotidien grâce à une nouvelle machine appelée Globe, à la fois silencieuse et intuitive. Il suffit d’insérer une boule de café dans l’appareil, d’appuyer sur le bouton pour choisir la longueur de café désirée et de laisser la technologie faire le reste. Lorsque le réservoir est plein, les boules usagées peuvent être compostées ou employées comme engrais naturel. UN CAFÉ RESPECTUEUX DE L’ENVIRONNEMENT ET DES CAFÉICULTEURS Au-delà de l’innovation révolutionnaire que représente ce système, CoffeeB s’applique à mettre en place un sourcing exigeant et transparent, conforme aux principes du développement durable. En effet, en tant que torréfacteur de café haut de gamme, Café Royal est soucieux de faire de ses responsabilités écologiques et sociales une priorité absolue tout au long de la chaîne de production, de la culture à la transformation du café brut. Habituée des collaborations vertueuses, la marque valorise ainsi le savoir-faire de caféiculteurs indépendants en nouant notamment des partenariats avec des acteurs locaux et des coopératives engagées,

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Publi-communiqué réalisé par 14HAUSSMANN

Les produits de la gamme CoffeeB permettent d'assurer un revenu minimal aux producteurs de grains, de leur garantir de meilleures formations et des conditions de travail plus sûres. telle l’association Mamahuaca, au Pérou, où le café est cultivé selon des méthodes traditionnelles. Certifiés Rainforest Alliance, tous les produits de la gamme CoffeeB permettent dès lors d’assurer un revenu minimal aux producteurs de grains, de leur garantir de meilleures formations et des conditions de travail plus sûres et, ce qu’il ne faut pas oublier, de soutenir la pérennité de leur mode de vie ancestral. Une nouvelle manière de concevoir la production d’un café d’exception, dont la richesse tient autant à ses saveurs qu’aux répercussions qu’il entraîne sur la planète et sur ceux qui la peuplent.

le figaro

Sciences

Des implants cérébraux pour faire marcher des paralysés Une équipe franco-suisse a permis à un paraplégique de contrôler ses jambes par la pensée.

15 Faire « dialoguer » le cerveau et la moelle épinière 1

Deux implants de 64 électrodes chacun sont implantés au niveau du cortex moteur, et captent les signaux électriques associés aux intentions de mouvement du patient. Un casque posé sur la tête contient deux antennes permettant, l’une d’alimenter les électrodes par induction, l’autre de récupérer les signaux enregistrés.

Générateur d’impulsions

Lésion de la moelle épinière

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Implant Électrodes

Le générateur d’impulsions reçoit l’information

Lésion de la moelle épinière

Fibres nerveuses

2 Les signaux sont

envoyés à un ordinateur. Des algorithmes les interprètent et les « traduisent », puis envoient l’information à un générateur d’impulsions implanté sous la peau.

4 Il transmet

l’information aux électrodes

Nerfs moteurs

5 Muscle

Soline Roy [emailprotected]

Neuroscience En 2012, son équipe faisait remarcher des rats paralysés. « Je commence à croire que cela pourrait mener à une intervention pour améliorer la récupération et la qualité de vie des patients », glissait prudemment Grégoire Courtine lors d’une conférence Ted. Une décennie plus tard, l’équipe de neuroscientifiques de l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) et du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) multiplie les preuves de concept chez l’homme. Neuf patients ont ainsi pu récupérer des fonctions motrices au moyen d’une stimulation électrique des muscles de leurs jambes. Mais un nouveau pas gigantesque vient d’être franchi en association avec des chercheurs du CEA, au laboratoire Clinatec à Grenoble. Jusque-là, les stimulations permettant la marche ou la station debout étaient pilotées par des programmes informatiques préenregistrés. Dans la revue Nature, les chercheurs décrivent aujourd’hui comment un implant cérébral permet de décrypter l’intention de marche du patient, et de la traduire en stimulation électrique. Un « pont numérique » qui restaure (presque) le fonctionnement naturel de la marche : le cerveau décide, les muscles exécutent. En pratique, un premier patch est posé au bas de la moelle épinière, portant 16 électrodes reliées aux structures nerveuses qui pilotent les muscles du tronc et des jambes, et un générateur d’impulsions est implanté sous la peau. Au niveau du crâne, deux implants de 64 électrodes chacun sont posés sur la dure-mère (la membrane qui protège le cerveau) au niveau du cortex moteur. Pour utiliser le système, le patient doit porter un

casque en regard des implants, doté de chaque côté de deux antennes : l’une recharge les implants par induction, l’autre récupère les signaux cérébraux et les transmet à un ordinateur. Celui-ci les traduit et envoie l’information au système de stimulation musculaire. L’implant médullaire a été mis au point à l’EPFL et sa capacité à stimuler les muscles de la marche validée chez 9 individus. Les implants cérébraux et les algorithmes de traitement ont été développés par des chercheurs du laboratoire Clinatec (CEA) et du CHU de Grenoble, et ont permis de piloter un exosquelette par la pensée, ont-ils montré dans The Lancet Neurology en 2019. Le patient, un Néerlandais de 40 ans prénommé Gert-Jan, souffre depuis une dizaine d’années d’une lésion partielle de la moelle survenue lors d’un accident de vélo. Il avait reçu l’implant médullaire dans le cadre d’un précédent essai clinique, mais sa récupération avait

jeudi 25 mai 2023

Sources : H. Lorach et al., Walking naturally after spinal cord injury using a brain–spine interface, Nature, avril 2023 ; Nature Medicine & École polytechnique fédérale de Lausanne

Gert-Jan, un Néerlandais de 40 ans, est le premier patient à avoir été équipé d’un « pont numérique » lui permettant de retrouver l’usage de ses jambes, hors laboratoire. Gilles Weber

fini par atteindre un plateau. Le 28 juillet 2021, il a reçu les implants cérébraux, devenant le premier à bénéficier du « pont numérique ». Deux jours après, il parvenait à faire se mouvoir les jambes d’un avatar informatique. Une quarantaine de sessions de rééducation lui ont permis d’apprendre à utiliser le système avant de rentrer chez lui. « C’est la première fois qu’un système de ce type est utilisé hors du laboratoire, indique Guillaume Charvet, responsable du programme interface cerveau-machine au CEA. Le dispositif est très stable, ce qui a permis d’imaginer un usage au quotidien. » Et Gert-Jan ne se contente pas de rééducation : « Il y a quelques mois, pour la première fois depuis dix ans, j’ai pu me lever et boire une bière avec mes amis, raconte-t-il dans un communiqué. C’était vraiment cool ! » L’utilisation du système entraîne de la fatigue et les pauses doivent

être régulières, mais « au fil des entraînements le patient a progressé dans la réalisation de la tâche mentale jusqu’à ce qu’elle ne nécessite pas une concentration de tous les instants, explique Guillaume Charvet. Il est capable de marcher et de parler en même temps, le système est assez robuste pour ne récupérer que ce qui est pertinent. » Le pont numérique permet de décider non seulement du mouvement à effec-

Avant, j’étais contrôlé par la stimulation, aujourd’hui je contrôle la stimulation

Gert-Jan

tuer (bouger la hanche, plier le genou ou la cheville…), mais aussi de son amplitude et de son rythme. « Avant, j’étais contrôlé par la stimulation, note Gert-Jan. Aujourd’hui je contrôle la stimulation. » Il a ainsi une démarche plus fluide et la possibilité d’évoluer sur un sol inégal ou de franchir des obstacles. Plus étonnant encore : certaines capacités restent présentes même quand le système est éteint ! Cela suggère que «des fibres nerveuses ont repoussé du fait de la communication qu’on a rétablie », se réjouit Grégoire Courtine dans un communiqué. Impossible cependant de dire jusqu’à quel point les progrès se feront, ni s’ils existeraient chez un patient atteint d’une lésion médullaire complète. Gert-Jan doit en revanche utiliser des béquilles ou un déambulateur, car son équilibre reste précaire. La marche est lente à cause du temps de latence pour récupérer, décrypter et transmettre l’information (300 à 500

Le muscle est stimulé

Infographie

millisecondes entre l’intention de mouvement et son analyse), et seules 32 électrodes sur les 128 implantés peuvent être lues en même temps. La technologie mérite aussi d’être miniaturisée, notamment en remplaçant l’ordinateur qui décode les signaux du cerveau par une puce électronique. « Tous ces développements demanderont du temps et des moyens, mais nous n’anticipons pas d’obstacles technologiques », indiquent les auteurs. Une autre limite importante réside dans le retour sensoriel. Lorsque nous marchons, de très nombreuses sensations nous renseignent sur la configuration du sol ou la position de nos membres. Gert-Jan, lui, n’a que la vue pour savoir ce que font ses jambes. « D’autres équipes travaillent sur les façons de donner un retour sensitif en venant stimuler le cortex sensori-moteur, indique Guillaume Charvet. Aujourd’hui, notre système d’implants a uniquement des capacités d’enregistrement. Cela demandera des développements très importants. » L’équipe s’attelle aussi à un autre défi : adapter le système aux membres supérieurs, dont les mouvements sont encore plus complexes que ceux des jambes. Quant à la crainte de voir émerger un homme augmenté… « Cela ne nous intéresse pas, mais nous ne sommes pas naïfs, a glissé Grégoire Courtine en conférence de presse. La chirurgie esthétique est née de la réparation des blessés de guerre. On imagine que la neurochirurgie cosmétique va aussi émerger un jour. Nous, on se focalise sur la réparation. » Cela n’empêche pas les pionniers de jouer, avoue le chercheur : « Gert-Jan s’est amusé à contrôler un drone avec ses pensées », conclut-il dans un sourire. ■

« Lire » la douleur chronique dans le cerveau des malades

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thérapie La douleur chronique est un enjeu de santé publique majeur : elle ne concernerait pas moins de 15 à 20 millions de Français et les mécanismes en cause restent mal connus. La question est d’autant plus complexe que la douleur est très subjective. Autant d’inconnues qui renforcent l’intérêt des résultats publiés lundi dans Nature Neuroscience. Une équipe de l’université de Californie à San Francisco est parvenue à décrypter les signaux de la douleur chronique dans le cerveau de malades pour lesquels tous les traitements avaient échoué. Une avancée qui laisse espérer une meilleure identification des personnes les plus à risque, mais aussi d’envisager des thérapies innovantes. L’expérience a eu lieu dans le cadre d’un essai clinique évaluant

une thérapie personnalisée contre les douleurs chroniques neuropathiques résistantes. Le traitement consiste à stimuler, pour les « reprogrammer », certaines aires cérébrales profondes à l’aide d’électrodes plantées à travers le crâne, reliées à un appareil ressemblant à un pacemaker. Les chercheurs, dirigés par le Dr Prasad Shirvalkar, ont profité de ces dispositifs dont étaient équipés les volontaires pour enregistrer par électroencéphalogramme les variations du signal électrique chez quatre d’entre eux, en souffrance depuis au moins deux ans à la suite d’un AVC ou d’une amputation (douleur du membre fantôme). Comme l’équipement est petit et portatif, les enregistrements ont pu être réalisés sur plusieurs mois, à divers moments de la journée. En parallèle, les volontaires devaient remplir un questionnaire sur ce qu’ils ressentaient à ce moment-là, et noter l’intensité de la douleur

perçue à l’aide d’échelles de référence. Toutes ces informations ont ensuite été traitées par intelligence artificielle.

Biomarqueurs Les chercheurs ont pu identifier, pour chaque individu, la « marque » de la douleur chronique dans une région particulière du cerveau, le cortex orbitofrontal. Ces « biomarqueurs » objectifs ont permis de prédire le score de sévérité de la douleur ressentie par chacun des participants. À noter que ces biomarqueurs étaient distincts et distants de ce qui a été observé par le passé en laboratoire sur la douleur aiguë. « Cela montre bien que la douleur chronique n’est pas une version plus durable de la douleur aiguë », souligne Prasad Shirvalkar. En plus d’aider à préciser le diagnostic dans certains cas, les biomarqueurs pourraient être utilisés pour personnaliser - et donc optimiser - les thérapies par stimula-

tion cérébrale profonde, en ajustant les stimulations en fonction des informations reçues, explique le neurobiologiste. Mais la route est encore longue, notamment parce que la technique utilisée est invasive (les électrodes sont implantées directement dans le cerveau), et donc risquée. « La stimulation cérébrale profonde n’est quasiment plus pratiquée en France pour le traitement des douleurs rebelles car elle entraîne 2 à 4 % d’hémorragies cérébrales qui peuvent induire un handicap définitif voire un décès, ce qui n’est éthiquement pas acceptable, souligne Julien Nizard, chef du service douleur, soins palliatifs et de support au CHU de Nantes et professeur de thérapeutique. Nous préférons la stimulation du cortex moteur, où les électrodes sont placées à la surface du crâne, ou la stimulation magnétique transcrânienne, non invasive, qui agit au travers d’impulsions envoyées au cerveau par une bobine externe. »

Les résultats sont toutefois variables d’une personne à l’autre : « Les deux tiers des malades voient leur état s’améliorer d’au moins 30 %. Ce n’est pas spectaculaire, mais c’est aussi parce que les patients qui accèdent à ces thérapies en France sont ceux chez qui aucun autre traitement n’a fonctionné, et qui souffrent donc depuis longtemps. Ils répondraient sans doute mieux s’ils étaient pris en charge plus tôt. » Pour le Pr Nizard, les travaux californiens amènent des informations intéressantes sur la cartographie de l’origine de la douleur, avec de possibles retombées sur le repérage des profils à risque. « C’est l’enjeu numéro un en douleur chronique : dépister au plus tôt les personnes qui vont passer à la chronicité. Chez celles-là, il faut pouvoir intervenir précocement pour éviter que la dégradation ne s’installe. » Toutefois, cela doit passer par une adaptation des outils au profit de méthodes non invasives, rappelle le spécialiste nantais. ■

Cela montre bien que la douleur chronique n’est pas une version plus durable de la douleur aiguë

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Dr Prasad

Shirvalkar

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Pauline Fréour [emailprotected]

UCSF Health

À l’aide d’électrodes, des chercheurs ont découvert les marqueurs neurologiques de cette forme durable de souffrance, difficile à traiter.

jeudi 25 mai 2023 le figaro

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Sport

Ons Jabeur, le perpétuel printemps arabe

sociation indépendante des joueurs (PTPA), qui tente de remodeler sa discipline. « J’y suis pour que l’on représente mieux le tennis féminin, qui mérite plus de considération. On a beaucoup parlé de son manque de stabilité par rapport au tennis masculin. Mais les choses changent. Il n’y a qu’à voir les deux finales à Stuttgart et Madrid entre les têtes de série 1 et 2. Je trouve qu’il y a de super-bonnes joueuses qui offrent beaucoup de spectacle. » En matière de prize money, le tennis fait figure de bon élève, avec la parité financière acquise sur les quatre tournois du Grand Chelem et sur quasiment toutes les plus grandes compétitions, mais selon Jabeur, tout n’est pas parfait. Loin de là : « La parité, ça doit être à tous les niveaux. Ce qui

La Tunisienne espère de nouveau marquer l’histoire lors de RolandGarros qui débute dimanche. frir pendant le Covid. Je savais que beaucoup de personnes la voudraient, mais j’ai été surprise par le nombre de demandes. J’ai rencontré par hasard un médecin qui m’a dit tennis La saison dernière, forte que j’avais sauvé quelques vies grâce de son titre au Masters 1000 de à cette vente et ça, c’est le plus imMadrid et d’une finale à Rome, portant. » Ons Jabeur avait abordé la quinzaine parisienne en favorite aux Les joueuses, adversaires ou côtés d’Iga Swiatek, future lauamies, la décrivent sociable et géréate. Changement de décor cette néreuse. Ses performances sur année. Malgré un titre à Charlesles courts et sa bonne humeur lui ton sur terre battue en avril, sa ont valu le surnom de « ministre première partie de saison a été du bonheur » dans un pays frappé perturbée par les par une crise institublessures. Après avoir tionnelle qui a dégéeu des petit* pépins néré en crise éco­ physiques en début nomique, sanitaire et d’année, l’actuelle sociale. 7e mondiale a rechuté « J’ai gagné beau1994 coup de matchs à parà Madrid début mai Naissance à Ksar Hellal tir de 2021 et les gens (mollet). « Je ne suis (Tunisie). ont commencé à repas la même joueuse 2008 garder de plus en plus que l’année dernière, a Débute sur le circuit mes rencontres et confirmé la Tunisienféminin à 14 ans. m’ont appelée comme ne au Figaro. J’essaie 2011 ça. La Tunisie passait de rester positive. Ma Remporte par des moments très priorité, c’est d’être en Roland-Garros junior. difficiles et je leur rabonne santé, car c’est 2021 menais un peu de bondifficile de revenir Atteint les 8es de finale heur avec les victoires. quand tu enchaînes les à Paris et remporte J’essaie de donner le petites blessures. Ce à Birmingham bon exemple. Je veux qui est frustrant, car son premier titre sur toujours prouver que j’adore la terre batle circuit principal. rien n’est impossible. » tue. » 2022 La native de Ksar La double lauréate Remporte à Madrid Hellal, à 200 kilomèPorte d’Auteuil, Iga son premier WTA 1000 tres au sud de Tunis, Swiatek a d’ailleurs et atteint la finale empile les records, affirmé être la à Wimbledon fait tomber les barrièmeilleure joueuse sur et à l’US Open. res. En janvier 2020, ocre aux côtés de la 2023 elle était devenue la Tunisienne. Si Jabeur La Tunisienne Remporte à Charleston première joueuse araa prouvé sa polyvaprête pour remporter le tournoi, Ons Jabeur, le 17 janvier, son 4e titre. be à atteindre les lence lors sa superbe mais la volonté m’a beaucoup aidée lors de son match quarts de finale d’un saison 2022 où elle a pour m’imposer. » contre la Slovène tournoi du Grand Chelem, à atteint et perdu ses deux premièAvant de goûter à la lumière, la Tamara Zidansek, l’Open d’Australie. Dauphine de res finales du Grand Chelem Tunisienne a progressé dans l’omau premier tour la numéro un mondiale Iga Swiacontre la Russe Elena Rybakina à bre. Pendant plusieurs années, de l’Open d’Australie. tek en 2022, elle a franchi un nouWimbledon en juillet, puis face à elle a écumé les tournois seconLOREN ELLIOTT/REUTERS veau palier à 28 ans. Swiatek à l’US Open deux mois daires et les qualifications pour Formée au tennis club de Hamplus tard - c’est bien sur terre tenter de participer aux rendezmam Sousse, elle avait dû quitter qu’elle avoue se sentir le mieux. vous du Grand Chelem. « J’ai eu son pays à 16 ans, pour parfaire Son style de jeu atypique s’adapte une transition assez difficile des juson jeu. En 2011, à 17 ans, elle à merveille à cette surface. Je peux niors aux professionnels et, du remportait le tournoi junior de faire n’importe quel coup. Après, il coup, je n’avais pas trouvé l’équipe Roland-Garros à Paris, ville faut savoir jouer la bonne tactique qui pourrait m’aider à mieux comd’adoption de son frère et de sa au bon moment. » Paradoxaleprendre mon style de jeu atypique. sœur. Sa nièce et à son neveu, hament, Roland-Garros demeure le Je dois beaucoup à Bertrand Perret bitant non loin des courts de la seul tournoi du Grand Chelem (l’actuel entraîneur de Caroline porte d’Auteuil. « La Tunisie, c’est dans lequel Jabeur n’est pas encoGarcia) qui m’a permis d’arriver au proche de la France. Beaucoup de re parvenue à passer le stade des plus haut niveau. » Tunisiens ont regardé Roland-Garhuitièmes de finale, qu’elle a atDepuis 2020, Jabeur évolue ros à la TV et ont découvert le tenteint en 2020 et 2021. Et elle reste avec un staff 100 % tunisien, comnis grâce à ce tournoi. Je me sousur une grosse désillusion avec posé de son préparateur physique, viens des enfants qui traçaient un une élimination dès son entrée en l’ancien escrimeur Karim Katerrain avec des lignes. J’ai grandi lice en 2022. « Le contexte est difmoun, qui est aussi son mari, et de en jouant sur terre. En 2011, lorsque férent de l’année dernière quand son coach Issam Jellali, ancien Ons Jabeur, finaliste j’ai gagné les juniors, je revenais Iga (Swiatek) était la grande favojoueur. « Avec Issam et Karim, j’ai de deux autres Grand d’une blessure et je n’avais pas joué rite. Là il y a notamment Elena franchi un palier. Le fait de parler Chelem (Wimbledon pendant cinq mois. J’avais perdu la (Rybakina) qui dérange beaucoup sa propre langue et de partager la et l’US Open), n’a pas finale en 2010. C’était plutôt une Iga. Même si sur cette surface Iga a même culture, ça aide beaucoup. » encore dépassé revanche. Pourtant, physiquement un avantage. C’est plus ouvert. En dehors des courts, si les les 8es à Paris et tennistiquement, je n’étais pas Mais ce sera probablement une sponsors se sont longtemps faits joueuse du top 10 qui soulèvera le trophée. J’espère que ce sera moi (sourires). » ie L’égérie de l’équipementier américain Wilson va disputer ses Carlos Alcaraz (devant Daniil les nouveautés de l’édition, sixièmes Internationaux de France Le Festival de Cannes glisse Medvedev et Novak Djokovic) un spectacle inédit qui lancera dans le grand tableau armée de sa doucement vers la cérémonie et la Polonaise Iga Swiatek les dix sessions de soirée et une nouvelle raquette (Pro Staff v14). de clôture, le tournoi de (suivie de la Russe Aryna En 2021, quart-de-finaliste à Wimattraction que les spectateurs Roland-Garros (28 mai-11 juin) Sabalenka et de l’Américaine bledon, elle avait mis aux enchères pourront tester, « Rolandest prêt à tirer la couverture Jessica Pegula) se poseront un précédent modèle, en pleine Garros in the sky », pour à lui. Pour passer du tapis au sommet des tableaux. crise du Covid-19, pour aider les une expérience vertigineuse rouge à l’ocre. À RolandPrêts à lancer une édition qui, hôpitaux de son pays, où le taux de (15 € par personne) Garros, rien ne change et tout mortalité était alors le plus élevé de en l’absence de Rafael Nadal à 50 mètres du sol. Les tournois évolue pour faire bouger les la région d’après l’OMS. Sa raquetet étant donné la fragilité d’Iga de qualifications prendront lignes avec élégance, comme te mise en vente à 2 000 dinars (enSwiatek, blessée à la jambe fin vendredi, mais, ce jeudi le veut le slogan du tournoi. viron 610 euros), avait atteint la droite et contrainte à l’abandon à 14 heures, à l’orangerie dans Dans un stade qui lorgne somme de 17 000 dinars (environ dans la dernière ligne droite le jardin des serres d’Auteuil, les JO de Paris 2024, prépare 5 200 euros). Et elle avait ajouté un à Rome, laisse s’engouffrer le tirage au sort mettra un toit pour le court Suzannedon personnel à la somme récoltée. plus d’incertitudes que lors le premier coup de projecteur Lenglen, les stars prennent « J’ai eu cette idée, car ça m’a atdes dernières éditions. sur Roland-Garros. L’Espagnol leurs marques. Parmi J.-J. E. tristée de voir mon pays autant souf-

Sur terre battue, je peux faire n’importe quel coup. Après, il faut savoir jouer la bonne tactique au bon moment

romain schneider [emailprotected]

Ons Jabeur

Bio express

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Tirage : Alcaraz, Djokovic et C dans les starting-blocks

rares, la joueuse les aimante désormais. Elle a aussi fait partie du prestigieux casting de la série documentaire Break Point, diffusée sur Netflix et a commencé l’année en faisant la couverture de Vogue Arabia. Difficile de passer inaperçue quand elle revient au pays. « J’ai une plus grosse médiatisation, mais j’essaie de rester la même. Je rigole avec tout le monde et j’aime la relation que j’entretiens avec mes fans. Ils veulent échanger et prendre des photos. Je reçois beaucoup d’amour. Mais je ne suis pas Angelina Jolie non plus (rires). »

Je préfère être considérée comme une sportive qui défend la cause des femmes. (...) Je souhaite faire avancer les choses

Ons Jabeur

Elle se réjouit de voir son pays désormais organiser un tournoi WTA, à Monastir en octobre : « C’est un bon début. J’aimerais bien des tournois encore plus importants à l’avenir. Le tennis avait un peu disparu à un moment en Tunisie. C’est revenu très fort. » Le tennis club de Hammam Sousse, où un court porte désormais son nom, a plus que doublé son nombre d’adhérents en quelques années. Et les filles sont presque à égalité avec les garçons. Se dit-elle pour autant féministe dans l’un des pays arabes où les droits des femmes sont les plus avancés ? « Je préfère être considérée comme une sportive qui défend la cause des femmes. Féministe, ça peut être extrême des fois. Mais je suis pour les droits des femmes. Je souhaite faire avancer les choses. » Pour cela, elle a pris la tête, aux côtés de Novak Djokovic, de l’As-

s’est passé récemment à Madrid est peut-être anecdotique, mais c’est symptomatique. Quand Carlos Alcaraz gagne chez lui, on lui offre un gâteau d’anniversaire et rien n’a été fait pour Aryna (Sabalernka) qui fêtait pourtant aussi son anniversaire le jour de son titre… Outre les programmations souvent pas à l’avantage du tennis féminin, c’est également inacceptable d’avoir empêché les lauréates du double de ce même tournoi de prendre la ­parole lors de la remise des trophées. » Sur tous les fronts, Ons Jabeur rêve aussi d’être maman. Mais pas dans l’immédiat. « Cela fait partie aussi des choses que je voulais montrer. Qu’une femme arabe puisse être maman et joueuse de haut niveau. J’ai toujours voulu être maman durant ma carrière, puis revenir après sur le circuit, mais les dernières années, je n’ai pas trouvé le bon moment. Le fait d’arriver dans le top 10 a compliqué les choses. Je m’approche de la trentaine et c’est plus facile de se mettre en pause sur le circuit à 2526 ans. » En attendant cet heureux événement, la Tunisienne veut assouvir son rêve d’un titre du Grand Chelem. « J’espère qu’une belle chose arrivera dans les prochains mois. » Et si ce n’est pas sur la terre battue parisienne, Ons Jabeur pourrait devenir reine d’Angleterre mi-juillet, sur le gazon de Wimbledon. Pour mériter plus que jamais son surnom de « ministre du bonheur ». ■

en bref JO : Fourcade affecté par le conflit au Cnosf

Martin Fourcade, l’ex-star du biathlon qui préside la commission des athlètes du comité d’organisation des JO de Paris, s’est dit « peiné » par la guerre des clans au sein du Comité olympique et sportif français, à quatorze mois des Jeux. Une assemblée générale doit se dérouler ce jeudi matin, et, sauf surprise, elle ne devrait pas déboucher sur une démission de la présidente, Brigitte Henriques, qui est en guerre avec son prédécesseur, Denis Masseglia. « A priori, le camp des opposants n’a pas la possibilité de la faire chuter, mais, là, on est au paroxysme de l’affrontement déclenché il y a un an et demi », a estimé un dirigeant.

Basket : spéculations autour de LeBron James Depuis l’élimination des Lakers en finale de Conférence Ouest face à Denver (4-0), LeBron James laisse planer le mystère sur son avenir de basketteur et une éventuelle retraite à 38 ans. Dans la finale de Conférence Est, Boston, guidé par Jayson Tatum, auteur de 34 points, s’est imposé (116-99) à Miami, pour réduire l’écart à 3 victoires à 1. Le match 5 est prévu ce jeudi.

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deuils Françoise Aubertel, son épouse, Jean-Philippe Aubertel, son fils, Claire Aubertel, sa fille, et Jordi March Gisbert, son gendre, Marianne, Alba et Aïna, ses petites-filles, ont la tristesse de faire part du décès, dans sa 82e année, muni des sacrements de l'Église, de

Jean-Pierre AUBERTEL

X 61, chevalier de l'ordre national du Mérite, ancien vice-président du conseil d'administration de l'Agence de l'eau Rhin-Meuse, ancien président du Centre technique du papier, ancien premier adjoint de la commune de Jarrie (Isère) et membre du conseil municipal de Jarrie. La cérémonie religieuse aura lieu le samedi 27 mai, à 15 h 45, en l'église Saint-Etienne de Haute-Jarrie, suivie de l'inhumation au cimetière de Haute-Jarrie. Cet avis tient lieu de faire-part.

Sophie Guilbot-Christaki, son épouse, Gabriel, Louise, Nicolas, ses enfants, ses frères et sœur, ses neveux et nièces ont la tristesse de faire part du décès de

Jean CHRISTAKI de GERMAIN directeur de banque et homme de spectacle,

survenu le 9 mai 2023, à l'âge de 67 ans. La cérémonie religieuse a été célébrée en l'église Sainte-Marie-des-Vallées, à Colombes. 10, avenue Boquet, 92700 Colombes. [emailprotected]

Le vice-amiral et Mme Thierry Durteste, M. et Mme Frédéric Chevreton, M. et Mme Pierre de La Rocque, ses enfants, ses petit*-enfants et leurs conjoints, ses arrière-petit*-enfants ont la tristesse de vous faire part du rappel à Dieu du

vice-amiral d'escadre Philippe DURTESTE

commandeur de la Légion d'honneur, grand officier de l'ordre national du Mérite, ancien préfet maritime de la Méditerranée, le 20 mai 2023, à l'âge de 84 ans.

née Lenoir, disparue le 18 mai 2022.

La cérémonie religieuse aura lieu en l'église de Sainte-Foy-Tarentaise (Savoie), le vendredi 26 mai, à 14 h 15, suivie de l'inhumation. Une messe de requiem sera célébrée à son intention en la cathédrale Saint-Louis des Invalides, à Paris (7e), le vendredi 2 juin, à 15 heures.

Blandine et Georges Babinet, Maylis et Claude Babinet, Eric (†) et Aleth Getten, Antoine et Valérie Getten, Anne et Arnaud de Chaisemartin, Xavier et Muriel Getten, ses enfants, ses petit*-enfants et arrière-petit*-enfants et toute sa famille ont la tristesse de faire part du rappel à Dieu de

M. Jacques GETTEN

croix de guerre 1939-1945, dans sa 99e année, au « Bois Dousset ». La célébration religieuse aura lieu le vendredi 26 mai 2023, à 16 heures, en l'église de Lavoux (Vienne).

ont la douleur de vous faire part du décès de

Mme Suzanne HOMMET née Castay,

Demandez-le par courriel :

2023-05-25T09:39:59+02:00

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ont la tristesse de faire part du décès de

Catherine LESTRADE née Villefayaud,

survenu le 22 mai 2023, à l'âge de 70 ans. La cérémonie religieuse sera célébrée en l'église de l'Immaculée Conception, à Paris (12e), le vendredi 26 mai 2023, à 10 h 30. L'inhumation se fera au cimetière de Sainte-Marie-de-Ré, le mardi 30 mai, à 10 heures. Cet avis tient lieu de faire-part.

Saint-Mard (Somme). Patrick Moizard, son époux, Virginie et Olivier Brueder, Caroline Lepoutre (†), ses enfants, Kévin Brueder et Noémie Rebouché, Douglas et Camille Brueder, Gaspard et Salomé Brueder, Loriane et Thomas Vignali, Elise Lepoutre (†), ses petit*-enfants, Léopold et Joseph, ses arrière-petit*-fils, Catherine Charveriat, sa sœur, ainsi que toute la famille vous font part du rappel à Dieu de

Mme Patrick MOIZARD née Martine Vindry,

endormie dans la Paix du Seigneur le 23 mai 2023, à l'âge de 91 ans. La cérémonie religieuse sera célébrée le vendredi 26 mai, à 15 heures, en l'église Saint-Pierre de Roye (Somme), suivie de l'inhumation au cimetière de Saint-Mard. Un registre à signatures tiendra lieu de condoléances. Cet avis tient lieu de faire-part

Françoise Durteste

ainsi que toute sa famille

Prévoir, organiser, accompagner

Jean-Jacques Lestrade, son époux, Perrine, Julia, ses filles, Louis, Émilie, Adam, Olivia, ses petit*-enfants, Thibaut, Sid-Ali, ses gendres,

Il rejoint son épouse,

Charles Hommet et Patricia, Elisabeth Hommet et Yves, Christine Fougère, ses enfants, Marie, Pierre, Denis et Louise, ses petit*-enfants, Baptiste et Ariane, ses arrière-petit*-enfants, Anne-Marie Castay, sa sœur,

CARNET DES OBSEQUES

Paris (11e).

survenu le 23 mai 2023, dans sa 95e année. La cérémonie religieuse aura lieu le vendredi 26 mai, à 14 h 45, en la cathédrale Saint-Pierre d'Angoulême, suivie de l'inhumation au cimetière de Bardines, à Angoulême.

E'n la Sua Volontade è Nostra Pace. In Seinem Willen ist unser Frieden. In His Will is our Peace. Notre Paix est dans Sa Volonté. Dante Alighieri. Son partenaire, Stephen Braddock, ses neveux et nièces, ses petit*-neveux et petites-nièces, ses arrière-petit*-neveux et arrière-petites-nièces, Guy Mustaki et sa famille, la famille de feu Jean-Pierre Mustaki, la famille de feu Paul Toriel, la famille de feu Anne-Marie Toriel, Eric Toriel et sa famille, la famille de feu Giancarlo Lopez, Stefano Lopez et sa famille, Maureen Bahnsen-Young et sa famille, Patricia Young et sa famille ainsi que les familles parentes, alliées et amies font part du rappel à Dieu de

M. André MUSTAKI DELLA TORRE

15 novembre 1936-18 mai 2023, muni des sacrements de l'Église, le cœur et l'âme remplis de gratitude pour tout ce que Dieu lui a accordé au cours de sa vie. Selon le désir du défunt, les obsèques ont eu lieu dans la plus stricte intimité. La famille remercie chaleureusem*nt ses gouvernantes, Mme Celestina Marques Paulos et Mme Dina Sequeira Magalh'es, son médecin traitant, le docteur Yves Trisconi, le docteur Estelle Gillès de Pélichy, le personnel soignant du Centre hospitalier universitaire vaudois, ses thérapeutes ainsi que toute l'équipe du Tertianum Le Bristol à Montreux, toute l'équipe du CAT Valentin-Lausanne, toute l'équipe du partage Alzheimer Vaud, le Centre médico-social Pully et de Home Instead de Crissier pour leurs soins attentionnés et leur accompagnement dévoué sans faille. Famille d'André Mustaki, chemin des Oisillons, 13, 1009 Pully (Suisse).

Jeudi 25 Mai 2023

17 Pierre Pagès, son fils, et sa maman Juliette Camuset, Thierry et Bénédicte Pagès, son frère et sa belle-sœur, Marine et Emma Pagès, ses nièces, Adrien et Marie-France Pagès, ses parents, toute sa famille ont la douleur de vous faire part du décès de

M. Stéphan PAGÈS survenu le samedi 20 mai 2023, à l'âge de 54 ans. La cérémonie religieuse sera célébrée le vendredi 26 mai, à 10 h 30, en l'église Saint-Lambert-de-Vaugirard, 2, rue Gerbert, Paris (15e). La crémation aura lieu dans l'intimité familiale, le samedi 27 mai, à 9 heures, au crématorium d'Arcueil, 8, rue du Ricardo.

Marianne Laigneau, présidente du directoire, les membres du comité exécutif et l'ensemble des équipes d'Enedis font part avec une grande tristesse du décès de leur collègue et ami,

Stéphan PAGÈS

directeur concessions et territoires d'Enedis. Ses nombreuses qualités humaines et professionnelles resteront dans la mémoire du collectif qui perd un dirigeant de grande valeur. Toutes leurs pensées vont vers sa famille et ses proches à qui ils adressent leurs plus sincères condoléances.

Le comte et la comtesse Thibault de Tanoüarn, Sixte-Henry, Gonzague, Cyril, Pierre-Armand et Amicie, le comte et la comtesse Eric de Francqueville, Louis, Ghislain, Loraine, Amaury et Amalia, M. Pierre-Hugues Ramacciotti (†), le colonel et Mme Laurent Vonderscher, Alix, Hubert, Vianney, Inès, Brieuc, Aude et Brune, ses enfants, gendres et petit*-enfants, en union avec Mme Hugues Ramacciotti (†), née Marie-France Guyot, son épouse, ont la profonde tristesse de faire part du rappel à Dieu du

colonel (e.r.) Hugues RAMACCIOTTI

Saint-Cyr, promotion Général Laperrine, chevalier de la Légion d'honneur, officier de l'ordre national du Mérite, croix de la Valeur militaire, à son domicile le 20 mai 2023, à l'âge de 89 ans, muni des sacrements de l'Église. Ils vous prient d'assister ou de vous unir d'intention à la messe de funérailles qui sera célébrée le vendredi 26 mai, à 14 heures, en l'église Saint-Nicolas-du-Chardonnet, à Paris (5e). Il sera inhumé au cimetière du Montparnasse, à 16 h 30, où il rejoindra son épouse, décédée le 24 mai 2022, et son fils, décédé le 1er janvier 2023.

La comtesse Jacques de Sabran-Pontevès, son épouse,

Le lieutenant-colonel (e.r.) et Mme Arnault Reboul, le général de corps d'armée Patrice Quevilly et Mme, née Florence Reboul, ses enfants, ses petit*-enfants et arrière-petit*-enfants font part du rappel à Dieu du

le 22 mai 2023, à Toulon. La cérémonie religieuse sera célébrée le samedi 27 mai, à 9 h 30, en l'église Sainte-Thérèse, à Toulon.

Mlle Astrid Savary de Beauregard, M. et Mme Gonzague de Chambure, le comte et la comtesse Bertrand Savary de Beauregard, le comte et la comtesse Alexis Savary de Beauregard, ses enfants, et ses 12 petit*-enfants font part du rappel à Dieu de la

comtesse Christian SAVARY de BEAUREGARD née Ghislaine de Geis de Guyon de Pampelonne,

endormie dans l'espérance de la Résurrection, le 21 mai 2023, à l'âge de 81 ans. Elle a rejoint son époux Christian, décédé le 7 avril 2023. La cérémonie religieuse sera célébrée en l'église Saint-Léon, à Paris (15e), le vendredi 26 mai, à 10 heures, suivie de l'inhumation à 17 heures, au cimetière de Saint-Florent-le-Vieil (Maine-et-Loire).

L'inhumation aura lieu dans l'intimité familiale.

Reportage

A Djerba, menace sur les juifs de Tunisie

Evasion

En montagne, l’art de la marche

ses quinze petit*-enfants ont la tristesse de vous faire part du décès de

Claude de VIVIÉS née Champel,

survenu le mardi 23 mai 2023, dans sa 85e année. La cérémonie religieuse sera célébrée le vendredi 26 mai, à 14 h 30, en l'église Saint-Vincent-de-Paul Les Réformés, Marseille (1er).

messes et anniversaires Une messe anniversaire pour le retour à Dieu de

Antoine ALLENO sera célébrée par le chanoine Duloisy, ami de la famille, ce jeudi 25 mai 2023, à 18 h 30, en l'église Saint-Roch, 296, rue Saint-Honoré, Paris (1er).

À l'occasion du quinzième anniversaire de la disparition de

Planète bleue

Toutes unies pour sauver les océans

Cover story

Salma Hayek Actrice engagée

Interview

Étienne Daho par Élisabeth Quin

Les éditions du Figaro

Yves SAINT LAURENT la Fondation Pierre BergéYves Saint Laurent

Cette cérémonie permettra également de rendre hommage à Gabrielle Busschaert, décédée en mars dernier. Elle fut une proche collaboratrice de Yves Saint Laurent.

La cérémonie religieuse sera célébrée en l'église Saint-Pierre-ès-Liens de Préchac (Gironde), le vendredi 26 mai, à 14 h 30.

Ultragauche : la violence en marche

Isabelle et Benoît Cortier, Xavier et Christel de Viviés, Gérald et Florence de Viviés, Philippe et Shannon de Viviés, Véronique et Jérôme de Seze, ses enfants,

M. et Mme Gilbert Rochet, M. et Mme François-Xavier Granel de Solignac, M. et Mme Dominique Granel de Solignac

comte Jacques de SABRAN-PONTEVÈS

En couverture

Guy de Viviés, son époux,

fera célébrer une messe du souvenir le jeudi 1er juin 2023, à 10 h 30, par l'abbé Thierry Laurent, en l'église Saint-Roch, Paris (1er).

le 23 mai 2023.

avec votre Figaro

colonel Claude REBOUL

la comtesse Elzéar de Sabran-Pontevès, le comte et la comtesse Jean de Sabran-Pontevès, MMes Dauphine et Sancie de Sabran-Pontevès, le comte et la comtesse Louis de Vareilles Sommières,

ont l'immense tristesse de vous faire part du rappel à Dieu du

En vente vendredi 26 et samedi 27 mai

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Jean-Claude MARTIN « Il y a quelque chose de plus fort que la mort, c'est la présence des absents dans la mémoire des vivants. » Jean d'Ormesson.

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jeudi 25 mai 2023 le figaro

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champs libres récit Stéphane Durand-Souffland

[emailprotected]

C’

est un mystère qui perdure depuis un siècle. Un crime sans cadavre, sans mobile bien net. Une histoire d’innocent condamné au bagne à perpétuité. Mais tout se complique vite car si Guillaume Seznec n’a pas tué Pierre Quémeneur, ce que défendent d’innombrables soutiens à la cause, il est tout de même un peu coupable de peccadilles destinées à envoyer la police sur une fausse piste. La justice déteste ce genre de clairs-obscurs dans lesquels elle ne retient souvent que l’obscurité. Le doute profite à l’accusé, dit-on, mais les ténèbres peuvent tout aussi bien faire le miel du ministère public. Cent ans de tentatives de révision infructueuses – quatorze rejetées à ce jour – car peut-être fondées sur un scénario abracadabrant qui exige un innocent à 100 %, victime pardessus le marché d’une machination de l’appareil d’État, dont on peine à discerner les motivations. Guillaume Seznec et Pierre Quémeneur, deux Finistériens grand teint, se retrouvent à Rennes le jeudi 24 mai 1923. Ils s’installent à bord d’une de ces Cadillac longues comme des paquebots sur pneumatiques, abandonnées par les Américains après la victoire de 1918. Le premier, marié à une fille de bonne famille de Plomodiern, possède une scierie à Morlaix ; le second, qui a fait fortune dans le commerce du bois, est conseiller général dans le canton de Sizun et vieux garçon – il vit avec sa sœur. Les compères sont bons amis. Ils vont, selon la version officielle, faire des affaires à Paris autour de ces automobiles et de leurs pièces détachées qui pourraient donner lieu à un fructueux commerce. Mais le tacot est fatigué, la route est longue et les pannes s’accumulent. Le 24 mai au soir, on échoue à Houdan (aujourd’hui dans les Yvelines) et on soupe au Plat d’étain, table de bonne renommée. Puis, Pierre Quémeneur se volatilise pour toujours. L’enquête, très logiquement, s’intéresse à son compagnon de voyage. À noter qu’y participe, certes de manière marginale mais tout de même, l’inspecteur Pierre Bonny, dont le nom apparaît dans tous les scandales retentissants de la IIIe République, affaire Stavisky comprise. Limogé, le ripou réapparaîtra en numéro deux de la « Carlingue », siège parisien des suppôts français de la Gestapo, ce qui lui vaudra d’être fusillé à la Libération. Fourberies de Bonny ou pas, il ressort clairement des investigations que Seznec a imaginé un stratagème pour faire croire que le notable de Sizun avait décidé, après les agapes du Plat ­ d’étain, de gagner Le Havre pour, qui sait, embarquer sur un transatlantique et mener la belle vie aux Amériques. Avant quoi il aurait envoyé un étrange télégramme à sa sœur : « Rentrerai dans quelques jours – QUEMENEUR » (et non pas « Pierre »). Un acte de vente d’une de ses propriétés à Seznec, pour la somme de 35 000 francs, sera retrouvé dans un second temps. Problème : le domaine en vaut 320 000 et la machine à écrire utilisée pour taper le document est retrouvée en perquisition dans le grenier du suspect. On l’aura compris, le ciel s’assombrit à la vitesse grand V pour Guillaume Seznec dont le passé de commerçant multicarte, endetté, débrouillard pour ne pas dire plus, est mis au jour. Des témoins assurent l’avoir vu au Havre, un vendeur de machines à écrire de la ville se souvient de lui en avoir vendu une fin mai, une Royal 10, celle-là même qui resurgit dans le grenier de Morlaix.

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Un faux benêt extraordinairement ingénieux

Le 7 juillet 1923, le suspect devient l’inculpé, on l’incarcère. Le 28 juillet, il est renvoyé devant les assises. Le procès s’ouvre le 24 octobre à Quimper. Avec celui de Landru, en 1921, le procès Seznec sera l’un des événements judiciaro-mondains de ces années d’après-guerre. La preuve : Le Figaro dépêche en pays Glazik son chroniqueur Georges Claretie, bel esprit, plume alerte, lui-même avocat et vice-président de l’Association de la presse judiciaire (à l’époque, les comptes rendus d’audience étaient parfois rédigés par des avocats et personne n’y trouvait à redire). « C’est ici un événement, écrit-il. Les hôtels sont pleins. Le télégraphe est envahi. Dans toutes les boutiques, depuis le pâtissier jusqu’au bureau de tabac, on vous parle de Seznec. En ville, il ne semble avoir guère de sympathie. Pourtant, on le connaît peu car il n’est pas de Quimper, mais de Morlaix. » Il en brosse un portrait saisissant : « C’est un homme maigre au long nez fin, aux joues rouge brique et tannées par le vent de Bretagne, des petit* yeux bleuâtres enfoncés dans les orbites, cheveux blonds ondulés, avec une longue mèche frisottant sur un front dur, barré de rides, l’air d’un paysan madré, têtu et avare (…) Chose ­curieuse, ce Breton, fils de Bretons, a un singulier accent qui a des sonorités germaniques. » Voilà qui commence bien. Et cela continue aussi mal que possible pour l’accusé nonchalant aux réponses filandreuses, aux amnésies opportunes. Au président qui lui demande s’il se rendait à Paris avec la victime « pour une affaire d’autos », il répond : « Oui, je crois… Probablement oui, c’est ça. C’est Quémeneur qui le disait. » Georges Claretie, fasciné par l’accusé, en qui il voit un faux benêt extraordinairement ingénieux, et par le dossier, prophétise : « Ce sera une cause célèbre. » Bien vu. Il énumère les lettres anonymes adressées à la cour d’assises, décrit avec faconde la troménie des ex-

Ouvert le 24 octobre 1923, le procès de Guillaume Seznec (au centre) sera l’un des événements judiciaro-mondains de ces années d’après-guerre.

API/Gamma-Rapho

Affaire Seznec : pour en finir avec cent ans de certitude ? Le maître de scierie breton a été condamné aux travaux forcés à perpétuité pour le meurtre de son ami Pierre Quémeneur, élu local disparu corps et âme le 25 mai 1923. Quatorze requêtes en révision du procès ont été rejetées. Et si l’ancien bagnard n’était qu’à moitié coupable ?

perts et témoins (148 en tout) généralement à charge qui, en attendant leur heure de gloire, jouent à la manille dans une salle réservée. Il apprécie beaucoup la prestation de la bonne, Angèle Lebigou, « énorme paysanne, massive, aux hanches larges » qui défend son patron et qu’on revoit vers la fin des débats en « maritorne dont la déposition, l’autre jour, a mis en joie l’auditoire ». Surtout, Claretie s’attarde sur Mme Seznec, Marie-Jeanne de son prénom, « petite femme au profil dur, aux yeux secs, au teint bistré », qui a « le geste bref, tranchant ». L’habitué des prétoires sent que, derrière cette figurante du dossier, se cache un authentique personnage, nous allons y venir. « C’est une violente (…) il y a dans sa déposition de la colère et de la haine contre tous ceux qui accusent son mari », ditil de cette épouse qui ne pleure pas alors que son mari risque sa tête. C’est d’ailleurs la peine capitale que va requérir l’avocat général. Aux jurés : « Selon la formule du grave serment que vous avez prononcé, je dois d’abord vous dire, sans autre développement oratoire, qu’en mon âme et conscience, devant Dieu et devant les hommes, je vous demande sans hésitation la tête de Seznec. » Puis, en défense, Me Marcel Kahn plaide le doute du mieux qu’il peut. Le 4 novembre 1924, Guillaume Seznec, reconnu coupable de meurtre et de faux, est condamné au bagne. Il part le 7 avril 1927 pour Cayenne où il sera détenu vingt ans.

Une famille rongée par un secret indicible

Dès 1926, Marie-Jeanne Seznec, bloc de volonté, dévouée à son bagnard de mari, dépose une requête en révision : magouilles en haut lieu, complot policier (l’inspecteur Bonny, souvenez-vous),

C’est ici un événement. Les hôtels sont pleins. Le télégraphe est envahi. Dans toutes les boutiques, depuis le pâtissier jusqu’au bureau de tabac, on vous parle de Seznec. En ville, il ne semble avoir guère de sympathie. Pourtant, on le connaît peu car il n’est pas de Quimper, mais de Morlaix

»

Georges Claretie, chroniqueur du « figaro », qui couvre l’affaire Seznec, en 1923

bouc émissaire, etc. Plusieurs des jurés de Quimper, saisis par le doute – il était temps – demandent que le condamné soit rejugé. Les requêtes s’enchaîneront jusqu’en 2006, toutes rejetées malgré le soutien de nombreuses personnalités, et l’engagement infatigable d’un des petit*-fils du condamné, Denis Le Her-Seznec : rien n’établit cette version. Puis, plus rien. Jusqu’en 2015. Cette année-là, l’avocat « historique » de la révision, Me Denis Langlois, abandonne la thèse qu’il a soutenue jusqu’alors et publie dans une quasi-indifférence une petite bombe : Pour en finir avec l’affaire Seznec (Éditions de La Différence). Dans cet ouvrage, Me Langlois affirme que Gabriel et JeanYves, deux autres petit*-enfants du bagnard décédé en 1954, ont reçu des confidences de leur père, Guillaume Seznec fils, alias « petit Guillaume ». Que leur a-t-il murmuré ? Nous sommes fin mai 1923. Âgé de 11 ans, tandis qu’il joue dans le jardin, il entend crier sa mère, Marie-Jeanne. Celle-ci, seule à la maison, reçoit Pierre Quémeneur. Le gamin se hisse, regarde par la fenêtre et voit le notable étendu, mort. Mme Seznec aura voulu défendre son honneur, comme on disait à l’époque. La bonne est là. Guillaume père arrive plus tard, mesure le malheur qui vient de s’abattre sur son foyer, et décide non seulement de faire disparaître le cadavre mais aussi d’envoyer les enquêteurs fureter loin de Morlaix, d’où les faux. Puis, les quatre se rendent au pied d’un calvaire pour jurer de garder éternellement le silence. Ce qui fut fait, ou presque. Brisée par la possibilité d’une erreur judiciaire, marquée par une série de drames et un meurtre – celui de François Le Her, père de Denis, par son épouse, fille du condamné qui sera, elle, acquittée à Quimper –, la famille Seznec serait également, depuis 1923, rongée par un secret indicible. Les fils de « petit Guillaume » n’ont jamais brisé l’omerta, même quand les requêtes pour la réhabilitation de leur grand-père, qu’ils pensaient innocent, se faisaient retoquer l’une après l’autre. Ils attendront 2018 pour raconter dans le détail le crime de Marie-Jeanne (Affaire Seznec, le grand secret, d’Anne-Sophie Martin, Seuil). Dans l’ordonnance de mise en accusation de Guillaume Seznec, les magistrats assénaient : « Les dénégations, qui ont été à la base de tout le système de défense de Seznec, n’ont pas prévalu contre cette certitude acquise dès la première heure, et quoique le cadavre de Quémeneur n’ait jamais été retrouvé, et que l’on ne puisse dire ni comment il a donné la mort à sa victime, ni comment il a fait disparaître son corps, l’information n’en a pas moins apporté avec éclat la preuve de sa culpabilité. » Au bout de cent ans de certitude, la justice peut-elle accepter de changer de vérité ? ■

jeudi 25 mai 2023

champs Idées libres le figaro

Un essai sur le « nouvel âge du kitsch », éthique et esthétique de la mondialisation. Des boules à neige aux statues de Jeff Koons, le mauvais goût triomphe. Jusqu’à quand ? le nouvel âge du kitsch Gilles Lipovetsky et Jean Serroy, Gallimard, 464 p., 26 €.

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Le kitsch ou le triomphe mondialisé du mauvais goût chronique Eugénie Bastié

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ne Sainte Vierge en plâtre, des chats de porcelaine, des nains de jardin, une tour Eiffel dans une boule à neige, l’innocence écarlate d’un Vache qui rit, les outrances de Madonna, les châteaux en plastique d’un parc Disney, la Trump Tower et les filtres Instagram : le kitsch est partout. Il est même devenu, selon Gilles Lipovetsky, l’essence même de notre civilisation. L’auteur discret de L’Ère du vide, ouvrage majeur sur l’individualisme contemporain, publie avec Jean Serroy, critique culturel, un essai substantiel sur le kitsch devenu matrice et esthétique d’une civilisation du « trop ». Rappelons l’origine du mot : « kitsch » vient de l’allemand Kitschen, qui désigne le fait de ramasser les déchets ou de recycler quelque chose de piètre valeur. Le mot « kitsch » apparaît dans les années 18601880 pour évoquer les premiers objets décoratifs produits par la révolution industrielle pour permettre à la petite bourgeoisie d’imiter les standings de la bourgeoisie et de l’aristocratie. C’est la première ère du kitsch : le « kitsch de 100 ans » , celui de l’excroissance décorative, des bibelots, du « bricabracomania » moqué par les Goncourt, où l’art devient un objet de consommation à destination des intérieurs. Le kitsch est à l’origine stigmatisant : il désigne une accumulation de produits inauthentiques et de mauvais goût de la part des « parvenus ».

Puis, à partir du milieu du XXe siècle, vient l’ère du kitsch de masse ou néokitsch : il ne s’agit plus du goût d’une classe sociale ambitieuse, mais un nouveau mode de production économique fondé sur la standardisation d’objets médiocres et bon marché, reproductibles à l’infini. « Comment voulez-vous, le rasoir électrique ayant liquidé (le barbier) Figaro, que l’on chante encore la messe en latin et que les chevaux des manèges d’enfants ne soient plus en bois mais en matière plastique ? », écrivait Jean Cau, qui déplorait l’avènement de l’ère de l’universelle légèreté, ou les briquets Bic colorés ont remplacé les sobres et solides briquets tempête. Nous sommes désormais dans l’ère de l’hyperkitsch : l’accumulation, la surcharge, l’inauthenticité sont partout. Des entrées de villes devenus des jungles de logos interchangeables aux plateformes numériques proposant des millions d’heures de série, en passant par les réseaux sociaux ou se multiplient les images criardes, nous sommes entrés dans la « civilisation du trop », où tout s’accumule, tout dégouline, tout déborde dans un grand écœurement général. « C’est Noël tous les jours », comme disait Roger Scruton, cité par nos auteurs. L’exceptionnel est devenu ordinaire, l’artisanal jetable, le merveilleux frelaté. Mais le kitsch n’est pas une esthétique, c’est aussi une éthique, et une sensibilité, qui laisse la place au sentimentalisme exacerbé, aux stimuli qui satisfont immédiatement l’œil sans nourrir le cœur. Hyperviolence des productions cinématographiques, guimauve émotionnelle des soap-opéras américains : la standardisation rejoint l’appauvrissem*nt des affects. Du sucre culturel. Jeff Koons, l’artiste

kitsch par excellence, l’a très bien résumé : « L’art n’est pas seulement inscrit dans une peinture de Van Gogh ou une sculpture, pour moi l’art, c’est tout ce qui excite et stimule le spectateur. » On se souvient ce qu’en disait Milan Kundera dans L’Insoutenable Légèreté de l’être : le kitsch est la « dictature du cœur », un « miroir embellisseur et mensonger » qui évacue le conflit et la mort. Depuis l’école de Francfort, les penseurs critiques se sont attachés à théoriser la question de la culture de masse, dont le kitsch est le drapeau. Adorno et Horkheimer ont fustigé l’abêtissem*nt des masses par le nivellement de l’industrie culturelle. Impuissance de la philosophie… depuis, le kitsch n’a fait qu’accroître son empire. Il s’est mondialisé : 95 % des boules à neige distribuées en France sont fabriquées en Chine. Las Vegas, capitale de l’hyperkitsch au baroquisme surdimensionné, concentre des répliques en toc des monuments du monde entier. Bollywood imite Hollywood, et le « kawaï », émanation de la pop culture japonaise, fait le tour du monde. Le kitsch n’est plus moqué, mais célébré. « Ce qui était, dès le départ, jugé comme l’émanation d’un goût médiocre de parvenus bourgeois cherchant à singer le raffinement et l’élégance des classes supérieures est devenu, dans le kitsch contemporain, une recherche délibérée. » Désormais, les grandes marques de luxe affichent un mauvais goût surexposé et intentionnel. Kitsch is the new chic. C’est une réflexion qui nous poursuit ces temps-ci dans cette chronique : sont-ce les idées qui mènent le monde ou les infrastructures technologiques et économiques qui impriment les comportements ?

La civilisation du marbre et de l’olivier produit le Parthénon, celle du plastique, le kitsch. L’invention des polymères, dérivés du pétrole, qu’on appelle couramment « plastiques » date de 1907 : leur production est passée de 2,3 millions de tonnes en 1950 à 460 millions de tonnes aujourd’hui. Les ressources en hydrocarbures étant limitées, le plastique pourrait-il disparaître ? Plus généralement, le kitsch est intimement lié à une civilisation consumériste et industrielle reposant sur des ressources illimitées dont on sait qu’elle touche à sa fin. À la médiocrité morale, à la paupérisation esthétique et existentielle s’ajoute désormais la critique de la catastrophe écologique qu’induit la massification du kitsch. « La fête humaine frivole et joyeuse » fustigée par Hans Jonas est en train de prendre fin. Le kitsch disparaîtra-t-il en même temps que la civilisation thermo-industrielle ? Les tulipes de Jeff Koons ne nous consolent plus face au retour du tragique. Le kitsch nous manquera-t-il ? Les auteurs, qui ne veulent surtout pas apparaître comme de vilains réactionnaires, se croient obligés de préciser que « seule une problématique nostalgique et esthético-élitiste peut assimiler unilatéralement le néokitsch au mal ». Ils soulignent à juste titre cependant que le spectacle de l’urbanisme contemporain, éliminant le jeu des couleurs vives au profit de l’uniformité du blanc et du noir n’est guère plus enchanteur que le criard kitsch et bling-bling. Reste que la lecture de cet essai exhaustif sur la grande bouffe marchande nous donne l’envie de renouer avec le vœu inscrit sur le fronton du temple de Delphes : « Rien de trop ». Un viatique pour un XXIe siècle qui sera celui de la fin de l’abondance. ■

Le témoignage choc d’un poutinien repenti tête à tête Charles Jaigu

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e me suis royalement planté ! », écrit Jean-Michel Cosnuau dans son récit d’une désillusion russe. Il le dit à propos des intentions stratégiques de Vladimir Poutine en Ukraine, qu’il pensait plus raisonnables, mais l’expression vaut pour vingtcinq ans d’espoir que la Russie libérée du communisme finirait par importer, en les mettant à sa sauce, « les valeurs » du monde libre. Jean-Michel Cosnuau est un gaulois pure rillette du Mans, mais il a été tôt envoûté, dès la fin des années Eltsine, par la folie déjantée du chaos postsoviétique. Il a façonné avec d’autres, beaucoup d’autres, cette « nuit russe » légendaire, en investissant dans des bars, restaurants, boîtes de nuit et en y apportant sa « french touch ». Il a joué pendant vingt ans les imprésarios d’une fête slave remplie de vodka, de drogue, de femmes d’une beauté assassine. À intervalles réguliers, il se retirait dans un monastère en compagnie d’un starets. La Russie offrait le frisson d’une vie disjonctée, hors de toutes les bonnes manières, hors des chemins tracés. En

dépit de tout ce qu’il subodorait de la violence tatare intacte du maître du Kremlin, on comprend très bien que Jean-Michel Cosnuau soit passé outre les objections de ses amis qui lui parlaient des violations des droits de l’homme. Il était subjugué par l’attrait vénéneux de cette société convulsive, dangereusem*nt offerte à la convoitise impudique des étrangers. « Il ne faut s’en prendre qu’à soi si on choisit de vivre dans le pays où vivent les dragons », écrit son ami Emmanuel Carrère dans sa préface. On ne peut pas vivre vingt-trois ans en Russie sans être poutino-compatible. Quand nous le lui disons, il corrige : « Je n’étais pas hostile, mais je n’étais pas un proche, ni un fan. » En 2015, pour son premier livre, Froid devant !, il nous avait dit : « Je ne suis pas poutinolâtre, je suis anti-anti-poutinien. » Beaucoup étaient sur cette ligne, et nous aussi. Le maître du Kremlin avait stabilisé le pays, avec les moyens du bord. Il avait droit au respect de ses zones d’influence, tout comme les États-Unis, qui n’apprécieraient pas qu’on vienne les titiller au Mexique. Et puis, il y avait malgré tout, une économie en reconstruction. « Grâce aux ressources naturelles, la théorie du ruissellement, qui ne marche pas souvent, avait enfin commencé à donner des résultats : une classe moyenne émergeait », se souvient-il. Mais ces évolutions restaient fragiles et à la merci des objectifs politiques de la nouvelle nomenklatura. « À partir de

FSB, c’est le KGB « enLe pire, avant ils étaient au service du Parti, maintenant l’État est à leur service

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Manon Jalibert

Jean-Michel Cosnuau

2015, on est entrés dans une période difficile. L’annexion de la Crimée était une erreur, même s’il y avait de bonnes raisons de la rattacher à la Russie ; Poutine aurait pu obtenir d’en faire un État indépendant, une sorte de grand Monaco », nous dit-il. Peu à peu, les sanctions économiques pleuvent, le prix du pétrole et du gaz baisse. « J’ai senti que les portes et les fenêtres de la maison russe se refermaient. » C’est à ce moment que la grande histoire percute la vie du « petit français ». Soudain, l’océan des possibles russes auquel il croyait est devenu un cloaque nauséabond. Les rackets du FSB, maison mère du pouvoir central, connaissent des rendements décroissants. « Le FSB, c’est le KGB en pire, avant ils étaient au service du Parti, maintenant l’État est à leur service. » Tout tourne mal en 2016, avec une descente du FSB dans les locaux de la boîte de nuit. L’examen de routine se transforme en un aller simple pour la prison, sous un prétexte inventé de proxénétisme. Mis en liberté surveillée, il attend un acquittement qui ne vient pas. Ses habituels protecteurs fort bien rémunérés ont perdu la main. Le FSB n’en fait qu’à sa tête. Pour sortir de ce cul-de-sac, il prépare son évasion. Son livre est le récit épicé d’un Monte-Cristo des steppes. Deux ans plus tard, Cosnuau a sauvé sa peau. Il vit depuis 2018 en Géorgie, où il a ouvert un bar à huîtres avec son épouse russe. Son histoire est à mettre en bonne place dans la liste des témoignages de la grande gueule de bois des années Poutine. Elle montre que même les compagnons de route de cette Russie nouvelle ne pouvaient pas tirer leur épingle d’un jeu de corruption et d’une paranoïa devenue folle. Parmi ses amis français ou russes de ces années-là, nombreux sont partis afin d’éviter la prison russe. Ceux qui sont restés ont survécu en surenchérissant sur la propagande du régime. « Ils sont atteints par un syndrome de Stockholm aigu. Toutes les conversations se terminent par : “C’est la faute des Américains.” » À ces poutinolâtres, Cosnuau conseille la lecture de D’un château l’autre…, pour se préparer aux déconfitures qui suivent les grands soirs fascistes. Cosnuau est convaincu que Poutine finira par tomber, et que ce qui reste de patriotisme lucide dans les entrailles du FSB entraînera un coup d’État. Il parie sur un tandem associant

« un homme passé par l’Europe, comme l’oligarque Khodorkovski, et le président de Rosneft, Igor Setchine ». Mais Cosnuau s’est souvent trompé… et l’heure n’a pas encore sonné. Nous lui demandons si les lumières de la fête se sont éteintes dans la capitale slave. « Ceux à qui je parle encore me disent que les riches moscovites qui n’ont plus accès aux devises étrangères dépensent sans limites l’argent qu’ils ont dans des fêtes privées somptueuses : c’est le Titanic ! » Un autre livre publié ces jours-ci complète ce tableau. Dans Wild Wild Siberia (Éditions Buchet-Chastel), Josh Haven nous raconte, sous la forme d’un roman à clé, l’histoire vraie d’un investisseur tchèque et d’un banquier américain qui ont risqué leur vie en rachetant les actions de Gazprom au nez et à la barbe de l’équipe dirigeante. Ce livre nous rappelle que quelques étrangers ont acheté pas cher les confettis des entreprises d’État russes - c’est l’antienne de Poutine, qui reproche à l’Occident d’avoir abusé de la nation affaiblie -, mais il montre surtout que ce sont les patrons russes et déjà mafieux de ces sociétés d’État qui ont accaparé le butin en le volant à leurs concitoyens. Ce fut le plus beau délit d’initié de l’histoire du capitalisme sauvage. Fortunes faites, les oligarques ont tout envoyé dans des comptes bancaires à l’étranger. Poutine les remplacera par des hommes à son service. Sa fortune (détenue directement ou par des tiers) approcherait les 200 milliards de dollars. Comme dit Cosnuau : « La lutte contre la corruption en Russie : éliminer les clans adverses et les remplacer par des amis. » La boucle est bouclée. « Je quitte un monde qui a échoué à être ce qu’il aurait pu être et qui se réfugie dans une version idéalisée de son passé le plus sombre. » La Russie, c’est fini. ■

Dans l’œil du FSB Jean-Michel Cosnuau, Seuil, 220 p., 19,90 €.

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Jean-Michel Cosnuau fait le récit haut en couleur de ses mésaventures russes. La décadence n’est pas en Occident, mais en Russie.

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Le français ne va pas si bien, hélas

I Tribune collective* Dans Les Linguistes atterrées. Le français va très bien, merci, un texte publié chez Gallimard (collection « Tracts »), un collectif d’auteurs et de professeurs affirment notamment que « le français n’existe pas » et attaquent l’Académie française. Jean Pruvost, linguiste et professeur émérite, leur répond dans une tribune cosignée par une vingtaine de spécialistes et amoureux du français, dont l’académicien Michel Zink, l’écrivain Jean-Michel Delacomptée ou le linguiste Alain Bentolila.

l y a des titres perturbants. Pour les typographes, pour le corps enseignant dévoué auprès de ses élèves, pour le public amoureux de la langue française. On n’y prend pas garde mais, sur la première de couverture du « Tracts » n°49 chez Gallimard, avoir affiché en guise de titre « Les linguistes atterrées », l’adjectif étant doté d’un e final grisé - une nouveauté inclusive inapplicable -, suffirait à démentir le sous-titre : « Le français va très bien, merci ». Cette sèche formule de politesse sonnant comme : « Il n’y a rien à ajouter. » Une soixantaine de pages vont cependant suivre… « Tracts », collection passionnante chaque fois qu’elle offre le point de vue d’une personnalité, se prête mal au collectif lorsque, dès les premières lignes, le discours tenu laisse croire qu’un petit groupe s’exprime au nom de tous les linguistes. De quel droit ? Ainsi : « Nous, linguistes, sommes proprement atterrées… », atterrés que d’autres puissent s’inquiéter pour la langue française et ne pas participer à une euphorie laissant croire que l’anglicisation, l’orthographe et l’écriture inclusive ne seraient que des préoccupations d’ignorants ou de vieux conservateurs, voilà qui reste un tantinet méprisant. On se souvient alors de la formule : « C’est nous les savants ! », lue chez Anatole France, alias Pierre Nozière, dénonçant le fait d’assimiler tous ceux qui pensent différemment à des égarés. Et de retrouver ce manichéisme avec la formule pompeuse des « scientifiques de la langue », supposés nous expliquer les bienfaits des pronoms non genrés, les vertus des graphies inclusives, suggérant au choix étudiant.e.s ou étudiant.es pour « dépasser le binarisme du genre grammatical ». En bon principe, les « scientifiques » devraient observer, analyser sans exclure et rendre compte de tous les points de vue. Certes, il est juste d’affirmer que toute langue a une histoire et on apprécie aussi que soit souligné combien « la langue est un pouvoir », et les langues « soumises à des règles », mais pourquoi alors fustiger le questionnement légitime : « Est-ce que c’est correct ? » Quel étonnement de lire comme si ce n’était plus à enseigner que « le participe passé avec l’auxiliaire avoir tend à devenir invariable » : la lecture de la presse suffit à constater qu’il n’en est rien. C’est comme si on affirmait que l’infinitif et le participe passé tendent à se confondre, la faute existant dans les copies. À ce train-là on peut supprimer l’enseignement de l’orthographe…

très heureux des travaux de la Délégation générale à la langue française et aux langues de France en lien avec l’Académie française luttant contre ces abus, préférant infolettre plutôt que newsletter ? N’a-t-on pas le droit de rappeler que la langue française a toujours bénéficié d’une politique linguistique, de Villers-Cotterêts jusqu’aux institutions actuelles ? Autre point de vue heurtant : « Pourquoi les linguistes ne privilégient pas la littérature et le bon usage ? » avec pour arguments que « la moitié des langues humaines sont sans tradition écrite » et que « la littérature ne peut servir d’alibi pour autoriser ou interdire telle ou telle construction ». Alibi ? Le ton est au procès : les femmes et les hommes de lettres invités à « La Grande Librairie » n’ont-ils aucun rôle dans ce plaisir d’une langue mise au service des sentiments, de la pensée ? Faut-il rejeter tout modèle ? On peut certes adhérer aux Ne devrait-on pas penser en toute explications données modestie que si Molière est devenu un sur les mécanismes de la langue, mais il symbole, c’est peut-être parce qu’il nous reste consternant que rassemble et continue de nous enrichir ? resurgisse la critique acerbe et injuste Inutile de nous infantiliser avec de l’Académie française, démon hantant des « Eh oui, la prononciation aussi quelques linguistes qui n’en connaissent a changé » : personne ne contredira pas les travaux. Au-delà du ton qu’il faut « étudier la langue de Molière », ce méprisant, l’information est fallacieuse : que font chaleureusem*nt les professeurs. « Si l’Académie n’est pas à jour sur le Avouons-le, on apprécie que dans les vocabulaire, elle ne l’est pas non plus en suggestions ponctuant chaque chapitre, grammaire. Sa seule grammaire date de intitulées « Et si ? », soit abandonné 1932. » Quelle honte d’écrire cela ! Cette le ton « donneur de leçon ». grammaire n’était pas une commande, « Le français n’existe pas »… Effet de mais le fait d’un auteur, et l’Académie manche sans doute, car pour l’expliquer ne l’a jamais mise en avant. Quant à être est mis en œuvre un français accessible à jour… faut-il rappeler que l’Académie est à tous les francophones. Tout le monde au vif des commissions d’enrichissem*nt sait que des variantes existent d’un pays de la langue française rassemblant à l’autre mais en quoi avancer que des centaines de spécialistes de tous rencontrer « je vas » au Québec est les domaines, de l’éducation aux sciences un argument pour ne pas enseigner physiques, en passant par les sports et « je vais » là où c’est la norme ? l’informatique ? Il eût été honnête de « Le français n’est pas envahi par signaler la présence d’un portail numérique l’anglais », nous est-il asséné : pourtant très apprécié : d’un clic bénéficier 80 % des messages publicitaires reçus gratuitement d’un article consacré à l’un électroniquement passent par un intitulé des 60 000 mots de la neuvième édition anglais. Aussi faut-il relire le rapport de presque achevée, avec son étymologie, des l’Académie française publié en février définitions très soignées, assorti d’une part 2022, « pour que les institutions françaises d’un lien direct avec FranceTerme, riche parlent français », offrant plus de trente de pas moins de 8 000 termes scientifiques, pages fortes de nombreux exemples. d’autre part de liens avec la Base de 70 % des Français seraient horripilés par données lexicographique panfrancophone la présence asphyxiante d’anglicismes : et l’Office québécois de la langue française, est-ce à ignorer ? Faut-il tenir pour rien ces véritable ouverture à la francophonie, sans rejets du « french impact », de « my Loire oublier un fichier de conseils quant Valley », du « Fun-Mooc », des voitures à l’usage, n’est-ce pas extraordinaire ? « easy-life » ? Ne peut-on être inversem*nt Quel dictionnaire au monde peut offrir Il n’est pas inintéressant de lire que parfois « la forme correcte d’aujourd’hui est souvent la faute d’hier », en donnant l’exemple du fromage se disant initialement formage. À dire vrai, c’est presque un contre-exemple : quel professeur ne corrigerait pas gentiment cette graphie d’hier dans un texte d’aujourd’hui ? Personne par ailleurs ne prend au pied de la lettre la périphrase assimilant le français à « la langue de Molière », et l’anglais à « la langue de Shakespeare ». De là à « traduire Molière », il y a un pas. Assimiler jocrisse ou transport - la vive émotion - à des archaïsmes, c’est nier leur existence dans le registre de langage soutenu. Ne devrait-on pas penser en toute modestie que si Molière est devenu un symbole, c’est peut-être parce qu’il nous rassemble et continue de nous enrichir ?

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pour un mot, « atterrer » par exemple, d’un clic la définition de 1694, 1718, 1740, 1762, 1798, 1835, 1878, 1935, et celle du XXIe siècle ? Quel outil pour les professeurs et leurs élèves, et pour nous tous ! Il faut assurément une grande mauvaise foi pour oser écrire que « depuis le XIXe siècle, l’Académie française ne suit plus l’évolution de la langue ». En quatrième de couverture, est évoqué un combat contre les idées reçues. D’abord balayer devant sa porte. On sera cependant d’accord avec un constat commun : l’« immense vitalité » de notre langue. À préserver absolument. ■ * Signataires : Pascal-Raphaël Ambrogi, écrivain et lexicographe. Fabrice Antoine, professeur émérite de l’université de Lille (traduction, lexicologie, lexicographie). Alain Bentolila, linguiste, auteur et professeur à l’université Paris-Descartes. Sami Biasoni, docteur en philosophie et essayiste. Alain Borer, écrivain, poète, auteur de « Speak White ! » Pourquoi renoncer au bonheur de parler français ? Jean-Loup Chiflet, éditeur et écrivain. Isabelle Courtin, enseignante en langue française et lettres modernes, UFR des langues et cultures étrangères. Jean-Michel Delacomptée, écrivain, auteur de Notre langue française. Bruno Dewaele, professeur agrégé de lettres modernes, champion du monde d’orthographe. Joëlle Ducos, linguiste et philologue médiéviste. Michael Edwards, académicien, écrivain, professeur au Collège de France. Luc Fraisse, professeur à l’université de Strasbourg, membre honoraire de l’Institut universitaire de France. Jean-Joseph Julaud, écrivain, auteur du Petit manuel à l’usage de ceux qui doutent. Jean Maillet, écrivain, auteur de Langue française : arrêtez le massacre ! Andrea Marcolongo, auteur, diplômée de lettres classiques de l’Università degli Studi de Milan. Franck Neveu, professeur de linguistique française à Sorbonne Université, spécialiste de la syntaxe du français et de l’histoire des idées grammaticales. Françoise Nore, docteur en linguistique, spécialisée en lexicologie, traductrice. Olivier Soutet, linguiste et professeur d’université émérite. XavierLaurent Salvador, agrégé de lettres modernes et maître de conférences en langue et littérature médiévales. Marie Treps, linguiste, sémiologue au CNRS (Institut national de la langue française), auteur de Les Mots voyageurs. Petite histoire du français venu d’ailleurs. Frédéric Vitoux, académicien, président de la commission d’enrichissem*nt de la langue française. Michel Zink, académicien et philologue.

Quand la justice condamne l’écriture inclusive

Dessins : fabien clairefond

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es bonnes nouvelles juridiques se font rares de nos jours mais il arrive qu’au hasard de l’actualité surgisse soudain un petit bonheur, un « bonbon » qui redonne le sourire au légiste inquiet de la dégradation du droit français. La décision du tribunal administratif de Grenoble, en date du 11 mai 2023, annulant une délibération du conseil d’administration de l’université rédigeant les statuts de celle-ci en écriture dite « inclusive », fait partie de ces douceurs qui mettent du baume aux cœurs républicains. Depuis plusieurs décennies déjà, les rapports s’amoncellent sur la qualité lamentable des normes, mais l’apparition dans les administrations de l’absurde écriture inclusive promue par le féminisme woke et les études de genre menace de détruire tout simplement la langue française au prétexte de déconstruction. C’est évidemment à l’Université que le phénomène a pris de l’ampleur tant il est vrai que, selon la fameuse formule d’un précédent Le tribunal administratif de Grenoble a annulé, ministre le 11 mai 2023, une délibération du conseil de l’Éducation nationale, d’administration de l’université Grenoble-Alpes « le poisson pourrit rédigeant les statuts de celle-ci en écriture par la tête ». « inclusive ». Le professeur émérite de droit public Conscient de à l’université de Rennes et l’ancien secrétaire cette dérive et du général du Conseil constitutionnel se réjouissent risque de voir de cette décision. saborder le principe

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Anne-Marie Le Pourhiet et Jean-éric Shoettl

inscrit à l’article 2 de la Constitution selon lequel « la langue de la République est le français », le premier ministre Édouard Philippe a bien adopté une circulaire en date du 21 novembre 2017 prohibant l’usage de cette écriture mais elle ne s’adresse toutefois qu’aux services de l’État lui-même et ne concerne de surcroît que les textes publiés au Journal officiel. Ni les établissem*nts publics ni les collectivités territoriales ne sont donc concernés tandis que les notes, avis, courriers, usages et actes non publiés au Journal officiel ne sont pas non plus tenus au respect de ce texte qui s’est donc limité au service minimum. Le ministre de l’Éducation nationale est intervenu de son côté par une circulaire du 5 mai 2021 adressée aux recteurs, directeurs d’administration centrale et personnels de son ministère. Rappelant les termes du secrétaire perpétuel et du directeur de l’Académie française condamnant vigoureusem*nt l’écriture inclusive, il ne la proscrit cependant explicitement que « dans le cadre de l’enseignement » et s’abstient délibérément d’en faire autant dans les actes et les usages administratifs qui ne sont pas mentionnés sous la prohibition. Il est donc parfaitement clair que le gouvernement a joué délibérément du « en même temps » en n’osant pas procéder de façon générale et énergique. Parallèlement, une proposition de loi « visant à interdire et à pénaliser l’usage de l’écriture inclusive dans les administrations publiques et les organismes en charge d’un service public ou bénéficiant de subventions publiques », déposée à l’Assemblée nationale en 2021, n’a pas été discutée, tandis qu’un second texte identique a de nouveau été déposé en février 2023, sans plus de succès pour l’instant. L’écriture inclusive a donc pu se généraliser dans les universités

On rappellera que l’Académie française avait, dès 2017 et à l’unanimité de ses membres, qualifié l’écriture inclusive d’« aberration génératrice de confusion confinant à l’illisibilité » et que, dans une lettre ouverte ultérieure, son secrétaire perpétuel et son directeur l’ont encore jugée nuisible à la pratique et à l’intelligibilité de la langue française, procédant d’une injonction brutale, arbitraire et non concertée, fondée sur de faux arguments scientifiques et méconnaissant gravement les règles du genre grammatical. Il reste cependant dommage que ce soit Il reste un tribunal administratif qui ait encore cependant dommage que dû sanctionner localement cette dérive ce soit un tribunal lamentable de nos institutions au lieu administratif qui ait encore et place des élus de la nation auxquels sanctionner il incombait de le faire depuis longtemps dû localement cette par une loi solennelle et générale dérive lamentable de nos institutions au lieu et place des élus de la nation statuts en écriture inclusive, accumulant auxquels il incombait de le faire depuis les dispositions du type : « La séance est longtemps par une loi solennelle et présidée par le.la directeur.rice sortant.e. générale. Cette carence est d’autant Si ce.cette dernier.ère est candidat.e, plus préoccupante qu’il n’est pas la séance est présidée par le.a doyen.ne certain que le Conseil d’État, devenu d’âge élu.e non candidat.e parmi très sensible aux chants des sirènes les enseignant.es, enseignant.es intersectionnelles, confirme la décision chercheur.es et les chercheur.es. » des premiers juges. Sur recours d’un professeur d’anglais, Dans sa décision de 1994 sur la loi auquel la patrie sera toujours Toubon, le Conseil constitutionnel reconnaissante, le tribunal administratif avait rappelé que « s’agissant de Grenoble a donc invoqué tout à la fois du contenu de la langue, il est loisible l’objectif de valeur constitutionnelle de au législateur de prescrire aux personnes clarté et d’intelligibilité de la norme, morales de droit public comme aux consacré par les jurisprudences personnes de droit privé dans l’exercice concordantes du Conseil constitutionnel d’une mission de service public, l’usage et du Conseil d’État ainsi que obligatoire d’une terminologie officielle ». la déclaration de l’Académie française Puissent ces évidences républicaines du 26 octobre 2017, pour conclure inspirer enfin un Parlement que la nouvelle rédaction des statuts qui n’a pas à déléguer son pouvoir nuisait à leur compréhensibilité normatif aux juges. ■ immédiate et devait donc être annulée. dont le personnel et les étudiants sont bombardés de courriels et d’affichages illisibles, s’ajoutant aux insupportables injonctions à désigner des « commissaires » au contrôle du genre, à suivre des stages de formation contre les violences et discriminations sexistes, la « précarité menstruelle » et autres gracieusetés dont nous accable une bureaucratie orwellienne infiltrée par les officines militantes. Le conseil d’administration de l’université Grenoble-Alpes n’a donc pas hésité à rédiger une réforme de ses

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jeudi 25 mai 2023

champs libres le figaro

Opinions [emailprotected] www.lucferry.fr

Veiller sur les enfants est un devoir

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nvité par une association de protection de l’enfance, son président me demande d’expliquer les raisons pour lesquelles nous avons vis-à-vis des enfants une responsabilité particulière, sans doute différente et plus pressante que celle que nous avons vis-à-vis des adultes. De fait, il est indéniable que le meurtre d’un enfant, comme celui de cette petite fille de 5 ans assassinée il y a peu par un adolescent, nous bouleverse plus encore que tout autre meurtre. Sans même y penser, on se met spontanément à la place des parents, on imagine leur peine indicible, irrémédiable. Il est clair que ces petit* êtres nous arrachent

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100 000 citations et proverbes sur evene.fr

des sentiments qui dépassent toutes les autres formes d’amour ou d’amitié qu’on a pu connaître au cours de sa vie. Il faut ne pas avoir eu d’enfants, ne pas avoir connu cette expérience si singulière et pourtant si banale, pour ne pas en avoir conscience. De fait, on a beau avoir aimé ses parents, ses frères et sœurs, être, comme on dit si bien, « tombé » fou amoureux d’un partenaire adulte, reste que l’amour des enfants est à nul autre pareil, et je voudrais ici tenter de dire pourquoi, car c’est là une expérience qui peut échapper même à des personnes d’une grande intelligence si elles ne l’ont pas éprouvée par elle-même. Je pense en l’occurrence à Milan Kundera, sans nul doute un des plus

ENTRE GUILLEMETS 25 mai 1693 : mort de Mme de La Fayette, femme de lettres. Archives Charmet/Bridgeman Images

« La Princesse de Montpensier » (1662)

L’amour fit en lui ce qu’il fait en tous les autres ; il lui donna l’envie de parler»

analyse Olivia Détroyat

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Aider les éleveurs à évoluer, pas à mourir

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aro sur les éleveurs. Alors que sera présenté à la rentrée le projet de loi d’orientation agricole, qui fixera le cap pour les prochaines décennies de la France agricole, le débat refait violemment surface sur l’impact environnemental de l’élevage bovin. Et sur l’avenir d’une filière phare de l’agriculture française, qui fait vivre près de 100 000 producteurs de vaches, de bœufs ou de veaux. Lundi, c’est un rapport inattendu de la Cour des comptes qui a mis le feu aux poudres. Dans une étude poussée, il met ainsi en avant un constat implacable : avec près de 12 % des 445 millions de tonnes équivalent CO2, l’élevage est l’un des plus gros émetteurs de gaz à effet de serre. Et s’il améliore son bilan en stockant du carbone dans les prairies qui nourrissent ses bêtes, son impact environnemental reste assez largement négatif. Surtout, si les 17 millions de bêtes du cheptel tricolore remplissent bien les assiettes des Français, avec une autosuffisance estimée à 95 %, elles ne remplissent plus les portefeuilles de ceux qui les élèvent. « Sans les aides, (…) 90 % des exploitations bovines et 40 % des laitières auraient présenté en 2019 un résultat courant avant impôt négatif » rappellent les rapporteurs. Si ce constat est déjà connu dans les grandes lignes, ce sont surtout les deux conclusions qui en sont tirées par les sages de la rue Cambon qui ont électrisé les campagnes. L’idée : plutôt que de consacrer 4,3 milliards d’aides par an au soutien de cette filière,

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Dassault Médias (actionnaire à plus de 95 %) 14, boulevard Haussmann 75009 Paris Président-directeur général Charles Edelstenne Administrateurs Thierry Dassault, Olivier Costa de Beauregard, Benoît Habert, Rudi Roussillon

grands écrivains de notre temps. J’ai grande admiration pour lui, mais j’ai observé qu’il s’était souvent irrité de l’emphase mise sur l’amour des enfants au motif que, dans nos sociétés modernes, ils seraient devenus selon lui les seuls êtres dignes de compassion. Dans un de ses livres, La Lenteur, Véra, sa femme, l’interroge sur la famine qui dévasta la Somalie au début des années 1990 : « Est-ce qu’il y a aussi des vieux qui meurent dans ce pays ? » La réponse de Kundera vient, évidemment ironique, à vrai dire sarcastique : « Non, non, ce qui a été si intéressant dans cette famine-là, ce qui l’a rendue unique parmi les millions de famines qui ont eu lieu sur cette terre, c’est qu’elle fauchait seulement les enfants. Nous n’avons vu aucun adulte souffrir sur l’écran même si nous avons regardé les informations tous les jours, précisément pour confirmer cette circonstance jamais vue. » Du reste, ajoute l’écrivain, toujours sur un mode ironique, c’est en bonne logique qu’on a confié aussi à des enfants le soin de réunir les fameux sacs de riz adressés en grande pompe aux petit* Somaliens, une vision sentimentale du monde, abstraite et médiatique, qui baigne selon lui dans l’infantilisme et le jeunisme. Victoire de la niaiserie, donc, si l’on en croit Kundera. Je pense exactement l’inverse. J’opposerai volontiers à son pessimisme les quelques pages que Hans Jonas a consacrées à l’enfance dans son livre, Le Principe responsabilité, des pages qui, toute révérence gardée et malgré mon admiration pour Kundera, me semblent infiniment plus justes et plus profondes que son ironie, talentueuse, mais fausse. Selon Jonas, en effet,

finançons la reconversion des éleveurs les plus en difficulté, et abattons une partie « importante » du bétail français. Des mesures qui ont immédiatement suscité une levée de boucliers dans les campagnes, de la FNSEA au ministre de l’Agriculture, en passant par les éleveurs de la FNB et les industriels laitiers de la Fnil. Encore plus à l’heure de la souveraineté alimentaire, érigée en priorité par le président Macron depuis trois ans. « Agacés », « blessés », « stigmatisés »… les mots pleuvent d’ailleurs depuis deux jours dans les fermes. Depuis quinze ans, et même si la crise du Covid a redoré l’image de la ferme France, les éleveurs sont ainsi régulièrement la cible d’attaques en règle, souvent savamment orchestrées par des associations vertes et animalistes. Récemment, l’inauguration par le ministre de l’Économie Bruno Le Maire d’une usine de fausse viande avait d’ailleurs rappelé ce clivage « anti » et « pro » viande. Mais venue d’une des plus hautes juridictions de la République, la charge revêt cette fois une portée symbolique. Et donc une émotion inédite. Pour radical qu’il soit en préconisant d’amputer des filières lait et viande, qui apportent 4,4 milliards d’euros à la balance commerciale française - qui en a bien besoin -, le rapport dresse toutefois quelques pistes intéressantes. Et malheureusem*nt insuffisamment explorées par les auteurs. D’abord, celle sur la génétique et la nutrition animale, qui doivent permettre

de baisser de 10 % à 20 % les émissions de méthane du bétail, lors de la rumination. Une économie non négligeable. Les géants laitiers Danone et plus récemment Bel déploient déjà des rations alimentaires permettant aux troupeaux de leurs producteurs de baisser de 25 % à 30 % ces émissions. À côté, l’adaptation de l’offre bovine à la consommation, aussi évoquée par le rapport, sera plus longue à mettre en place. Mais une autre mutation est déjà en marche dans nos campagnes ; celle de la diversification des activités pour moins dépendre de l’exploitation d’un cheptel, dont la baisse est désormais structurelle. De ce point de vue, la production de biogaz et d’énergie solaire dans les fermes via la méthanisation et l’agrivoltaïsme répond au double défi financier et environnemental de l’élevage. Dernière porte de sortie soulevée enfin par les sages, même si trop brièvement: celui de la taille des exploitations. Alors que le cheptel bovin décroît de 1,5 % à 3 % par an depuis 2017 selon l’Institut de l’élevage, l’agrandissem*nt des fermes et les gains de productivité ont maintenu notre production, et nos positions laitières à l’export. Avec moins de 7 000 litres par an et par vache, la France a de ce point de vue encore une marge d’amélioration par rapport à nos voisins allemands ou italiens. Autant de sujets qui vont dans le sens d’un élevage laitier déjà en mouvement. Mais qui ne fera pas l’économie d’un autre électrochoc : celui de faire enfin le deuil de l’unique modèle de la ferme familiale.

les États ont envers les enfants qui dépendent ou pourraient dépendre d’eux, « une responsabilité bien différente de celle du bien-être des citoyens en général ». Et il poursuit : « L’infanticide est un crime comme n’importe quel autre meurtre, mais un enfant qui meurt de faim, c’està-dire un enfant dont on accepte qu’il meure de faim, est un péché contre la première et la plus fondamentale de toutes les responsabilités qui puissent exister pour l’homme comme tel. » De fait, le petit enfant est non seulement vulnérable, fragile, mais sa vulnérabilité est pour ainsi dire une « vulnérabilité a priori pour autrui » en ce sens que sa vie ne peut se poursuivre sans l’aide des adultes. Elle fait donc appel en tant que telle, de manière intrinsèque, sans passer par le détour d’aucun raisonnement, vers une réponse immédiate de notre part. Avant toute demande explicite (comment le nourrisson pourrait-il demander quoi que ce soit ?), elle incarne ce que le souci de l’autre, et pas seulement de soi, a de plus profond, une responsabilité qui ne saurait être compensée, comme dans le monde des adultes, par une quelconque réciprocité. J’ajouterais que dans l’optique universaliste qui est à juste titre celle de l’action humanitaire, l’enfant incarne par excellence la catégorie abstraite de la victime : sa responsabilité n’est pas engagée dans les conflits où il risque sa vie, et son appartenance à quelque communauté que ce soit n’est en réalité que celle de ses parents. Veiller sur les enfants est donc un devoir sans autre limite que celle de nos possibilités.

VOX

... Chronique

« Non, la droite n’a pas “récupéré” l’affaire Lola », par l’avocat Gilles-William Goldnadel.

... Tribune

« Ce que révèle la polémique autour d’un supposé fichage des élèves absents pour l’Aïd », par l’essayiste Céline Pina.

Les rencontres du Figaro

AGNÈS VERDIER-MOLINIÉ Le gaspillage de l’argent public et les carences de l’État Le mercredi 31 mai à 20 h, Salle Gaveau. Tarif : 25 €.

fabien clairefond

Luc Ferry

Réservations : 01 70 37 18 18 ou www.lefigaro.fr/ rencontres.

SOCIÉTÉ DU FIGARO SAS Directeur des rédactions FIGAROMEDIAS Impression L’Imprimerie, 79, rue de Roissy Jacques-Olivier Martin (directeur Directeur artistique (société éditrice) Pierre Bayle 9, rue Pillet-Will, 75430 Paris Cedex 09 93290 Tremblay-en-France Alexis Brézet de la rédaction du Figaro.fr), Midi Print, 30600 Gallargues-le-Montueux Rédacteur en chef 14, boulevard Haussmann Tél. : 01Directeur 56 52 20 00 Dassault Médias SOCIÉTÉ DU FIGARO SAS Étienne de Montety Directeur(Figaro des rédactions FIGAROMEDIAS ISSN 0182-5852Impression L’Imprimerie, 79, rue de Roissy artistique Philippe Gélie (International), Frédéric Picard (Web) 75009 Paris (actionnaire à plus de 95 %) (société éditrice) Fax : 01Pierre 56 52 23 07 Bayle 9, rue Pillet-Will, 75430 Paris Cedex 09 93290 Tremblay-en-France Alexis Brézet Étienne de Montety Littéraire), n° 30600 0426Gallargues-le-Montueux C 83022 14, boulevard Haussmann Midi Print, 14, boulevard HaussmannBertrand de SaintDirecteur délégué Rédacteur en chef Tél. : 01 56 52 20 00Commission paritaire Directeurs adjoints de la rédaction (Figaro Littéraire), 75009 Paris ISSNLundi 0182-5852 75009 ParisVincent (Culture, Télévision), Frédéric Picard (Web) au vendredi de 7 h à 18h ; Fax : 01 56 52 23 07Pour vous abonner du pôle news Directeurs adjoints de la rédaction Président n° 0426 83022 Bertrand de Saint-VincentPrésident-directeur Gaëtan de Capèle (Économie), Président-directeur général Directeur délégué général sam. de 8 h à 13 hCommission au 01 70 paritaire 37 31 70. FaxC: 01 55 56 70 11 . (Enquêtes, de Capèle (Économie),Bertrand Pour vous abonner Lundi au vendredi de 7 h à 18h ; GiéFigaroscope, Télévision), Charles Edelstenne du pôle news (Culture, Président Yves ThréardGaëtan espace www.lefigaro.fr/client Charles Edelstenne Aurore Domont Président-directeurGérez généralvotre abonnement, Laurence de Charette sam. de 8 h à 13 h au 01Client 70 37 :31 70. Fax : 01 55 56 70 11 . Laurence deSports, Charette (directeur Bertrand Gié Administrateurs Yves Thréard (Enquêtes, Éditeurs Charles Edelstenne Opérations spéciales, Gérez votrepour abonnement, Client : www.lefigaro.fr/client 1 an - espace France métropolitaine Aurore Domont Formules d’abonnement Direction, administration, rédaction (pôleThierry audiovisuel), Anne-Sophie de la rédaction du Figaro.fr), Éditeurs Dassault, Olivier Formules d’abonnement pour 1 an - France Opérations spéciales, Sports, Direction, administration, rédaction Robert Mergui Club : 509 €. Semaine : 385 €. Week-end : 329 €. métropolitaine Sciences), Vincent Trémolet de Beauregard, Benoît 14, boulevard Haussmann 14, boulevard Haussmann Club : 469 €. Semaine : 329 €. Week-end premium : 270 €. Robert Mergui Anne-Sophie von Claer Directeur général, Sciences), von Costa Claer (Style, Art de vivre, F), Directeur général, Anne Pican Anne Pican Habert, Bernard Monassier, (Style, Art de vivre, F), de Villers (Politique, Société, Imprimé sur papier issu de forêts gérées durablement. 75438 Paris Cedex 09 75438 Paris Cedex 09 Vincent Trémolet de Villers directeur de la publication directeur de la publication Philippe Imprimé sur papier issu de forêts gérées durablement. Rudi Roussillon Gélie (International), Origine du papier : Allemagne. Taux de fibres recyclées : 100%. Ce journal Anne Huet-Wuillème (Édition, Tél. : 01 57 08 50 00Origine du papier : Allemagne. (Politique, Société, Débats Opinions) Marc Feuillée Taux de fibres recyclées : 100%. Ce journal est imprimé sur un papier UPM porteur de l’Ecolabel européen sous Tél. : 01 57 08 50 00 Débats Opinions) Marc Feuillée Anne Huet-Wuillème (Édition, Photo, Révision), le numéro FI/011/001. Eutrophisation : Ptot européen 0.002 kg/tonne de papier. [emailprotected] est imprimé sur un papier UPM porteur de l’Ecolabel sous [emailprotected] le numéro FI/011/001. Eutrophisation : Ptot 0.002 kg/tonne de papier. Photo, Révision, DA), FR

“Sans la liberté de blâmer il n’est point d’éloge flatteur” Beaumarchais

Ce journal se compose de : Édition nationale 1er cahier 22 pages Cahier 2 Économie 8 pages Cahier 3 Le Figaro et vous 10 pages Cahier 4 Littéraire 8 pages

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chronique

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jeudi 25 mai 2023 le figaro

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LE FIGARO. - Que s’est-il passé cette nuit du 13 novembre 2017 dans les couloirs du métro ? Judikael HIREL. - J’étais dans le métro pour rentrer du bureau après une journée de travail, comme le font beaucoup. En arrivant à la station Concorde vers 19 h 30, je suis sorti de la rame et j’ai vu un homme suivre une jeune femme qui se trouvait devant lui. En montant l’escalier, il lui a mis une main aux fesses. Ils ont commencé à se disputer. Là, il y avait deux solutions : ou je rentrais chez moi et ne m’en occupais pas, ou bien je m’en mêlais. Je m’en suis donc mêlé calmement. L’homme est parti en nous insultant. Il s’est embusqué dans un couloir latéral pour me porter un grand coup de poing à la tempe. Il m’a directement mis KO. Il a continué à m’exploser la tête à coups de pied au sol. Il voulait vraiment me tuer, juste parce qu’il était en colère et que je l’avais vexé. La jeune femme s’est couchée sur moi pour me protéger en appelant à l’aide, mais personne n’est venu. Ses cris ont fait fuir l’agresseur. Plusieurs personnes ont alors essayé de le poursuivre sans parvenir à le rattraper. Il a disparu et n’a jamais été retrouvé. Comment vous sentez-vous physiquement et psychologiquement aujourd’hui, plus de cinq ans après cette agression ? Une fois que l’on est victime d’une agression, et surtout d’une agression grave, on l’est à vie. Ce qui me le fait encore moins oublier, c’est la douleur physique. C’est une piqûre de rappel : si j’ai mal, c’est que je suis vivant. J’ai eu quatorze fractures au visage : ma mâchoire était brisée en plusieurs endroits, mes dents cassées, mon nez explosé, et tous les os en dessous des joues étaient émiettés. Les chirurgiens m’ont expliqué que j’avais eu de la chance : les os de mon visage étant peu épais, ils se sont brisés en plusieurs morceaux au lieu de reculer. Ma tête aurait été explosée et je n’aurais pas été

RENCONTRE

es agressions physiques et verbales sont une réalité quotidienne en France. Que ces agressions adviennent dans une rue déserte ou les couloirs d’un métro bondé, les réactions sont au rendez-vous. Mais l’indignation et l’effet de sidération passés, qu’advient-il des victimes ? Le journaliste Judikael Hirel est de ceux qui ont traversé cette épreuve, un soir de novembre 2017. Quatorze fractures au ­visage, plusieurs opérations de reconstruction et une longue procédure judiciaire plus tard, la colère est toujours aussi vive. Il publie Concorde ­ rouge. Dans la peau d’une victime d’agression (Le Cherche midi).

Judikael Hirel : « Si j’ai mal, c’est que je suis vivant » Le journaliste, qui a été gravement blessé pour avoir défendu une femme dans le métro, s’interroge sur le traitement des victimes d’agression en France. là pour en parler. Cela s’est joué à un ou deux coups de pied. C’est la jeune femme qui les a pris. Elle m’a sauvé la vie. Pour réparer tout ça, le chirurgien a mis une cinquantaine de microplaques de la taille d’un ongle. Ainsi a-t-il remis tous les os ensemble et a tout fait tenir en place. Tous les matins, je me réveille en me disant que chaque jour est une chance car je suis vivant et ne suis pas défiguré, alors que j’aurais pu y rester. Dans votre livre, vous citez une phrase qui vous a mis en colère et qui vous a été adressée au cours

de votre convalescence : « Vous savez, d’habitude, personne n’intervient jamais. » Cela m’a mis en colère : pourquoi personne n’intervient jamais ? Si tout le monde y mettait du sien, un agresseur qui agit pourrait comprendre qu’il est en minorité. J’ai aussi une sorte de complexe de l’imposteur. On m’a dit après mon réveil : « Vous êtes un héros. » Je n’ai pas l’impression d’être un héros : les héros, ce sont les policiers, les sapeurs-pompiers de Paris, les médecins… Moi, j’ai dit à un type d’arrêter d’agresser une femme, c’est une interaction qui a duré trente

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« On nous dit que l’État va consacrer des budgets phénoménaux à la justice du pays. Dans le même temps, j’ai constaté qu’en tant que victime, j’ai mis trois ans à obtenir une expertise judiciaire. »

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« Vous êtes un héros. » Je n’ai pas l’impression d’être un héros : les héros, ce sont les policiers, les sapeurs-pompiers de Paris, les médecins… Moi, j’ai dit à un type d’arrêter d’agresser une femme, c’est une interaction qui a duré trente secondes

Judikael Hirel

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secondes. Je me suis quasiment fait tuer pour ça. Lors de mon audition au Tribunal de Paris en vue du passage en commission d’indemnisation des victimes d’infractions, on m’a posé une question à la barre : « Est-ce que vous referiez la même chose dans les mêmes circonstances ? » J’ai répondu que, malgré mes blessures et ce que j’ai fait subir à mes proches, je referais exactement pareil. Ne pas intervenir ne me paraît pas envisageable. Votre agresseur n’a jamais été retrouvé. Comment avez-vous vécu cette situation ? C’est le seul regret que j’ai : savoir que cet homme est en liberté. Il possède désormais un sentiment d’impunité qui va se renforcer à chaque agression nouvellement commise. Il finira par devenir encore plus dangereux. S’il était déjà quasiment prêt à me tuer parce que je l’ai vexé, je n’ose pas l’imaginer au quotidien. Vous êtes très critique vis-à-vis de l’actuel garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti, qui a un jour déclaré que la formule d’« ensauvagement de la société » entretenait le « sentiment d’insécurité »… Je n’ai rien de personnel contre Éric DupondMoretti. On nous dit que l’État va consacrer des budgets phénoménaux à la justice du pays. Dans le même temps, j’ai constaté qu’en tant que victime j’ai mis trois ans à obtenir une expertise judiciaire. Les victimes, les agressions au quotidien et cette insécurité réelle, c’est quand même mieux d’éviter d’en parler. Pourtant, quand on regarde les statistiques du ministère de l’Intérieur, on se rend compte que plus de 100 000 personnes sont agressées par an, ce qui en fait plus de 300 par jour. On n’en parle pas : ni à l’élection présidentielle ni dans les médias. Les victimes, elles, doivent se débrouiller. Vous avez également constaté que les images vidéo de votre agression captées par les caméras disséminées dans le métro étaient inutilisables… J’ai vu des captures d’écran des vidéos de mon agression après les avoir demandées. Je voyais une personne floue avec une capuche, vue de haut. En d’autres termes : je ne voyais rien. On a l’impression, en tant qu’usager, que l’on est en sécurité en voyant ces caméras de vidéosurveillance. En réalité, non : elles sont de mauvaise qualité et souvent mal placées. Surtout, leurs images ne sont pas conservées et écrasées au bout de 48 heures à 72 heures « pour des raisons de respect de la vie privée ». Dans mon cas, les images de mon agression ont été conservées, car je suis allé porter plainte dans un commissariat sous 48 heures avec quatorze fractures au visage. Mais qu’en serait-il si je m’étais retrouvé dans le coma ? Vous racontez votre rencontre avec la jeune femme à qui vous avez porté assistance et qui vous a ensuite sauvé. Qu’est-ce que cela a provoqué en vous ? Je me suis surtout rendu compte que l’héroïne, c’était elle. C’est elle qui s’est jetée sur moi pour me protéger, qui a appelé à l’aide et qui a fait partir l’agresseur. Il y a une sorte d’inversion des choses qui est assez incroyable. De mon côté, j’aurais voulu qu’on la remercie plus. D’autant plus que, depuis, elle a porté assistance à une autre jeune femme qui se faisait agresser. Cela montre que si chacun y met du sien, cela peut produire des choses utiles pour tout le monde. ■

François Bouchon / Le Figaro

£@NFarmine

jeudi 25 mai 2023 le figaro - N° 24 496 - Cahier N° 2 - Ne peut être vendu séparément - www.lefigaro.fr

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lefigaro.fr/economie

immobilier

Audiovisuel

L’assèchement du crédit coupe les ailes des investisseurs Page 26

Nouvelle passe d’armes entre chaînes privées et publiques Page 30

ROMUALD MEIGNEUX/SIPA, Magali Cohen/Hans Lucas via Reuters Connect, ronstik/stock adobe

L’inexorable dérive des comptes de la Sécu

Les dépenses des branches santé et vieillesse dérapent toujours. Le recul de l’âge de départ à la retraite à 64 ans ne suffira pas à les résorber. Pages 24 et 25

La France voudrait attirer la prochaine usine Tesla Elon Musk, l’invité surprise du sommet Choose France le 15 mai, était resté muet sur ses éventuels projets d’investissem*nt. Le mystère se dissipe : dans un entretien au CEO Summit organisé par le Wall Street Journal mardi, le patron de Tesla a révélé qu’il choisirait « probablement » le lieu d’implantation d’une future usine avant la fin de l’année. Il s’agirait du sixième site d’assemblage du constructeur de véhicules électriques. Pour cette nouvelle Gigafactory, la France entend se mettre sur les rangs, confirme-t-on de source proche de l’exécutif. En 2019, c’est Berlin qui avait emporté la bataille pour la première usine européenne de Tesla. L’Allemagne avait gagné en promettant des délais d’autorisation beaucoup plus courts, en mettant en avant l’écosystème de sa puissante industrie automobile, et en libérant un terrain assez grand pour les ambitions du groupe américain. Cette fois encore, Tesla a besoin de place : au moins 150 hectares selon RTL. Or, le foncier est devenu le facteur le plus contraignant de la politique d’attractivité de la France. La pénurie d’espace avait ainsi contribué à ce que le fabricant de semi-conducteurs Intel choisisse l’Allemagne plutôt que la France l’an dernier. Lenteur des procédures et libération de terrain (sur des friches industrielles notamment) sont à l’ordre du jour du projet de loi industrie verte porté par Bruno Le Maire, qui doit permettre d’attirer de nouveaux projets industriels, également facilités par une politique de subventions ou de crédits d’impôt désormais assumée. Un autre facteur pourrait plaider en faveur de la France : l’énergie nucléaire, dont Elon Musk est un fervent adepte. Bertille Bayart

l'histoire

Les entreprises sortent le chéquier pour attirer les cadres à l’embauche plus élevé qu’initialement prévu. Par ailleurs, 81 % des entreprises ont consenti des ajustements portant sur le profil du candidat finalement retenu, en privilégiant le plus souvent des cadres ayant moins de compétences techniques ou moins d’expérience. Les entreprises flexibilisent également de plus en plus leur processus de recrutement, en acceptant les candidatures sans lettre de motivation (44 %) ou en organisant des entretiens d’embauche en visioconférence (46 %). Pourtant, en dépit de la concurrence féroce entre les offres d’emploi, il est certaines choses sur lesquelles les entreprises transigent peu. En 2022, elles n’étaient que 30 % à accepter d’accorder plus de jours de télétravail que prévu, par exemple. ■

LA SÉANCE DU MERCREDI 24 MAI 2023

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BDL convictions +7,6% de performance annualisée sur 10 ans

J. R. P.

le PLUS du FIGARO éco

Industrie

Les cimentiers veulent réduire de 50 % leurs émissions de CO2 d’ici à 2030 page 28

ANNÉE

LE MEILLEUR INVESTISsem*nT C’EST L’ENTREPRISE +109% DE PERFORMANCE CUMULÉE SUR 10 ANS* CODE ISIN: FR0010651224

2022 2021 2020 2019 2018 2017 2016 2015 2014 2013

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*Les performances passées ne présagent pas des performances futures - Ce fonds présente un risque de perte en capital. Les caractéristiques du produitneprotègentpasl’investisseurdel’effetpotentieldel’inflationdurantlapérioded’investissem*ntdansleproduit.Ainsi,lemontantinvestien principalainsiqueleséventuelsrevenusmobiliersperçuspendantlapériodeneserontpasrevalorisésdutauxdel’inflationsurcettemêmepériode. Par conséquent, le rendement réel du produit, c’est-à-dire le taux de rendement du produit corrigé du taux de l’inflation, pourrait être négatif. ** L’indice de référence du fonds est le SXXR, STOXX 600 dividendes réinvestis.

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ace aux difficultés de recrutement qui s’intensifient, les entreprises souhaitant recruter des cadres se voient contraintes d’assouplir leurs critères de sélection. En 2022, 64 % des entreprises ayant embauché au moins un cadre déclarent avoir rencontré des difficultés, soit une progression de 14 points par rapport à 2021, selon une étude publiée ce mercredi par l’Apec. Pour attirer les profils adaptés, 62 % des recruteurs ont révisé à la hausse la rémunération initialement prévue (+ 7 points en un an). Assez logiquement, les grandes entreprises qui disposent souvent de marges de manœuvre sur ce point, sont les plus enclines à avoir recours à ce levier afin de rendre leurs offres plus attractives. Ainsi, 76 % d’entre elles ont proposé un salaire

jeudi 25 mai 2023 le figaro

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l'événement

Sécu : vers un nouveau dérapage des comptes Des déficits malgré les réformes Évolution du déficit agrégé des régimes obligatoires de base de sécurité sociale et du fonds de solidarité vieillesse 2009-2022, en milliards d'euros 0

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anne de guigné £@adeguigne

finances publiques Avec son rapport annuel sur l’application des lois de financement de la Sécurité sociale, la Cour des comptes s’attaque à un des sujets français les plus sensibles. « Rempart pour les plus vulnérables », selon les mots du président de l’institution, Pierre Moscovici, la protection sociale à la française « représente aussi en termes de dépenses un tiers du produit intérieur brut (PIB) français ». Autrement dit, le redressem*nt des comptes publics que la cour appelle de ses vœux et que le gouvernement promet ne peut faire l’économie de « réformes vigoureuses » au sein de ces sacro-saintes politiques sociales. Les magistrats de la cour en sont en effet certains : la réforme des retraites voire celle de l’assurancechômage ne suffiront pas à combler le fameux « trou » de la Sécu. ­ écurité En 2023, le déficit de la S sociale devrait s’établir à 8,2 milliards d’euros, selon les prévisions gouvernementales. Après un solde négatif de près de 20 milliards en 2022, et de presque 40 milliards d’euros en 2020, au cœur de la pandémie de Covid, les comptes apparaissent en net redressem*nt. Les magistrats de la rue Cambon n’en félicitent pas pour autant l’exécutif. La diminution du déficit s’explique « du fait principalement du repli des dépenses d’assurancemaladie liées à la crise sanitaire », et du dynamisme de la masse salariale (qui accroît les recettes), avance en effet l’institution.

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Conséquences de la réforme des retraites sur les soldes de la branche vieillesse et du fonds de solidarité vieillesse, en milliards d'euros* 12,5 Création assurance vieillesse des aidants

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Relèvement 64 ans âge légal + 43 annuités

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Le solde net de la réforme, 7,1 milliards d'euros ne suffira pas à combler le déficit de la branche vieillesse (5,7 milliards en 2030)

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Départs anticipés ** Revalorisation minima de pensions Prévention de l'usure professionnelle Transitions retraites

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2023 2024 2025 2026 2027 20282029 2030

* Tous régimes obligatoires de base de la sécurité sociale, ** invalides, carrières longues... Source : Cour des Comptes

d’euros, « le déficit de la branche vieillesse et du Fonds de solidarité vieillesse atteindrait 5,7 milliards d’euros en 2030 », écrivent les auteurs du rapport. Les sages observent encore avec anxiété la dérive des dépenses maladie, encadrées par un objectif national de dépenses d’assurancemaladie (Ondam), qui a été fixé, pour 2022, à 237 milliards d’euros. Revalorisation Un objectif dépassé de plus de 10 des pensions milliards d’euros en raison « de la poursuite de la crise sanitaire pour Plus inquiétant, dès 2024 les pertes 6,8 milliards d’euros, des compencontinueront de se creuser en raisations versées aux établisson « du déficit croissant de sem*nts sanitaires et la branche vieillesse et de médico-sociaux pour la progression des dé3,4 milliards et la dépenses d’assurancerive de certaines démaladie, malgré la penses pour 1,5 milréforme des retrailiard (produits de tes récemment Déficit de la Sécurité santé, indemnités adoptée ». Le gousociale en 2023 prévu journalières) », selon vernement table le rapport. ainsi sur un déficit par le gouvernement Dans les documents stabilisé autour de 15 budgétaires, l’État a insmilliards d’euros en 2025 crit un objectif très amet 2026, avec sur les trois bitieux de croissance prochaines années, de l’Ondam, limité à plus de 36 milliards 2,9 % par an, un nide dette supplémenveau inférieur à taire attendus. Des l’inflation. « Dans le prévisions jugées Déficit de la branche passé, jamais une par Pierre Moscovici vieillesse en 2030, telle modération n’a « très optimistes », malgré la réforme pu être obtenue sur notamment sur le vodes retraites plusieurs années », let des dépenses de avancent les auteurs. La s­ anté. mise en œuvre de cette trajecPremier sujet d’inquiétude, la toire supposerait un ensemble de branche vieillesse accusait en 2022 réformes visant « à améliorer l’effiun manque à gagner de 3,8 milcience et la qualité des soins », écriliards d’euros, en raison de dépenvent encore les magistrats citant ses en augmentation de 5 % sur un «la maîtrise médicalisée des dépenan. Une évolution qui s’explique ses de santé ou l’imagerie médi­ par les deux revalorisations des cale». pensions mises en œuvre l’année dernière, en réponse à l’inflation. Revoir l’organisation La réforme des retraites adoptée du Samu en avril dernier, jugée si brutale par ses opposants, ne permettra Dans ces conditions, l’Acoss, l’orpas seule de rétablir l’équilibre de ganisme qui gère l’ensemble des cette branche, prévient la Cour des ressources du régime général de la comptes. « En prenant en compte Sécurité sociale, ne sera «plus en les effets de la réforme et les mesumesure de financer, à elle seule, les res réglementaires (de hausse des déficits du régime général des exercotisations, NDLR) », qui générecices 2024 et suivants, ni le cumul ront un solde net de 7,1 milliards des déficits de la CNRACL (le régi-

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me spécial de la Sécurité sociale chargé de l’assurance- vieillesse des fonctionnaires territoriaux et hospitaliers, NDLR) depuis 2020 », s’inquiète la cour, qui évoque l’hypothèse d’un nouvel allongement de la durée de vie de la Caisse d’amortissem*nt de la dette sociale (Cades) au-delà de 2033. « Pour cela, un programme pluriannuel de réformes doit être établi, accompagné d’une trajectoire de rétablissem*nt des comptes », plaident toutefois les magistrats. « Il faudra que les objectifs et les moyens soient raccords », résume Pierre Moscovici. Les sages ne manquent pas de pistes d’économies à inscrire dans cet éventuel programme. Ils recommandent ainsi de rétablir un « seuil d’alerte » en cas de dépasse-

- 8,2

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Selon la Cour des comptes, en 2024, les pertes continueront de se creuser en raison notamment « de la progression des dépenses d’assurance-maladie» . ment de 5 % de l’Ondam, de s’attaquer par la régulation à la question des dépassem*nts, de muscler les indicateurs financiers de tous les établissem*nts de santé, de « moduler davantage les types d’intervention de l’aide médicale urgente en fonction des besoins locaux », de renforcer la lutte contre la fraude sociale (lire ci-contre) que le rapport estime entre 6 et 8 milliards d’euros en déployant des contrôles automatisés… Ils suggèrent aussi de revoir l’organisation du Samu, avec le « rapprochement » des centres d’appels existants dans chaque département et le recours accru aux ambulances sans médecin. D’ici fin juin, la cour précisera ses préconisations d’économies.

Mourad ALLILI/MAXPPP

La réforme des retraites ne suffira pas à équilibrer la branche vieillesse.

Les magistrats travaillent en effet, en parallèle de l’exécutif, sur des revues de dépenses. « Nous présenterons neuf fiches thématiques, dont une dédiée aux soins de ville », a détaillé Pierre Moscovici. Ces travaux viendront nourrir les débats budgétaires pour 2024, qui s’annoncent d’ores et déjà épiques. Bruno Le Maire communiquera de son côté le 19 juin, lors d’assises des finances publiques sur les économies prévues pour le budget 2024. Le logement et la sphère sociale devraient se retrouver sous les projecteurs. Par ailleurs, Élisabeth Borne a demandé à tous les ministères de réaliser 5 % d’économies sur leur périmètre afin de financer à hauteur de 7 milliards d’euros la transition écologique. ■

La natalité baisse, pas les dépenses de congés

« quiLesontpères

recours à ce congé ont pris en moyenne 22 jours de congé, contre les 11 jours pris en totalité par les pères avant 2021

»

la Cour des comptes

Louise Darbon £@louise_dbn

En 2021, la durée du congé paternité passait, en France, de 11 à 25 jours. Une décision prise pour inciter les hommes à s’investir plus dans leur fonction de père, mais également « afin de favoriser le développement de l’enfant ainsi que l’équilibre entre vie familiale et vie professionnelle, tout comme l’éga­lité entre les hommes et les femmes », rappelle le dernier rapport de la Cour des comptes. Alors que la mesure touche tous les pères, qu’ils soient salariés, indépendants ou agriculteurs, les sages de la rue Cambon se sont penchés sur les conséquences de l’élargissem*nt progressif des droits des parents liés à la naissance d’un enfant. Et la Cour des comptes constate que « les pères qui ont recours à ce congé ont pris en moyenne 22 jours de congé », contre les 11 jours pris en totalité par les pères avant 2021. Ainsi, sur les 3,6 milliards d’euros qu’ont représentés les dépenses en

matière de congés maternité et paternité en 2021, 357 millions ont été consacrés au congé paternité seul. Alors que depuis plusieurs années, la tendance est à l’extension des droits liés aux congés paternité et maternité - avec l’allongement du congé paternité, mais également avec l’alignement des durées de congé des indépendantes et des agricultrices sur celles des salariés en 2019 -, la Cour des comptes souligne une dépense « peu dynamique », néanmoins en hausse de 9 % entre 2014 et 2021.

Délai de versem*nt Un constat qui pourrait surprendre compte tenu de la baisse continue de la natalité en France, en diminution de 10 % sur la même période. Et donc de la baisse du nombre de congés maternité, « de 12 % entre 2014 et 2020 ». Mais selon le rapport, la stabilité des dépenses - au-delà de l’élargissem*nt des droits - est notamment imputable à la hausse des salaires

dans le secteur privé, mais aussi à l’allongement de la durée des congés indemnisés en lien avec la hausse de l’âge moyen des mères à la naissance. Si la Cour des comptes souligne des « améliorations significatives » ainsi qu’une « harmonisation des conditions d’accès entre régimes » qui a pour conséquence un accroissem*nt des recours à ces congés, elle pointe du doigt des faiblesses, à la fois dans la gestion des congés, mais aussi dans le suivi des dépenses qui y sont liées. Elle met ainsi en avant une dégradation des délais de versem*nt des indemnités journalières par les caisses primaires d’assurancemaladie (CPAM), imputés aux employeurs, dont beaucoup n’utilisent pas la déclaration sociale nominative (DSN), pourtant obligatoire depuis 2017. La Cour des comptes suggère de « limiter à la seule DSN » l’information relative à ces interruptions de travail. Alors que congés maternité et d’adoption sont financés par la

le figaro

jeudi 25 mai 2023

l'événement Des milliards d’euros à récupérer en musclant la lutte contre la fraude sociale

Une toute petite partie de la fraude est détectée ESTIMATIONS DISPONIBLES DES FRAUDES AUX PRESTATIONS SOCIALES EN MILLIONS D’EUROS, À LA DERNIÈRE ANNÉE DISPONIBLE (2018 À 2020)

185-215 millions

été enregistrés contre ce fléau. Le montant des préjudices détectés a augmenté, en une décennie, passant de moins de 150 millions d’euros à 351 millions, entre 2013 et 2022, pour la branche famille. La mise en place, en 2020 d’une « mission interministérielle de coordination antifraude » a été bienvenue, de même que la création d’un service national de lutte contre « la fraude à forts enjeux » par la Cnaf (Caisse nationale d’allocations familiales), en 2021. La Sécu a également intensifié ses efforts contre les cartes Vitale « en surnombre ».

wladimir garcin-berson £@vladogb

BOUCHON/Le Figaro

Dans une situation financière fragile, la Sécurité sociale pourrait récupérer « plusieurs milliards d’euros » chaque année en accentuant la lutte contre la fraude sociale, estime la Cour des comptes dans son rapport. Ces tricheries constituent « une atteinte au principe de solidarité - et donc au pacte républicain », rappelle le président de l’institution, Pierre Moscovici : cette bataille n’est donc pas seulement financière. Elle est aussi un Sanctions insuffisantes « impératif d’efficacité économique et de justice sociale ». Autre exemple, en 2021, l’assuranSi des efforts ont été consentis ce-vieillesse a testé une nouvelle contre la fraude depuis 2020, ceuxméthode pour encadrer davantage ci restent largement insuffisants. les 3,8 milliards d’euros de pen« Le nécessaire changement sions envoyés au 1,1 million de red’échelle des actions visant à mieux traités vivant à l’étranger. Les penprévenir, détecter et sanctionner les sionnés algériens âgés d’au moins fraudes reste en grande partie à 80 ans ont ainsi été convoqués au réaliser », regrettent les guichet des banques auteurs. qui gèrent leurs prestaLes sommes en jeu tions, pour vérifier leur sont pourtant loin statut. Sur les 472 assud’être anodines, dans rés concernés, 39 n’ont un contexte où, pour les pas respecté cette oblifinances publiques, gation, et ont donc vu chaque euro compte. Si leurs paiements susla Sécu doit dévoiler pendus. Une méthode une « estimation globaqui pourrait être étenle » des montants en due, juge le rapport. De jeu l’an prochain, les les échanges Nous avons même, chiffres connus « font d’informations avec les une idée qui apparaître des fréquenorganismes de protecces et montants très életion sociale d’autres se précise vés de préjudices finannations ont été étendu coût de la ciers ». Les différents dus, notamment avec fraude aux rapports et analyses la Suisse, l’Espagne ou parus sur le sujet vala Belgique tandis que prestations. rient, de quelques mildont Israël ou Probablement d’autres, liards à plusieurs dizaile Canada, doivent suide l’ordre de nes, selon l’ancien vre cet exemple bienmagistrat Charles 6 à 8 milliards tôt. Prats, secrétaire natioMais ces efforts resd’euros. C’est tent nal au parti UDI chargé insuffisants. Les beaucoup, de ce dossier. Pierre manquements sont léMoscovici, lui, a avangion et les objectifs beaucoup cé une fourchette « de fixés, peu ambitieux. À trop ! l’ordre de 6 à 8 milliards titre d’exemple, moins d’euros ». « C’est beaude 5 % des factures des Pierre moscovici, premier président coup, beaucoup trop ! », masseurs kinésithé­de la cour a-t-il martelé, merrapeutes, infirmiers, des comptes credi. Et encore : ce bitransporteurs sanitailan reste parcellaire, res, pharmaciens et alors qu’aujourd’hui encore, une médecins sont contrôlées. Une très faible part des tricheries est ef« fraction minime », euphémise la fectivement détectée, de l’ordre de Cour des comptes. Autre illustra11 % pour les CAF (Caisses d’allocation, seul un dossier géré par les tions familiales), et moins de 1 % caisses de retraite « sur près de pour la Complémentaire santé soli2 520 » est contrôlé. Sur les retraidaire. tés à l’étranger, les échanges d’inFacturation exagérée voire fictiformations avec les organismes sove grâce à des professionnels de ciaux « ne couvrent pas ou que santé complices, cartes Vitale ne partiellement plusieurs pays de desrenvoyant à aucun assuré, pentination de montants importants de sions de retraite versées à des indipension », comme le Maghreb. vidus résidant à l’étranger et déjà « Trop peu de moyens sont consadécédés… La fraude aux prestations crés aux contrôles », a résumé sociales peut prendre de nombreu­Pierre Moscovici : les vérifications ses formes, et des « progrès » ont des caisses d’allocation familiales étaient ainsi moins nombreuses, en 2022 qu’en 2019. En outre, une fois détectés, les fraudeurs ne sont pas systématiquement sanctionnés. Côté professionnels, les cas de déconventionnement en cas d’actes répétés restent « rarissimes ». Les caisses branche maladie - quand le congé de retraite ne punissent ainsi que paternité l’est par la branche fales trois quarts des tricheries, en mille -, l’achèvement « progressif moyenne. Et même en cas de sancdu transfert des dépenses de matertions, celles-ci diffèrent selon l’ornité à la branche famille », permetganisme et la caisse locale. Enfin, tra, selon les sages, non seulement les récidivistes (5,4 % des allocade préserver l’équilibre financier taires des CAF ayant été pris la de la branche mais aussi de « corrimain dans le sac, en 2022) ne sont ger les limites identifiées ». que très rarement surveillés. La Cour souligne également les « La lutte contre la fraude doit dedifficultés des CPAM en matière de venir une priorité de tout premier traitement des dossiers qui aboutit plan », a donc averti Pierre Moscoà la fois à des erreurs de détermivici. La rue Cambon appelle nonation de droits au détriment des tamment l’État à renforcer consiindemnisés, mais aussi à des abdérablement les contrôles, à sences de contrôles, « sources de accroître les moyens humains défraudes avérées ». Rappelant l’endiés à cette mission et à sanctionjeu de santé publique majeur que ner plus durement et systématireprésentent ces congés - essenquement les auteurs. Une partie de tiels à la santé de la mère et de la réponse à ces recommandations l’enfant -, la rue Cambon regrette va arriver ces prochains jours, que « les régimes de protection soalors que le ministre délégué charciale les considèrent comme des dégé des Comptes publics, Gabriel penses qui n’ont pas à être pilotées Attal, doit présenter son plan ni suivies ». Et suggère le « dévecontre la fraude sociale. Des dispoloppement d’outils statistiques et de sitions devraient concerner la carte suivi de la santé des femmes enceinVitale, et d’autres les pensionnés tes et du non-recours au congé résidant à l’étranger. ■ ­maternité ». ■

Médecins généralistes de 1,7 à 2,2 %

3,7

2 à 2,5 milliards d’euros de fraudes et de fautes estimés 166-234

300 millions détectés

145-177 6,9

177 91-105 286-393 millions 17,8

1,4

4,3

100-400 millions 19,7

Infirmiers de 4,5 à 6,2 %

Masseurskinésithérapeutes de 1,8 à 2,8 %

7,9

CAF 11 % du montant estimé de fraudes et de fautes est détecté

Transports de patients de 4,8 à 6,9 %

C2S

(Complémentaire santé solidaire)

0,8 %

Pharmaciens de 8,8 à 10,8 % Retraite de 4,9 à 19,7 %

Source : Cour des comptes

Fraude estimée fourchette haute

fourchette basse

Fraude détectée

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L’absentéisme dans le viseur de l’exécutif Le gouvernement s’interroge devant l’ampleur de l’absentéisme - et donc la hausse des coûts liés aux arrêts de travail. Selon l’Observatoire de l’absentéisme Axa, 44 % des salariés se sont mis au moins une fois en arrêt en 2022. Il s’agit d’un record : seul un tiers des salariés s’étaient arrêtés au moins une fois en 2019, année de référence préCovid. Le gouvernement a missionné l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) et l’Inspection générale des finances (IFG) pour se pencher sur le sujet, à la fois sociétal et budgétaire. Leurs conclusions - et propositions - sont attendues en juillet.

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C’est en offrant des services circulaires que nous prenons de l’avance.

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Si aujourd’hui Elis est le leader des services de protection, d’hygiène et de bien-être, avec près de 4 milliards de chiffre d’affaires dans le monde, c’est grâce à son savoir-faire historique et son modèle d’économie circulaire. C’est ça, les circular services at work. *Services circulaires au travail

elis.com

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maternité

Reproduction interdite. Photos non contractuelles – ELIS SERVICES – SAS au capital de 16.000.075 € - 5, boulevard Louis Loucheur 92210 Saint-Cloud - 693 001 091 RCS Nanterre

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jeudi 25 mai 2023 le figaro

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économie

L’assèchement du crédit coupe les ailes des investisseurs immobiliers Les ventes se sont effondrées au premier trimestre, notamment dans le neuf, faute de financement. nière. Aujourd’hui, à ce taux, on n’en vendrait pas. Il faut proposer entre 3,70 % et 4 % pour intéresser à nouveau », souligne un promoteur. Les rendements, meilleurs dans l’ancien, soutiennent d’ailleurs un peu le marché des logements existants, malgré un accès au crédit tout aussi difficile. « On a moins d’acheteurs que par le passé, mais on en a toujours », indique Éric Massat agent immobilier à Toulouse. En revanche, les ventes sont pénalisées par les craintes qui pèsent sur les passoires thermiques. Les logements notés G sur l’étiquette énergie (consommant 450 kWh/m2/an d’énergie primaire) ne pourront plus être loués en 2025, puis ceux notés F en 2028 et E en 2034. « En deçà de la lettre D, les investisseurs ne regardent même pas », confirme Sandrine Checa, à la tête d’agences Laforêt immobilier à Lyon.

Jorge Carasso £@JorgeCarasso

Immobilier C’est la douche froide pour les Français qui souhaitent acheter un logement pour le louer. Longtemps bien aimés des banques, les investisseurs se voient aujourd’hui barrer la route du crédit. Elles ne leur prêtent plus ou peu. Et même avec un apport substantiel d’argent frais, ils ne parviennent tout simplement plus à obtenir un crédit. « Les clients veulent acheter. Ils en ont la capacité. Mais quand on dépose un dossier de prêt tout devient plus compliqué », indique Samuel Berrih, agent immobilier pour le réseau de mandataires Keller Williams à Paris. Les établissem*nts financiers ont fermé les vannes. « Certaines banques nous disent qu’elles ne veulent même pas étudier de nouveaux dossiers », poursuit le professionnel. L’année dernière, les taux se sont envolés, passant de 1 % à plus de 3 % aujourd’hui, venant renchérir le coût d’une acquisition. C’est encore plus vrai dans le neuf, où les prix, inflation oblige, restent très élevés (+ 4,8 % en Île-de-France en 2022, + 4,9 % en région, selon la Fédération des promoteurs immobiliers, FPI). Mais surtout, les banques n’ont plus les mains libres quand elles prêtent. Les mensualités ne peuvent plus dépasser 35 % des revenus d’un emprunteur. Un critère particulièrement pénalisant pour les investisseurs, qui remboursent souvent déjà l’achat de leur résidence principale. Les banques peuvent certes déroger à ces règles pour 20 % de leur production, mais cette poche de crédits doit aller en priorité aux primo-accédants. Conscient des difficultés d’accès au crédit, le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a ouvert la porte début mai à un possible assouplissem*nt des règles. Et désormais la Banque de France s’est dit prête à des aménagements techniques. Les particuliers friands d’avantages fiscaux liés à l’immobilier locatif avaient pris l’habitude d’investir dans des logements tout juste sortis de terre. Faute de crédit, ces acheteurs, qui représentent habituellement la moitié des ventes aux particuliers, ont clairement levé le pied. La dégringolade des ventes aux in-

Pas de nouveau dispositif fiscal en vue

Les taux des crédits immobiliers sont passés de 1 % l’année dernière à plus de 3 % aujourd’hui. Bruno Levesque/ IP3 PRESS/MAXPPP

- 26 % Baisse

des ventes aux investisseurs dans le neuf, au premier trimestre 2023 sur un an

vestisseurs dans le neuf est historique (- 26 %, au premier trimestre 2023 sur un an). Et les mois qui viennent s’annoncent encore pires. « Sur certains territoires, on entend parler de baisses de près de 60 % des ventes aux investisseurs sur un an », s’alarme Norbert Fanchon, président du directoire du promoteur Gambetta. Seuls ceux qui ont du cash sont en mesure d’investir. « 80 % des investisseurs aujourd’hui sont des gens qui payent comptant », indique Gilles Madre, président du promoteur P2I. Ce qui limite drastiquement le nombre de candidats. Le difficile accès au crédit n’est pas le seul mal qui ronge l’investissem*nt dans le neuf. Cet achat est aussi devenu bien moins intéressant que par le passé. L’avantage fiscal Pinel (21 % de réduction d’impôt sur le montant d’un achat immobilier neuf), très populaire auprès des investisseurs locatifs, a été remplacé par le Pinel+. Or ­l’éligibilité à ce nouveau dispositif impose de lourdes contraintes (meilleure performance thermique,

taille des pièces, exposition…). Il aboutit à des logements plus chers à produire. Résultat, on n’en trouve pas ou peu. « Le Pinel+ ne prend pas du tout », confirme Pascal Boulanger, président de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI).

Passoires thermiques Les investisseurs peuvent encore se reporter sur des logements neufs classiques, éligibles à l’ancien Pinel, mais avec une réduction d’impôt rabotée. (17,5 % en 2023 au lieu de 21 % au maximum). Mais là non plus l’intérêt n’est pas au rendez-vous. En outre, les loyers du Pinel comme du Pinel + sont plafonnés. De ce fait, le ­ ’impôt, rendement, hors économie d est traditionnellement ­faible sur ces produits. Dès lors que l’avantage fiscal n’est plus aussi fort, les acheteurs désertent. « Quand vous regardez ce qu’une telle opération vous rapporte vous pouvez vous poser des questions, juge Jean-Luc Guitard, directeur général de Consultim, spécialiste de l’investissem*nt immobilier. Les revenus après coût du crédit et impôts

sont très très faibles. En comparaison, le livret A sera à 4 % dans quelques mois. » Pourtant les besoins en logements sont là. « On est sur de grands besoins locatifs, indique Pascal ­Boulanger, de la FPI. Tous ceux qui achètent louent très facilement. » Dans le neuf, seules les résidences gérées (étudiants, seniors, tourisme…) vendues clés en main avec un exploitant qui s’occupe de tout, tirent leur épingle du jeu. Mais elles représentent une goutte d’eau dans la production (moins de 20 000 logements par an). Et ces produits ne sortent malgré tout pas indemnes de la crise actuelle. « Ce qui se vend, ce sont des petit* logements à 80 000, 100 00 euros », indique Rachel de Valicourt, directrice ­ générale du pôle distribution du ­ groupe Primonial. Un prix loin des 200 000 euros, qui étaient il y a quelques mois encore la norme. En outre, les promoteurs ont été obligés de revoir leurs rendements à la hausse pour séduire. « Une rési­dence étudiante qui rapportait 3,40 % se vendait bien l’année der-

Dans ce contexte morose, le gouvernement tarde à réagir. Le ­ Conseil national de la refondation (CNR) logement, censé apporter des solutions, et sur lequel le ministère du Logement et le monde de l’immobilier planchent depuis des mois, devait se tenir le 9 mai, mais il a été reporté au mois prochain. Et les mesures dévoilées au compte-gouttes à certains acteurs n’ont guère convaincu. « Il n’y a pour l’instant rien pour l’investissem*nt locatif », regrette un proche du dossier. Les professionnels poussent depuis des mois pour un statut fiscal plus avantageux pour les bailleurs, leur ­permettant d’amortir fiscalement le logement, et donc de payer moins d’impôts tout au long de la vie du bien. Pas sûr qu’ils aient été ­entendus. Emmanuel M ­acron a fustigé ­récemment un système trop généreux pour les propriétaires. « La vérité, c’est qu’on a beaucoup d’aides et qu’on a créé un paradis pour les investisseurs immobiliers », a déclaré le chef de l’État, ciblant sans les nommer les avantages fiscaux existants dans la pierre, et tout en écartant l’idée de « déposer le moteur et de le refaire ». Pas question en somme de lancer un nouveau dispositif fiscal pour relancer la machine. ■

Bruxelles alerte sur la dérive des déficits de la France La Commission européenne pourrait ouvrir, l’an prochain, des procédures budgétaires pour plusieurs pays. Anne Rovan £@AnneRovan

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Correspondante à Bruxelles

Europe Le retour à la normale budgétaire est désormais en vue à Bruxelles. Début 2024, les critères sur les déficits et la dette s’appliqueront à nouveau, y compris avec la réforme du pacte de stabilité et de croissance présentée récemment par la Commission. Valdis Dombrovskis a, en tout cas, pris date avec les États membres mercredi, à l’occasion du semestre européen, ce rendez-vous de printemps qui fournit des recommandations aux gouvernements nationaux pour les aider à bâtir leur budget de l’année suivante. « Compte tenu de l’incertitude entourant les perspectives macro­ ­ économiques, la Commission n’a pas l’intention d’ouvrir de nouvelles procédures de déficit excessif à ce stade. Cependant, nous proposerons d’en ouvrir au printemps 2024 », a ­souligné le vice-président exécutif de la Commission, en appelant les dirigeants nationaux à « garder cela à l’esprit ». La probabilité de voir Bruxelles aller de l’avant sur les procédures est réelle. « Il y en aura plusieurs », a assuré ensuite Valdis Dombrovskis

à un groupe de journalistes de la presse européenne, dont Le Figaro. Afin qu’aucun État membre ne soit pris au dépourvu, la Commission en revient aussi – pour la première fois depuis trois ans - à des recommandations chiffrées. Paris est ainsi invité à limiter la hausse des dépenses à 2,3 % en 2024, et Rome à 1,3 %. Elle fait par ailleurs le point sur la situation budgétaire de seize États membres. En se basant sur les ­données à fin 2022, quatorze de ces seize pays entreraient dans un tel processus au titre des déficits, dont la France et l’Italie. Et, s’ils ne ­rectifient pas le tir d’ici à fin 2023 sur leur niveau de dépenses, « neuf pays » pourraient être rattrapés dès l’an prochain, estime un haut fonctionnaire. Dans le viseur, l’Italie, la France, Malte, la Slovaquie, ­l’Espagne, la Bulgarie, la Hongrie et la ­Pologne. « Il faut dédramatiser. Avec neuf pays, on serait très loin de la vingtaine de pays placés sous procédure après la crise financière », relativise un fonctionnaire de l’UE. Quoi qu’il en soit, Valdis ­Dombrovskis a encore appelé les Vingt-Sept à réduire la voilure sur les mesures de soutien liées à l’énergie. Tout l’argent « devrait être utilisé pour réduire les déficits » quitte à remettre en place des aides

ciblées sur les ménages et les entreprises les plus vulnérables si les prix de l’énergie devaient, à nouveau, repartir à la hausse. Cet appel à la modération vise à ne pas entretenir artificiellement l’inflation sousjacente qui reflue moins vite que l’inflation globale. Cette situation pénalise tout autant les ménages qui voient leur pouvoir d’achat ­grignoté que les entreprises qui ne peuvent investir autant qu’elles le voudraient.

Tour de vis sur les finances publiques

Inquiétudes sur l’Italie La Commission fait aussi le point sur la mise en œuvre du plan de ­relance. Des montants considérables que les États membres doivent être en mesure d’absorber pour mener les transitions vertes et numériques. À ce stade, 152 milliards d’euros ont été versés sur les 800 milliards mobilisés par l’UE en 2020. Certains pays – notamment l’Allemagne, la Belgique, la Bulgarie ou encore la Slovénie - ont été invités mercredi à accélérer, en raison des retards observés. Des inquiétudes existent sur l’Italie. « À ce jour, il ne nous semble pas qu’il y ait eu de retards signi­ficatifs », a nuancé le commissaire italien à l’Économie. Bruxelles ­ demande néanmoins à Rome de « garantir une

gouvernance efficace et de renforcer la capacité administrative, notamment au niveau infranational, pour permettre une mise en œuvre continue, rapide et constante du plan de relance et de résilience ». L’Italie est de loin le principal ­bénéficiaire du plan de relance avec 191,5 milliards d’euros d’ici à 2026, dont 68,9 milliards de subventions. Le pays a déjà reçu 42 milliards. Le versem*nt d’une troisième tranche de 19 milliards est conditionné à la mise en œuvre de réformes ­demandées par la Commission et ­proposées par l’Italie. ■

Valdis Dombrovskis, vice-président exécutif de la Commission, appelle les Vingt-Sept à réduire la voilure sur les mesures de soutien liées à l’énergie. Christophe Licoppe/EU

Alors que la note souveraine de l’agence financière Standard and Poor’s est attendue pour la semaine prochaine, Bruno Le Maire a annoncé mardi un gel de 1 % supplémentaire de crédits de l’État. Ce 1 % de gel doit s’appliquer à l’intégralité des crédits de l’État, sauf les salaires. Il représente environ 1,8 milliard d’euros qui viennent s’ajouter aux 5 % de crédits qui avaient déjà été gelés portant le montant total à 10 milliards d’euros. « Cette mesure de précaution doit nous garantir que nous tiendrons nos objectifs de finance publique en 2023 », à savoir, rester sous les 5 % de déficit rapporté au PIB, en 2023, justifie le ministre de l’Économie. Ce gel doit servir à faire face aux « risques » de l’inflation et de la remontée des taux. « En fonction de l’évaluation de la situation, nous annulerons ou au contraire, nous dégèlerons en partie ou en totalité », explique Bruno Le Maire. J. R. P.

RCS 507 523 678

Investissez via des fonds dans des entreprises non cotées françaises et européennes

Le Fonds Bpifrance Entreprises Avenir 1 présente notamment des risques de perte en capital et de liquidité. Il ne fait l’objet d’aucune garantie en capital. Ainsi, les souscripteurs pourraient perdre totalement ou partiellement les montants investis.

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Entreprises

Un ciment décarboné, c’est possible La filière présente une feuille de route visant une baisse de 50 % des émissions de CO2 d’ici 2030. Elle nécessitera 3 à 5,5 milliards d’euros d’investissem*nt. Des aides publiques sont attendues. Emmanuel Egloff £@eegloff

Construction L’enjeu est considérable pour l’industrie cimentière française. Jeudi, l’ensemble de la filière va se réunir à Paris pour ­ présenter sa feuille de route de ­ « décarbonation », qui sera ensuite proposée au gouvernement. « Aujourd’hui, il faut absolument accélérer sur ce chemin, pointe ­ Bruno Pillon, président du Syndicat français de l’industrie cimentière (Sfic) et patron en France du géant allemand Heidelberg Materials, dans un entretien au Figaro. Nous avons déjà beaucoup trop attendu. » Décarboner le ciment représente un enjeu majeur, car sa fabrication est très émettrice de CO2. Le ­ciment est essentiellement constitué de clinker, un mélange de 80 % de calcaire et 20 % d’argile cuit à très haute température (1 450 degrés). Cette cuisson produit une réaction chimique qui sépare le CO2 du reste du mélange. Conséquence : le processus est, par nature, fortement émetteur de CO2. De surcroît, les fours à très forte chaleur, fonctionnant en permanence, nécessitent beaucoup d’énergie, qui peut être d’origine fossile. Il n’est donc pas étonnant de voir 20 cimenteries parmi les 50 sites français les plus émetteurs de carbone, sites qui font l’objet d’une politique spécifique de décarbonation. « En France, les cimenteries émettent environ 10 millions de tonnes de CO2 par an, quand l’industrie dans son ensemble en émet environ 80 millions de tonnes, détaille Bruno Pillon. Mais nos émissions sont ­particulièrement concentrées sur un faible nombre de sites. » Pour concevoir la feuille de route de la filière, chaque entreprise a construit son propre plan ; puis ces derniers ont été compilés pour déterminer un objectif et des moyens globaux. Cette construction depuis le terrain est une rareté. Et cela n’a pas été facile. « Pour une industrie traditionnelle comme le ciment, ces changements s’apparentent à une révolution », souligne Bruno Pillon. Le Sfic profite d’ailleurs de cette présentation pour changer de nom, et devenir France Ciment. L’industrie va faire feu de tout bois. D’abord, en utilisant des technologies connues afin de faire directement baisser les émissions

de CO2. Premier levier, enlever au maximum les carburants fossiles pour alimenter ses fours. Compte tenu de la chaleur, il est possible d’utiliser de nombreux déchets, comme certains déchets ménagers, des farines animales ou même le fuel lourd des navires. D’ores et déjà, les cimenteries tournent à 44 % avec ces combustibles. L’objectif est d’atteindre 80 % en 2030. Ensuite, il s’agit de faire baisser la part de clinker dans le ciment, en utilisant d’autres matériaux. De 75 % aujourd’hui, il doit passer à 68 % en 2030. Et même 62 % en 2050. À horizon 2030, ces ­méthodes permettront de baisser les émissions de CO2 de 27 %. Il faut donc activer un autre ­levier pour aller plus loin. Ce sera la capture de CO2 à la sortie des ­cimenteries et son stockage. Quelques cimenteries dans le monde sont déjà équipées. Air liquide, de son côté, a mis au point une telle technologie et l’a déployé sur son site de fabrication d’hydrogène

d’origine fossile, près du Havre. Mais la technique est encore en phase de rodage. Les cimentiers ­visent à capturer 2,4 millions de tonnes de CO2 d’ici 2030, et 5,8 millions de tonnes pour 2050.

Obtenir de l’électricité à prix compétitif

Le groupe Vicat va investir des millions d’euros pour développer un outil qui captera 40 % du CO2 émis par sa cimenterie de Montalieu-Vercieu (Isère), qui produit 7 % du ciment français. D.Grandemange

Cette révolution va nécessiter des investissem*nts considérables. La première partie – changement de combustible et évolution de la part de clinker – devrait coûter 1,5 milliard d’euros d’ici 2030. Mais le gros des dépenses (2 à 4 milliards) va porter sur la capture et la séquestration de carbone. Combinée avec les efforts sur les combustibles, cette feuille de route permettra de tenir l’objectif visé par le gouvernement d’une diminution de 50 % des émissions de CO2 des cimenteries pour 2030. Pour que cette stratégie fonctionne, le patron des cimentiers en France fixe toutefois quelques conditions. Il demande, d’abord,

de pouvoir obtenir beaucoup d’électrons à un coût compétitif. « Les outils de capture de carbone sont très gourmands en électricité, explique Bruno Pillon. Nos besoins annuels vont passer de 1,9 TWh d’électricité à près de 4 TWh à ­l’horizon 2050. » Les discussions autour de la formation des prix de l’électricité qui ont lieu actuellement au niveau européen et français ont donc une importance cruciale. Ensuite, la filière estime qu’il faut mettre en place le mécanisme européen d’ajustement carbone aux frontières (MACF). Dans le cas contraire, les cimentiers seraient concurrencés par du ciment bon marché provenant de l’extérieur de l’Europe. L’Union européenne a prévu de mettre en place un tel mécanisme. L’industrie juge même qu’il pourrait avoir un effet positif. « Ce mécanisme d’ajustement et la décarbonation pourraient représenter un formidable outil pour relocaliser », s’enthousiasme Bruno Pillon. Car le ciment arrive déjà des pays

en bref POULETS DE LOUÉ : marges en hausse £ Le volailler sarthois (Loué, Le Gaulois…) a dévoilé un chiffre d’affaires de 5,8 milliards d’euros (+ 15 % sur un an) pour son exercice 2022-2023, porté par l’inflation. Ces hausses de prix, en autres, lui ont permis de faire passer sa marge opérationnelle courante de 4,1 à 5,1 % de son chiffre d’affaires.

une part de virgin orbit reprise £ La société américano-néozélandaise Rocket Lab, qui exploite des minifusées, va reprendre une partie des actifs (machines, équipements notamment) de son concurrent en faillite Virgin Orbit. Son offre ne comprend pas les lanceurs de Virgin Orbit.

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» Comment vous faire payer ces RTT que vous n’avez pas prises ? www.lefigaro.fr/economie

LES DÉCIDEURS

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Regine Mahaux/Canal+ ; Bonduelle ; Tibaut Chouara-Big Fernand

A

â Malvine Makouche Suntory Suntory Beverage & Food, géant des boissons rafraîchissantes aux fruits (Orangina, Oasis, Schweppes), désigne en tant que directrice marketing France, Malvine Makouche, pur produit de la maison. Elle succède à Pauline Varga, nouvelle directrice stratégie inno­ vation des marques et développement de nouvelles catégories, à l’échelle européenne. Ancien de Danone, Éric Chalavon évolue comme directeur de la supply chain en France et de l’excellence opérationnelle en Europe.

â Maxime Saada L’Olympia Président du directoire du groupe Canal+, Maxime Saada prendra la présidence de la salle de spectacle L’Olympia le 31 mai. Cela s’inscrit dans la continuité de son arrivée au directoire de Vivendi en juin 2022.

â Ilham Guerriouni Zenchef La plateforme de réservation de restaurants Zenchef nomme dans son comité de direction Ilham Guerriouni, directrice financière, et Elsa Béchour, vice-présidente « people & culture », en charge de l’expérience candidat, collaborateur et manager.

du pourtour méditerranéen. Aujourd’hui, 16 % du ciment utilisé en France a été fabriqué en dehors des frontières européennes. Cette feuille de route des cimentiers s’inscrit dans le cadre plus général de la stratégie de décarbonation des 50 sites français les plus émetteurs de CO2, annoncée par Emmanuel Macron en novembre dernier. L’idée est de cibler l’effort sur ces usines qui représentent 50 % des émissions de l’industrie, pour avoir un effet maximal. On y trouve des cimenteries, mais aussi de la sidérurgie, des fabricants d’engrais, des verriers, des industries sucrières. La présentation de l’ensemble des feuilles de route aura lieu en juillet. Si les industriels à la tête des 50 sites proposent de réduire les émissions de 25 % d’ici 2030, l’État apportera 5 milliards d’euros d’aides. Et il ajoutera 5 milliards supplémentaires si la réduction ­atteint 50 %. Les cimentiers sauront alors le montant exact des subventions pour les aider à passer ce cap. ■

[emailprotected]

Un ex-franchisé de Big Fernand devient PDG de l’enseigne En signant deux contrats de franchise en 2014, Éric de Saint Louvent ne s’imaginait pas devenir PDG de Big Fernand près d’une décennie plus tard. Malgré des velléités d’entreprenariat, le salariat a ­ ­toujours rattrapé le nouveau patron de la chaîne de « burgers gourmets ». Diplômé de l’Ipag, cet amateur d’automobile a débuté comme commercial chez Avis en 1993, avant de prendre la tête du service marketing en 1997. « Il s’agissait de créer une préférence de marque », explique-t-il. Après seize ans sans nuage chez le loueur de ­voitures, un changement d’actionnaires l’a convaincu de poursuivre auprès du concurrent Europcar. Arrivé en 2009 à un poste proche de ce qu’il avait connu, il a évolué au bout d’un an en tant que directeur des ­opérations. En 2013, il a réalisé un bilan à mi-parcours. « J’avais travaillé vingt ans, il m’en restait autant et je me suis demandé si je souhaitais persévérer », raconte-t-il. Il a tranché en faveur de l’exotisme. Il cherchait à se lancer en indépendant, la franchise lui semblait la solution idéale. « Je l’avais expérimentée, de l’autre côté de la vitre, pour Europcar. Cela constituait un accélérateur, me préservant des sorties de route », juge-t-il. La restauration

l’attirait, une impression confirmée par son entretien avec Steve Burggraf, un des fon­dateurs de Big Fernand. En quinze minutes, il a entériné son statut de cinquième franchiseur du réseau, amorcé en janvier 2012. La première étape consistait à suivre quatre mois de formation. « Cela a représenté une formidable leçon d’humilité. J’avais géré des milliers de personnes dans une entreprise aux 450 millions de chiffre d’affaires. Je me suis retrouvé à cuisiner des frites à 7 h 30 », souritil. Il a ouvert dans les Hauts-de-Seine, à Levallois en 2015, puis à Montrouge en 2017.

Histoire inachevée Cela a rencontré le succès escompté, mais les créateurs ont cédé Big Fernand au fonds Bluegem, qui a privilégié le déploiement en succursales. L’investisseur a racheté les franchises, dont celle d’Éric de Saint Louvent. Cependant, estimant son histoire avec l’enseigne inachevée, il a accepté l’offre de Maurizio Biondi, le PDG fraîchement installé, de l’épauler à partir de 2023. En avril, ce dernier, sur le départ pour l’Italie, son pays natal, passe le relais à son bras droit, qui s’inscrit dans sa continuité. L’objectif dorénavant : atteindre les 100 restaurants Big Fernand à l’horizon 2026, contre 60 aujourd’hui. Maud Kenigswald [emailprotected]

â Xavier Unkovic Bonduelle À la suite du départ de son directeur général Guillaume Debrosse au début du mois, Bonduelle nomme ­ Xavier Unkovic à ce poste. Il a embrassé une carrière dans la grande consommation : il a dirigé Royal Canin aux États-Unis à partir de 2000, au Canada en 2003, avant de superviser la branche boissons de Mars pour l’Amérique du Nord dès 2010. En 2017, il devient PDG d’Amy’s Kitchen, entreprise de plats préparés bio puis, en 2021, DG du français Naos, société de soins (Bioderma, Institut Esthederm, État Pur).

â Jean-Pierre Charles Oney DG de BNP Paribas Personal Finance pour le Royaume-Uni, les pays nordiques, l’Espagne et le Portugal, Jean-Pierre Charles prendra les rênes d’Oney, filiale de crédit à la consom­mation de BPCE et d’Auchan, le 5 juin.

â Armand Joseph-Oudin G7 La compagnie de taxis G7 confie à son DG délégué, Armand Joseph-Oudin, la coor­ ­ dination des Jeux 2024 pour faire face à l’extraordinaire affluence que devraient ­ connaître Paris et l’Île-de-France à l’été 2024.

le figaro

Tech

jeudi 25 mai 2023

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Start-up : les fonds de capital-risque au chevet de la diversité

Diversidays

Lucas Mediavilla £@Lucas_Medv

On passe de la symbolique au coercitif. Une clause dans un pacte d’actionnaires, cela veut dire que les startuppers s’engagent devant un avocat sur ces sujets

»

Anthony ­Babkine, délégué général et cofondateur de l’association Diversidays

mixité « Le secteur de la tech peut et doit être acteur de la diversité, beaucoup plus qu’il ne l’est aujourd’hui. » Le constat d’Anthony ­Babkine, délégué général et cofondateur de Diversidays, est sans concession. Malgré son image de modernité et l’impact positif qu’il revendique sur la société, l’écosystème de la tech et ses start-up peine à se montrer réellement représentatif de la société française. L’image d’Épinal des startuppers - mâles blancs d’une vingtaine d’années diplômés d’école de commerce et issus de la région parisienne colle encore à la peau de la French Tech. À la tête de Diversidays, association prônant l’égalité des chances, Anthony Babkine a mené des travaux pour objectiver le débat. Selon ses chiffres, 39 % des profils ayant candidaté dans le monde de la tech ont subi une discrimination à l’embauche. Par ailleurs, seuls 20 % des salariés français ont déjà envisagé de postuler au sein d’une start-up. Plus parlant encore : le Next40, groupement des 40 plus belles start-up de la French Tech, compte une seule femme dirigeante. « Il y a beaucoup à faire, aussi bien sur le genre que l’âge, le niveau de diplôme, l’origine géographique, sociale ethnique, le handicap », expliquet-il. Un paradoxe à ses yeux, alors

même que le secteur fait face à une pénurie de talents. « C’est un ­ éritable gâchis, il faut changer les v ­règles du jeu », indique ce dernier. À la sortie du Covid, son initia­tive Tech Your Place lancée en partenariat avec la fondation Mozaïk visait à ce que les start-up et fonds de ­ capital-risque (VC) français ­mettent en place des politiques de diversité et d’inclusion. Cette ­initiative soutenue par l’exécutif a déjà réuni une cinquantaine d’acteurs, dont les start-up Swile, Open Classroom ou encore Castalie. Une nouvelle étape est franchie ce jeudi. Après des premières discussions mi-octobre, une dizaine de fonds - Alter Equity, Daphni, Eurazeo, Educapital, Isai, RAISE, Ring Capital, Serena, Revaia confirment au Figaro qu’ils intégreront une clause « diversité et ­inclusion » dans leurs pactes d’actionnaires avec les start-up. « On passe de la symbolique au coercitif. Une clause dans un pacte d’actionnaires, cela veut dire que les startuppers s’engagent devant un avocat sur ces sujets », se réjouit Anthony Babkine. « Nous avons un rôle à jouer, car nous finançons des sociétés qui doivent créer de la valeur pour la Cité. Dans ce contexte de pénurie de talents, il y a aussi un enjeu de marque employeur et la capacité à attirer et retenir les profils. Le fait de ne pas avoir de politique d’inclusion et de diversité est un gros point

Jacques Witt/Pool/ABACA

Une dizaine d’entre eux va intégrer des clauses contraignantes pour les entreprises financées.

Nordine El Ouachmi, président de la French Tech Méditerranée, et Éléonore Crespo, première et seule femme directrice générale d’une start-up au Next 40, lors d’un événement sur la French Tech, à l’Élysée, le 20 février. noir », indique, pour sa part, MarieCapucine Lemetais, associée chez Ring Capital.

Quatre obligations Très concrètement, cette clause engagera les start-up du portefeuille des fonds à introduire, dans les six à douze mois suivant l’entrée au capital, quatre séries de mesures. En premier lieu, la désignation au sein de la start-up d’une personne en charge des enjeux de diversité. Pour l’ensemble des salariés et cadres dirigeants, un programme de formation aux pratiques inclusives et non discriminatoires devra également être suivi. Les deux derniers points concernent la mise en place de pratiques de recrutement inclusives, grâce notamment au recours à des structures intervenant dans l’aide aux personnes éloignées

ou discriminées dans l’emploi ; ainsi que l’utilisation d’outils pour que les fonds surveillent les pratiques d’inclusion et de diversité de leurs sociétés. Une mesure qui n’est pas aisée. Des start-up comme Mixity proposent déjà une boîte à outils basée sur une soixantaine de ­critères pour mieux saisir la portée des actions en la matière. « Nous avions des bribes de clauses ESG (critères environnementaux, sociaux et de gouvernance). Avec cette clause, on passe à la vitesse supérieure. C’est un élément de ­ contrainte qui répondra en grande partie aux enjeux », veut croire Marie-Capucine Lemetais. Selon ­ elle, le non-respect de ces dispo­sitifs inclus dans le pacte d’actionnaires n’aboutira probablement pas à des sanctions. Pour autant, le fait de glisser ces clauses obligera fonds

de capital-risque et start-up à échanger sérieusem*nt sur ces questions. Selon elle, ces dix fonds dont le sien se montreront naturellement plus sélectifs dans le choix des start-up qu’elles accom­ pagnent. Bien entendu, il ne s’agit là que d’un premier pas. « Nous ­démarrons avec ces dix fonds, mais ­l’objectif est de continuer à enrôler de nouveaux acteurs. On aimerait rapidement atteindre le cap des ­ 100 signataires », indique encore A ­ nthony Babkine. De son côté, le gouvernement avait contraint il y a quelques ­semaines les start-up du Next 40 et de la French Tech 120 à publier un index d’égalité professionnelle. L’un des gros objectifs affichés est notamment d’avoir un minimum de 40 % de femmes dans les conseils d’administration d’ici à 2028. ■

Axa part à la chasse des plus belles pépites avec un fonds de 1,5 milliard d’euros en ­Bourse », ­ explique François ­ obinet, associé gérant. R Lever 1,5 milliard d’euros constituerait une belle prouesse. Au premier trimestre 2023, les fonds levés par les acteurs du capital-risque peinaient à dépasser les 26 milliards de dollars selon Venture Capital Journal, soit deux fois moins que l’an passé à la même époque. La ­remontée des taux d’intérêt assèche les opportunités pour les fonds de trouver des partenaires prêts à confier leurs deniers. Autant de nuages qui n’inquiètent pas F ­ rançois Robinet. « Notre approche est contracyclique. L’histoire a ­m ontré que les années de sorties de ­­ crise ou de correction post-bulle sont propices. Nous avions ralenti la ­

­oilure ces deux dernières années v car les valorisations étaient irrationnelles », analyse François Robinet.

Des tickets à 150 millions d’euros

AVP promet d’investir des tickets conséquents, dont le montant pourra atteindre les 150 millions. Le fonds de capital-risque (VC) vise un peu plus d’une douzaine d’opérations. Les premières arriveront début 2024 et devraient concerner en particulier les start-up du logiciel, celles du monde des services financiers ou de l’assurance, celles dans la santé digitale ou encore les plateformes de marché grand public. Bien que le fonds d’Axa cultive une forte empreinte aux États-

la séance du mercredi 24 mai

LE CAC

JOUR

AIR LIQUIDE ........................... 157,84 AIRBUS ..............................................123,8 ALSTOM ..............................................26,36 ARCELORMITTAL SA ........................... 24,045 AXA .............................................. 27,16 BNP PARIBAS ACT.A ........................... 56,04 BOUYGUES .............................................. 30,45 CAPGEMINI .............................................. 158,65 CARREFOUR .............................................. 17,825 CREDIT AGRICOLE ...........................11,826 DANONE ..............................................57,52 DASSAULT SYSTEMES ........................... 38,975 ENGIE .............................................. 14,25 ESSILORLUXOTTICA ........................... 175,04 EUROFINS SCIENT. ...........................61,84 HERMES INTL ........................... 1886,4 KERING ..............................................513,5 L'OREAL .............................................. 404 LEGRAND ..............................................85,52 LVMH .............................................. 817,1

%VAR.

-1,35 -1,96 -2,3 -1,72 -2,51 -1,82 -0,68 -2,55 -0,34 -1,14 -1,29 -1,08 -1,11 -1,2 +0,19 -0,2 -2,36 -2,08 -1,32 -2,05

LES DEVISES

+HAUTJOUR

158,9 124,72 26,93 24,145 27,68 56,98 30,71 162 17,88 11,918 58,15 39,36 14,36 175,58 62,06 1895 520,8 408,65 86,3 825

MONNAIE

AUSTRALIE ................................................................................ DOLLAR AUSTRALIEN CANADA ................................................................................ DOLLAR CANADIEN GDE BRETAGNE ................................................................................ LIVRE STERLING HONG KONG ................................................................................ DOLLAR DE HONG KONG JAPON ................................................................................ YEN SUISSE ................................................................................ FRANC SUISSE ETATS-UNIS ................................................................................ DOLLAR TUNISIE ................................................................................ DINAR TUNISIEN MAROC ................................................................................ DIHRAM TURQUIE ................................................................................ NOUVELLE LIVRE TURQUE EGYPTE ................................................................................ LIVRE EGYPTIENNE CHINE ................................................................................ YUAN INDE ................................................................................ ROUPIE ALGERIE ................................................................................ DINAR ALGERIEN

0,111 0,108 0,351 0,332 0,243 0,303 0,257 0,282 0,147 0,237 0,196 0,127 0,211 0,104 0,223 0,08 0,204 0,08 0,198 0,116

+19,21 +11,51 +15,51 -2,16 +4,24 +5,24 +8,59 +1,73 +13,97 +20,29 +16,84 +16,36 +6,44 +3,45 -7,78 +30,55 +7,99 +21,1 +14,3 +20,18

1 EURO=

1,6402 1,46 0,8699 8,4462 149,3 0,9732 1,0785 3 11,103 21,4487 33 7,6005 89,1473 147

AUD CAD GBP HKD JPY CHF USD TND MAD TRY EGP CNY INR DZD

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VALEURS LIQUIDATIVES EN EUROS (OU EN DEVISES), HORS FRAIS VALEUR DATE DE LIQUID. VALORISAT.

Cybèle Asset Management 37 av. des Champs-Elysées

La valeur du jour JOUR

+BAS JOUR %CAP.ECH 31/12

156,72 123,22 26,16 23,765 26,96 55,91 30,28 157 17,56 11,74 57,33 38,8 14,134 173,4 60,72 1846 510,7 400,2 84,84 813,5

Unis, il s’agit d’une bonne nouvelle pour les start-up du Vieux ­Continent. L’écosystème européen de la tech manque en effet ­cruellement de ce type d’acteurs capable d’accompagner les ­start-up à des stades de maturités avancées. « Les grosses opérations sont très souvent le fait de fonds anglo-saxons ou de fonds souverains asiatiques. C’est important d’avoir une alternative comme la ­nôtre, aux racines européennes, qui ne va pas demander au conseil ­d’administration d’une start-up de déménager son siège à la première occasion », conclut l’associé gérant d’Axa Venture Partners, François Robinet. L. M.

MICHELIN .............................................. 27,22 ORANGE ..............................................11,578 PERNOD RICARD ........................... 210 PUBLICIS GROUPE SA ..................... 70,2 RENAULT .............................................. 32,745 SAFRAN .............................................. 136,58 SAINT GOBAIN ........................... 53,31 SANOFI ..............................................100,88 SCHNEIDER ELECTRIC ..................... 157,66 SOCIETE GENERALE ........................... 23,765 STELLANTIS NV ........................... 14,626 STMICROELECTRONICS ..................... 39,305 TELEPERFORMANCE ........................... 156,25 THALES .............................................. 133,7 TOTALENERGIES ...........................56,86 UNIBAIL-RODAMCO-WE ..................... 43,95 VEOLIA ENVIRON. ........................... 26,95 VINCI .............................................. 108,46 VIVENDI SE ........................... 8,8 WORLDLINE .............................................. 39,21

LʼOR

%VAR.

-2,37 -0,21 -0,9 -2,12 -2,82 -2,36 -2,81 -0,22 -3,44 -2,06 -4,09 -5,38 -2,5 -0,41 -0,28 -3,39 -2,95 -1,11 -3,3 -3,45

VEILLE

+HAUTJOUR +BAS JOUR

27,7 11,716 211 71,2 33,47 138 54,23 101,62 161,6 24,115 15,094 41,3 158,7 133,95 57,37 45,5 27,7 108,92 9,042 40,31

27,02 11,514 208 69,58 32,49 135,9 52,98 100,38 157,04 23,61 14,576 39,055 154,8 131,3 56,22 43,6 26,78 107,88 8,77 38,99

31/12

Cotation quotidienne assurée par Or en Cash https://www.orencash.fr/investissem*nt/ Lingot 1KG ................................. 58 881,98€ Lingot 100g ................................. 5 899,1€ Lingot 50g ................................. 2 956,55€ 1 843,5€ Lingot ONCE (31,10g) ................................. Lingot 10g ................................. 599,01€ 157,93€ Lingot 2,5g ................................. 2OFr NAPOLÉON .................................367,54€ 20Fr SUISSE ................................. 362,44€ SOUVERAIN ................................. 459,51€ KRUGGERAND ................................. 1 958,38€ 50 PESOS ................................. 2 339,33€ 10 DOLLARS ................................. 957,56€ 20 DOLLARS ................................. 1 913,13€

+7,4 % +1,87 % +0,73 % +0,68 % +0,34 % -2,53 % +7,18 % +7,23 % +7,88 % +4,89 % +7,26 % +6,88 % +6,1 %

%CAP.ECH

0,245 0,255 0,157 0,257 0,346 0,218 0,204 0,144 0,189 0,51 0,127 0,347 0,387 0,108 0,19 0,541 0,342 0,127 0,484 0,203

Notre « approche est

contracyclique. L’histoire a montré que les années de sorties de crise ou de correction post-bulle sont propices

»

François Robinet, associé gérant d’Axa Venture Partners

[emailprotected]

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+4,75 +24,75 +14,29 +18,14 +4,7 +16,81 +16,78 +12,29 +20,61 +1,21 +10,22 +19,12 -29,84 +12,07 -3,05 -9,62 +12,29 +16,26 -1,28 +7,34

Compagnie des Alpes : la reprise se confirme

CLÔTURE DU CAC 40

-1,70 % à 7 253,46 points

Les skieurs et les touristes se ruent de nouveau dans les stations de ski et les parcs à thème gérés par la Compagnie des Alpes. Après avoir subi de plein fouet la crise sanitaire, la société poursuit son redressem*nt entamé sur l’exercice 2021-2022. Sur les six premiers mois de son nouvel exercice, soit d’octobre 2022 à mars 2023, le chiffre d’affaires du groupe a grimpé de 25,5 %, à 678,5 millions d’euros. Cette forte fréquentation a en grande partie compensé l’envolée des coûts de l’énergie. Sur la même période, le résultat net part du groupe est en baisse de 4,5 %, à 107,6 millions d’euros sur un an. Le groupe a été pénalisé par une base de comparaison élevée, puisque le premier semestre de l’exercice précédent intégrait des primes d’assurance liées aux inondations ayant touché les parcs de loisirs du groupe en Belgique, Walibi Belgium et Aqualibi, en juillet 2021. À périmètre comparable et hors éléments exceptionnels, le résultat net

est en hausse de 5 %. La rentabilité des activités du groupe, mesurée par l’excédent brut opérationnel (EBO), progresse de 1 %, à 232,7 millions d’euros. « La Compagnie des Alpes a ­démontré sa capacité à s’adapter et à largement compenser le choc inflationniste sur ses coûts, notamment ceux liés à l’énergie », s’est félicité le ­directeur général du groupe, Dominique Thillaud. « Bénéficiant de l’altitude ­élevée de nos domaines, la croissance du nombre de nos journées skieurs s’est révélée supérieure à la moyenne ­nationale, tandis qu’une grande majo­rité de nos parcs ont établi de nouveaux records de fréquentation », a précisé ­ Dominique Thillaud. La rentabilité des ­ domaines skiables (La Plagne, Les Arcs, Val-d’Isère, Méribel…) est quasiment stable (- 1 %), alors que les coûts de l’électricité sont passés de 14 millions d’euros à 34 millions d’euros en un an. Le titre a grimpé de 5,59 % mercredi, dans un marché en forte baisse. ■

A

IM) pourra compter sur un coup de pouce de la maison mère, qui va ­investir 750 millions d’euros. Depuis sa création en 2015, le groupe a soutenu près de 60 entreprises via des investissem*nts directs, et a investi de façon ­ ­indirecte dans une cinquantaine de fonds. Il revendique aujourd’hui 1,3 milliard d’euros d’actifs sous gestion. « Nous avons débuté par un fonds Venture investissant dans de toutes jeunes start-up qui mettaient leurs produits sur le marché. Puis un autre pour emmener les sociétés de 10 millions à 100 millions d’euros de chiffre. Cette troisième génération permettra de continuer à accom­ pagner ces sociétés jusqu’à potentiellement leur introduction ­

Malgré la période de vache maigre pour le financement des start-up et des investisseurs censés les ­soutenir, certains continuent à se montrer gloutons. Axa Venture Partners (AVP), fonds de capitalrisque et branche du géant français de l’assurance, a annoncé ce mercredi le lancement d’un très ­ gros véhicule d’investissem*nt. Dédié aux start-up les plus ­matures, ce fonds espère réunir la coquette somme de 1,5 milliard d’euros. Un montant conséquent, surtout dans la période actuelle. AVP se laisse jusqu’à début 2024 pour convaincre ses partenaires financiers de mettre au pot. Le ­ fonds de capital-risque (logé dans la société de g ­ estion d’Axa, Axa-

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médias et publicité

TF1 accuse France Télévisions de « prendre en otage » sa filiale de production Newen Nouvelle passe d’armes dans le conflit qui oppose les chaînes privées au groupe audiovisuel public. Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, et Rodolphe Belmer, PDG de TF1. Le groupe public va supprimer une partie de ses commandes à Newen, le bras armé de TF1 dans le secteur de la production.

caroline Sallé £@carolinesalle

Audiovisuel Œil pour œil, dent pour dent ! À peine Delphine Ernotte avait-elle pris connaissance, il y a dix jours, de l’offensive lancée par les chaînes privées contre France Télévisions, qu’elle organisait la riposte. La lettre envoyée par TF1, M6, Canal+ et Altice (BFMTV, RMC…) à la première ministre Élisabeth Borne, dénonçant une forme de concurrence déloyale, lui a fait l’effet d’une gifle. Et la présidente du groupe audiovisuel public n’est pas du genre à tendre l’autre joue. Elle ne mettra pas vingt-quatre heures à convoquer son état-major, mobiliser ses salariés puis monter au front. Avec, plus particulièrement dans son viseur, TF1. Le vendredi 12 mai, la mauvaise nouvelle tombe chez Newen, via des appels aux différents producteurs de l’entreprise. Une partie des commandes de programmes émanant de France Télévisions sera gelée jusqu’à nouvel ordre, comme l’a révélé La Lettre A. Newen n’est pas n’importe quel groupe: ce n’est autre que le bras armé de TF1 dans le secteur de la production. « France Télévisions a effectivement informé Newen, dès le lendemain de l’envoi du courrier, de la suppression d’une partie de ses commandes, en rétorsion à la démarche collective de l’Association des chaînes privées », assure la porte-parole du groupe TF1. Tandis qu’en coulisses, les chaînes privées tentent de rallier des parlementaires à leur cause, le service public attaque sur le terrain de la production. La tactique n’est pas inédite. En 2015, à l’époque du rachat de Newen par TF1, Delphine Ernotte, inquiète de voir l’un de ses principaux fournisseurs de contenus tomber dans l’escarcelle de son concurrent direct, avait annoncé « suspendre les développements et les projets avec le groupe Newen ». Depuis, le flux d’affaires en provenance de France Télévisions

François BOUCHON/ Le Figaro, ERIC PIERMONT/AFP

n’y a eu « niIl injonction,

ni courrier (...) Nous venons d’ailleurs de confirmer nos séries « La Doc et le Véto » ainsi que « Cassandre »

»

un communiqué du groupe france télévisions

s’est resserré, avec l’arrêt de programmes emblématiques tels que l’émission quotidienne « Les Maternelles » et surtout le feuilleton Plus belle la vie. Mais Newen produit encore plusieurs fictions pour le service public. Les séries Cassandre avec Gwendoline Hamon, Le Voyageur avec Éric Cantona ou La Doc et le Véto, avec Michel Cymes, diffusées sur France 3 et qui réalisent de bonnes audiences (autour de 5 millions de téléspectateurs en moyenne pour Cassandre), ou la série pour ados Askip, qui vient de franchir sur France 4 et la plateforme jeunesse du groupe audiovisuel public Okoo, le cap du 200 épisode. Il y a aussi plusieurs émissions, comme « Le magazine de la santé », une quotidienne sur France 5. Sans parler des reportages et des documentaires pour les magazines du ser-

vice public. « Le groupe TF1 rappelle que Newen est le 3e producteur audiovisuel français, derrière Mediawan et Banijay, et un partenaire historique de France Télévisions », souligne la porte-parole.

Pas de boycott, assure France Télévisions

Un expert du secteur audiovisuel estime que le gel d’une partie des programmes produits par Newen pour les antennes de France Télévisions provoquerait « un manque à gagner de l’ordre de 10 à 20 millions d’euros ». L’an dernier, le chiffre d’affaires de Newen avait atteint 428 millions d’euros. Ce scénario d’un blocus des contenus produits par Newen est, toutefois, récusé par France Télévisions. « Il n’y a eu ni injonction, ni courrier. Il n’y a aucun boycott. Nous venons d’ailleurs de confirmer nos séries La Doc et le Véto

ainsi que Cassandre. En revanche, nous ne pouvons nous engager sur des projets éditoriaux qui ne répondent pas aux exigences de qualité du service public », indique-t-on au sein du groupe audiovisuel public. Arrêter des fictions qui séduisent en soirée 4 voire 5 millions de téléspectateurs, reviendrait pour France Télévisions à se tirer une balle dans le pied. Ce serait prendre le risque d’affaiblir son audience.

« Instrumentalisation des investissem*nts »

En revanche, le groupe public peut très bien stopper ou du moins réduire les commandes de reportages et de documentaires que l’agence Capa, notamment, au sein de Newen, produit pour le groupe dirigé par Delphine Ernotte. « Des programmes qui sont pourtant directement liés à des

Les maisons d’édition partent à l’assaut du podcast Le podcast séduit les éditeurs en quête d’un nouveau public. Avec une double tendance, la déclinaison du livre vers l’audio et du podcast vers l’édition papier.

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Salomé Ferraris £@salomasferraris

Édition « Virgil l’avait prévu. Virgil prévoit tout. » « Il nous fallait la clé. » Sur une musique entêtante, des bribes de dialogue s’emmêlent. Pendant quelques secondes, le brouhaha disparaît, camouflé par des cris. C’est sur ces notes que commence le podcast Impact. Face au succès du thriller éponyme d’Olivier Norek, qui s’est écoulé à plus de 140 000 exemplaires, Michel Lafon a décidé de décliner le roman en série audio d’une dizaine d’épisodes. La maison d’édition n’est pas la seule à s’intéresser de près aux podcasts. L’an dernier, CalmannLévy a publié la version feuilleton audio de Négo, polar de Laurent Combalbert. De son côté, Hatier a lancé trois séries de podcasts inspirés de sa collection « Annabac » pour réviser les épreuves d’histoire, d’économie et de philosophie. « Les modes de consommation culturels ont évolué. Par exemple, le podcast est un format très populaire chez les jeunes », fait remarquer Rachel Duc, directrice du département éducation chez Hatier. « Nous essayons de nous adapter à ces nouveaux usages et d’aller chercher les audiences là où elles

sont. » Car le marché du podcast se porte bien. Selon les dernières données de l’institut Mediamétrie, 17,6 millions de Français écoutent chaque mois des podcasts. En avril dernier, 131 millions de podcasts français ont été écoutés ou téléchargés dans l’Hexagone.« La popularité des séries audio est exponentielle depuis quelques années », confirme Charlotte Pudlowski, fondatrice de Louie Media, un studio de podcasts. De quoi attiser la convoitise des éditeurs à la recherche de nouveaux lecteurs.

Un outil promotionnel « Lancer un podcast, c’est un investissem*nt important. Mais le jeu en vaut la chandelle, cela permet de proposer des contenus innovants », analyse Guillaume Pech-Gourg, directeur marketing digital d’Hachette. Le groupe diffuse une douzaine de podcasts adaptés d’ouvrages, répartis entre ses différentes filiales. « Nous avons commencé par la littérature, mais les podcats concernent désormais des domaines variés comme l’éducation, les savoirs, etc. » Pour le directeur marketing digital, le podcast est un « excellent outil promotionnel » pour décliner une histoire à succès et « faire connaître les ouvrages auprès d’un public souvent plus jeune ».

131 millions

Nombre de podcasts français écoutés ou téléchargés dans l’Hexagone, en avril

« Rajeunir les lectorats », c’est aussi l’ambition d’Hachette. Le groupe a fait le pari de tirer à plus de 20 000 exemplaires la version livre de Gang Stories, le podcast raconté par le rappeur et acteur JoeyStarr. Car si les livres se déclinent sur les plateformes de streaming, les podcasts remplissent également les étagères des librairies. L’adaptation papier de Transfert, un podcast qui cumule plus de 1 million d’écoutes par mois, est parue fin mars. De leurs côtés, les Éditions Stock ont publié Coming Out, inspiré du podcast éponyme d’Élise Goldfarb et Julia Layani.« C’est une série audio qui a extrêmement bien fonctionné et qui dispose d’une communauté engagée », indique Charlotte Brossier, directrice de la coordination éditoriale et commerciale chez Stock.

Des succès en demi-teinte En misant sur des histoires déjà populaires auprès du public, les maisons d’édition espèrent maximiser les chances de succès de l’ouvrage papier. Un pari qui permettrait à la fois de « prolonger l’intérêt des auditeurs vers le livre et de séduire un nouveau public ». Mais l’ensemble des acteurs interrogés sont unanimes : un podcast très suivi ne se transforme pas

à tous les coups en carton éditorial. Si les trois premières adaptations des podcasts Binge Audio ont été une réussite, Bienvenue au Wokistan n’a pas trouvé son public. Loin des 90 000 exemplaires des Couilles sur la table, ou des 45 000 livres du Cœur sur la table, ce recueil de chroniques ne dépasse pas les 5 000 ventes. Tout comme la version papier de Coming Out sortie en février chez Stock. « Le résultat n’était pas tout à fait à la hauteur de nos attentes », admet Charlotte Brossier. Mais la maison d’édition ne baisse pas les bras et envisage de tenter à nouveau l’expérience. « Pour les prochaines fois, nous essaierons de travailler du contenu plus inédit. » Constat similaire du côté des succès littéraires adaptés en podcast. « Les épisodes sont gratuits, mais nous souhaitons explorer toutes les pistes de monétisation », admet Guillaume Pech-Gourg. Entre le montant des droits, les éventuels partenariats avec des studios de production, les comédiens…« Le business model est en évolution permanente ». Hachette mise sur la publicité et les sponsors pour amortir les coûts. À terme, le groupe espère faire du podcast une nouvelle source de revenus, au même titre qu’une adaptation en livre ou en série. ■

missions de service public », pointe un proche du dossier. Et dont la suppression pourrait fragiliser des auteurs, des journalistes… Du côté de la Une, on se dit « inquiets de l’instrumentalisation des investissem*nts programmes de France Télévisions dans une intention de rétorsion à l’égard du groupe TF1, en prenant en otage Newen, ses auteurs, ses producteurs et ses journalistes. Et nous nous interrogeons sur de telles pratiques, loin de l’intérêt des téléspectateurs et des missions du service public ». Si le conflit entre chaînes privées et chaînes publiques déborde aujourd’hui sur le terrain de la production, il vire surtout au duel entre France Télévisions et TF1. En cas d’enlisem*nt du conflit, le milieu de la création, pris entre deux feux, pourrait finir par être déstabilisé. ■

en bref La matinale de France Inter évolue £ Déjà prolongée d’une demiheure cette année, la matinale de France Inter le sera de nouveau la saison prochaine, jusqu’à 10 heures. Elle sera « toujours portée par nos deux piliers, Léa Salamé et Nicolas Demorand », selon Adèle Van Reeth, qui a pris les commandes de la radio fin août. Léa Salamé et Sonia Devillers vont, toutefois, échanger leurs horaires d’interviews, la seconde prenant la case de 07 h 50, a indiqué la directrice de la station au Monde. Léa Salamé assurera « une interview quotidienne d’un quart d’heure, à 9h20 ». À 9 h 10, Léa Salamé et Nicolas Demorand mèneront « un nouveau rendezvous de débat ». Ils conserveront le « grand entretien de 8 h 20 ».

Netflix restreint le partage de mots de passe £ Netflix a annoncé que les utilisateurs américains, français et d’une centaine d’autres pays vont devoir désormais payer un supplément pour partager leurs codes d’accès au service avec des personnes non-membres de leur foyer. Les prix varient en fonction des pays : les ménages américains paieront près de 8 dollars en plus par mois pour autoriser un invité à utiliser leur compte. En France, ce sera 5,99 euros mensuels.

jeudi 25 mai 2023 le figaro - N° 24 496 - Cahier N° 3 - Ne peut être vendu séparément - www.lefigaro.fr

Montres

Nivada Grenchen

En lançant leurs marques digitales, créatives et accessibles, de jeunes passionnés renouvellent l’horlogerie

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Festival de Cannes

Le retour en très grande forme de Nanni Moretti avec « Vers un avenir radieux » Page 34

Le blockhaus d’Éperlecques, nivada ; Sacher Films/Fandango/Le Pacte/France 3 Cinéma ; hbm

musée de la mémoire à vif

Près de quatre-vingts ans après, le souvenir du débarquement touche toujours autant. En Normandie et dans les Hauts-de-France, des initiatives privées entretiennent l’histoire. PAGE 32

Tina Turner, « Reine du Rock’n’Roll » disparition La chanteuse s’est éteinte à l’âge de 83 ans en Suisse, où elle résidait avec son deuxième mari.

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Par olivier nuc £@oliviernuc

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huit Grammy Awards dans les années 1980. Cette vie rangée chez nos voisins helvètes - elle avait quitté la scène depuis plus de dix ans - est aux antipodes des années qu’elle a traversées auprès de Ike Turner. En révélant son talent de chanteuse, ce pionnier du rock avait fait d’elle une créature soumise à force de mauvais traitements et d’humiliations. La superstar n’avait pas hésité à parler publiquement des abus qu’elle avait subis de la part de son ancien mari dans les années 1960 et 1970. Personne ne donnait cher de sa peau après leur séparation. «Je me suis mise à croire en moi, et à me persuader que tout allait bien se passer pour moi. Et… cela a été le cas !», confiait Tina Turner au Figaro. Plus qu’elle ne l’espérait même : elle est devenue une superstar au milieu des années 1980, imposant son charisme et son allure de lionne sur les scènes du monde entier. ■

VISITES PRIVÉES DE L’EXPOSITION NAPLES À PARIS les 6 juin, 5 septembre et 14 novembre, en devenant sociétaire des Amis du Louvre

Inscription sur : amisdulouvre.fr/capodimonte

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Michael Urban/REUTERS.

ACCÉDEZ AUX

Antea, Francesco Mazzola, Per gentile concessione del MIC-Ministero della Cultura, Museo e Real Bosco di Capodimonte

a chanteuse américaine, naturalisée suisse, Tina Turner, est morte à l’âge de 83 ans, selon un communiqué publié mercredi sur son compte Instagram officiel. « C’est avec une grande tristesse que nous annonçons la mort de Tina Turner», indique le communiqué, ajoutant que la chanteuse laissait « derrière elle sa plus grande œuvre : sa musique ». Surnommée la « Reine du Rock’n’ Roll », Tina Turner était considérée comme l’une des plus grandes artistes de tous les temps, connue pour des succès tels que What’s Love Got to Do with It et (Simply) The Best. Née Anna Mae Bullock dans le Tennessee en 1939, elle avait pris sa retraite en Suisse, dans sa maison de Küsnacht, près de Zurich, auprès de son second époux, Erwin Bach, un ancien cadre de maison de disques. L’artiste est morte paisiblement des suites d’une longue maladie, a indiqué son agent. Tina Turner a commencé sa carrière dans les années 1950, pendant les premières années du rock and roll, avant de devenir un véritable phénomène. Veste en jean courte, mini-jupe, talons aiguilles et cheveux blonds hérissés, Tina Turner a incarné à elle seule le style des années 1980 dans le clip de sa chanson What’s Love Got to Do with It, où elle déambule dans les rues de New York. La légende a su parfaitement s’adapter au paysage pop des années 1980. Elle a ainsi remporté six de ses

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l'événement À gauche, la reproduction d’un missile V2 devant le site d’Éperlecques. Ci-dessous, l’intérieur du blockhaus en béton armé, long de 75 mètres, large de 35 et haut de 33.

ing. Philippe Vercoutter, rodolphe geisler/le Figaro

Éperlecques,

le plus gros blockhaus de France contre-attaque RODOLPHE GEISLER £@RodolpheGeisler SAINT-OMER (PAS-DE-CALAIS)

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resque imperceptiblement, comme surgi de derrière les arbres, le printanier gazouillis des oiseaux se confond peu à peu avec un lointain murmure qui fait penser au célèbre Chant des partisans, qu’entonnèrent les premiers résistants face à l’occupant allemand. À mi-chemin sur le sentier forestier menant au blockhaus d’assemblage des missiles V1 et V2, situé à 16 kilomètres de Saint-Omer, le visiteur, qui se croyait seul, s’arrête. Comme interloqué. Cherche du regard. Au milieu des feuillages de la forêt d’Éperlecques, on ne distingue plus que des queues d’obus à moitié plantés dans le sol entre les racines et les ronces. En cherchant bien, on aperçoit encore quelques véhicules militaires comme s’ils venaient d’être tout juste abandonnés par leurs occupants pendant un bombardement. Ce sous-bois est-il hanté ? Il l’est assurément du souvenir d’un épisode peu connu de la Seconde Guerre mondiale : nous sommes au Musée du blockhaus d’Éperlecques, l’une des bases secrètes conçue par les Allemands pour y abriter à partir de 1942 une usine de production d’oxygène liquide et un site de lancement pour les fusées V1 et V2 destinées à semer terreur et mort en Angleterre. Propriétaire et directeur du musée, ouvert en 1973 par son propre père, Hubert de Mégille est par la force des choses devenu un expert en V1 ou V2, dont les caractéristiques et les plans

Comme perdue au milieu de la forêt du même nom, cette ancienne base secrète allemande durant la Seconde guerre mondiale inaugurera le 6 juin la réplique d’une nouvelle table de lancement de missiles V2. Reportage.

sont expliqués aux visiteurs tout au long du parcours. À la fin, une réplique grandeur nature d’un V1 sur sa rampe de lancement mobile, ainsi qu’une fusée V2 de 14 mètres de haut et semblant prête au décollage, terminent la découverte. Mais, avant, il faut compter 1 h 30 de déambulation dans les bois et le blockhaus. « Quand j’ai repris la direction du musée, j’ai voulu faire quelque chose d’atypique et de différent par rapport aux nombreux musées que l’on trouve par exemple en Normandie. Et nous rendons aussi hommage aux 35 000 travailleurs réquisitionnés pour ériger en moins d’un an ce monstre de béton. La plupart étaient issus du STO belge, ou étaient des prisonniers russes, polonais, ou encore hollandais… », explique Hubert de Mégille. Plusieurs plaques rendent hommage à ces travailleurs forcés.

« Mise en condition du visiteur »

Le secret d’Hubert de Mégille pour tenter de se distinguer des autres musées est la « mise en condition du visiteur ». Passé l’accueil, sa billetterie et sa boutique de souvenirs, celui-ci ouvre alors une porte et se retrouve débout sur un quai de gare de campagne évoquant les années 1940. Face à lui : deux wagons à bestiaux. Invité à y monter et à appuyer sur un bouton rouge avant de fermer les yeux, le visiteur entend hurler des ordres en allemand, des cris, puis le sifflement d’une locomotive à vapeur. Il comprend alors qu’il se trouve dans un train pour être déporté. L’effet produit est bluffant. Puis la visite, sur moins d’un kilomètre, se poursuit à travers un

sentier dans le massif forestier, ponctué de plusieurs haltes avec des rappels historiques. Arrive enfin la découverte du blockhaus au milieu d’une clairière. Une masse en béton armé longue de 75 mètres pour 35 de large et 33 de hauteur. Un défi à l’entendement. Un site élevé pour semer la mort. Pour le visiteur, passé l’étonnement, le silence s’impose. Nous sommes très loin des « petit* blockhaus » du Mur de l’Atlantique. « Ah ! Quand même… », s’exclame-t-on. Par endroits, les impacts des bombardements du 27 août 1943, où 183 bombardiers, accompagnés de 448 chasseurs Spifire, larguèrent 366 bombes d’une tonne chacune, sont encore visibles. « Les témoins évoquaient un véritable tremblement de terre. Après le passage des avions, un tiers du massif forestier ressemblait à un paysage lunaire… », raconte Hubert de Mégille. Finalement, en juillet 1944, un mois après le débarquement en Normandie, les Allemands abandonnent le site. Mais les habitants de Saint-Omer devront encore attendre le mois de septembre pour être libéré, le 5, par les Polonais de la 1ère DB. Aujourd’hui, Hubert de Mégille espère faire de son blockhaus « un lieu de réflexion sur la paix ». Les bonnes années, 50 000 visiteurs le foulent. Mais « il nous en faudrait au moins 75 000 par an pour tout remettre en état… », glisse-t-il. Pour attirer de nouveaux curieux, la réplique d’une nouvelle table de lancement de fusées V2 sera inaugurée le 6 juin. ■ Retrouvez toutes les infos pratiques et nos bonnes adresses pour séjourner à Saint-Omer sur lefigaro.fr/voyages

« Le tourisme mémoriel n’est pas parti pour décliner »

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François Rouquet est professeur d’histoire contemporaine à l’université de Caen. LE FIGARO. - Pourquoi le souvenir du Débarquement nous touche-t-il toujours autant, près de quatre-vingts ans après ? François ROUQUET. - Il y a plusieurs explications. D’abord une fascination pour la guerre. Notamment la Seconde Guerre mondiale. Je le constate avec mes étudiants. Ensuite, la multiplication des petit* musées sur les côtes normandes permet d’entretenir une histoire douloureuse, mais aussi, pour être honnête, des intérêts économiques.

Enfin, il y a tout un folklore, souvent festif, autour des reconstitutions en uniformes d’époque où des gens réécrivent une histoire populaire. D’un point de vue anthropologique, je dirais que c’est aussi une forme de substitution symbolique du service militaire… Justement, cette multiplication des musées et manifestations ne brouillet-elle pas votre travail d’historien ? C’est vrai. On recense une cinquantaine de musées liés au Débarquement dans la Manche et le Calvados. La vérité, c’est que beaucoup relèvent plus d’un cabinet de curiosités, sans démarche scientifique, que d’un lieu pensé avec

un parcours pédagogique. D’un côté on trouve des petites structures, sortes de surplus américains, portées avec fierté par des collectionneurs. De l’autre, des musées plus classiques comme le Mémorial de Caen, qui, lui, a un réel souci scientifique, finance des bourses pour les étudiants, et dont les parcours correspondent à l’évolution historiographique de la Seconde Guerre mondiale. C’est-à-dire que les objets sont remis dans leur contexte. Avec la disparition des derniers vétérans, redoutez-vous que le tourisme mémoriel, qui attire 5 millions de visiteurs chaque année en Normandie, décline ?

Le tourisme mémoriel n’est pas parti pour décliner. La fascination pour ce conflit reste forte. En histoire contemporaine, nous avons la chance de mesurer l’importance du témoin vivant. Mais leur disparition progressive les transforme parfois en icônes, avec une parole jugée plus vraie que celle des historiens ! Cela montre que l’émotion est désormais plus forte que l’analyse critique. Au cinéma, cela se traduit par le film Il faut sauver le soldat Ryan. Pour conclure, je dirais que, depuis une trentaine d’années, il y a une sanctification de l’histoire. Une mémoire spectacle. PROPOS RECUEILLIS PAR R. G.

Débarquement en Normandie : les musées de la mémoire La saison 2023, qui s’apprête à célébrer le 79e anniversaire du Débarquement, s’annonce comme la répétition des grandes cérémonies de l’année prochaine. De nombreux musées ont fait peau neuve, comme celui d’Arromanches (Calvados), tout juste rouvert après deux ans de travaux. Petite sélection en Normandie, qui compte 52 musées liés à la guerre de 1939-1945, mais aussi dans les Hauts-de-France, qui en compte 6… ● Le Mémorial de Caen (calvados) Créé en 1988 dans le Calvados, il est sans doute la référence des musées consacrés à la bataille de Normandie en particulier et des conflits contemporains en général… Même s’il préfère l’appellation de « Musée de la paix ». Plus de 400 000 visiteurs s’y pressent chaque année. Tél. : 02 31 06 06 44 ; memorial-caen.fr ● Airborne Museum de Sainte-Mère-Église (manche) Après un passage obligé par la place de l’église où le mannequin d’un parachutiste américain accroché au clocher attire toujours autant de curieux, le musée de Sainte-Mère-Église, dans la Manche, consacré aux hommes des 82e et 101e divisions aéroportées, fait partie des incontournables. Tél. : 02 33 41 41 35 ; normandie-tourisme.fr ● La Coupole (Pas-de-Calais) À Helfaut-Wizernes, près de SaintOmer, c’est un site atypique, avec son blockhaus en forme de coupole et ses galeries souterraines, à la fois un musée sur la Seconde Guerre mondiale, ses missiles V2, mais aussi un planétarium consacré à la conquête spatiale. Tél. 03 21 12 27 27 ; memoire-pas-de-calais.com

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judikael hirel £@jhirel

horlogers nouvelle génération Ils se sont lancés il y a à peine quelques années, ont en commun la passion des montres, le désir de renouveler le design et de s’adresser au grand public avec des prix sages.

De gauche à droite, Clément Meynier (Depancel), Clément Daniel, Étienne Malec et Paul Bienstman (Baltic), Guillaume Laidet (Argon) et Andrea Furlan (Furlan Marri). Depancel ; Baltic ; Argon ; Furlan ; Nivada

pour les jeunes marques digitales qui s’affranchissent des coûts des boutiques pour vendre en ligne. La plupart affectionnent une esthétique vintage, comme Baltic ou Furlan Marri, fondée par Andrea Furlan et Hamad al-Marri, dont chaque nouveauté s’arrache à travers le monde. Depancel et son chronographe rétro cultive l’inspi­ration automobile, tout comme Atelier ­Jalaper, dont les cadrans sont taillés dans la carrosserie d’une Lamborghini Miura. « L’horlogerie peut de nouveau être perçue comme un plaisir simple de tous les jours, estime Étienne Malec, cofondateur de Baltic aux côtés de Clément Daniel et Paul Bienstman. Nos clients viennent chez nous pour s’acheter une montre sympa et en profiter sans trop se poser de questions. Je trouve que c’est un retour à une passion saine de l’horlogerie. » La marque Baltic, l’une des premières à se lancer en 2017, battra d’emblée des records en matière de montres mécaniques, avec sa campagne de financement participatif via Kickstarter. « Ce système a très bien marché, nous avons vendu 1 200 montres et levé un demi-million d’euros. Le ­timing nous a été favorable. » Plus récemment, ces maisons connectées de naissance ont aussi profité, chacune à leur manière, de la pandémie. « Cette période a sans doute joué en faveur des indépendants, par nature plus flexibles, ajoute Étienne Malec. Notre gamme de prix est idéale pour

vendre des montres sur internet dans un monde moderne. Même si certains dépensent de plus en plus dans l’horlogerie, d’autres ne veulent pas participer à cette surenchère. Or, à un prix entre 500 et 2 000 euros, les gens se posent moins de questions. Notre panier moyen est autour de 700 euros. »

On s’entend bien. Ce serait bête de se considérer comme des rivaux quand on peut être potes

Étienne Malec, cofondateur de Baltic

Les créations de qualité et bien ciblées de cette horlogerie nouvelle génération ont tout pour séduire trentenaires et quadragénaires. Et pas seulement en France, loin s’en faut ! « Notre premier marché, c’est Singapour, devant Hong­kong, la France, les États-Unis et les émirats, détaille Guillaume Laidet. Il faut dire que, plusieurs mois avant le lancement, j’ai rencontré des dizaines de clients potentiels à Singapour. Je suis à Hongkong depuis une semaine, et je dîne avec des collectionneurs qui enlèvent leur MB&F, leur Greubel Forsey, leur Patek Philippe ou leur Urwerk pour essayer une Argon ! Ils

en bref

Lire le temps dans le marc de café ?

Fred brille à Roland-Garros

À l’instar de la Big Bang Unico de Hublot réalisée à partir de capsules Nespresso, les horlogers innovent dans l’upcycling.

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uel caféinomane invétéré ne s’est jamais senti coupable de consommer autant de capsules de café, qui ne finiront pas toujours recyclées ? Pourtant, notamment chez Nespresso, le leader en la matière, ces dosettes sont en aluminium, un métal en principe réutilisable à volonté. Mais il est aussi possible d’en faire mieux que son usage initial, ce que l’on nomme l’upcycling. C’est ce cap qu’a suivi la manufacture horlogère suisse Hublot en dévoilant il y a quelques jours avec le géant du café – également suisse – une nouvelle Hublot Big Bang Unico (25 200 €) fabriquée à partir de capsules et de marc de café. Une première, et un pas de plus pour une industrie par essence parmi les plus durables, puisque aux antipodes de l’obsolescence programmée. Sur cette édition limitée à 200 exemplaires, boîtier, lunette, couronne et poussoirs intègrent 28 % d’aluminium recyclé issu de capsules. L’horloger collabore également ici avec SingTex, partenaire de Nespresso spécialisé dans la réalisation de tissus à partir du marc de café, afin de créer un bracelet composé à 5 % de marc et 95 % de polyester recyclé. Celui en caout-

chouc fusionne quant à lui 4,1 % de marc et 82 % de caoutchouc blanc recyclé. Quant à l’écrin de cette montre de luxe, il est taillé entièrement dans du chêne, un bois traçable en circuit court.

Filets de pêche et Carbonium Cette pièce fort de café pousse un cran plus loin le concept d’upcycling dans le monde horloger. Et ce, alors que les ­initiatives se multiplient. Côté boîtier, Panerai fabrique certains de ses modèles en eSteel, un acier recyclé à 95 %, et propose des bracelets en plastique recyclé. Chopard a pour sa part lancé un ­Lucent Steel composé à 70 % de matière recyclée. Dans le même esprit, Alpina a conçu la Seastrong Diver 300 Automatic Calanda (1 808 €). Une plongeuse au boîtier en acier PuReSteel produit par Thyssen Krupp, au bracelet en plastique recyclé. Oris avait déjà, par le passé, imaginé des Aquis Date Upcycle (2 200 €) au cadran réalisé en filets de pêche. Un matériau également employé par Ulysse Nardin pour le boîtier de son Ocean ­ Race Diver Net. Cette série limitée à 200 pièces associait alors du Nylo fabriqué à partir de ces filets par la marque française Fil & Fab et du Carbonium. Un

adorent retrouver ce genre de design à un prix “normal”. » Du côté de Baltic, on s’est aussi d’emblée tourné vers le monde. « Le premier post de notre compte Instagram était en anglais et disait que nous étions une marque française, se souvient Étienne Malec. Nous sommes une toute petite maison, mais nous avons vendu nos modèles dans 150 pays à travers le monde. Nous réalisons 85 % de nos ventes à l’export. » Ces ambitions à l’échelle de la passion horlogère planétaire ont créé une certaine solidarité entre ces entrepreneurs qui n’hésitent pas à s’entraider, partageant contacts, fournisseurs, distributeurs. « Si on grandit tous ensemble, nous sommes plus forts qu’en étant dans une pseudocompétition, assure le cofondateur de ­Baltic. On s’entend bien, ce serait bête de se considérer comme rivaux quand on peut être potes. Nous nous retrouvons dans les salons, on dîne ensemble. C’est bon enfant, et pourvu que cela dure ! De temps en temps, on réfléchit même au futur conjointement pour éviter de se retrouver en frontal. Même si, au fond, ce ne serait pas un drame. » Au final, il y a de la place pour tout le monde. « L’esprit de la jeune hor­logerie française est hyper sympa, confirme Guillaume ­Laidet. Il y a peu, nous étions tous ensemble à San Francisco pour la Wind up Watch Fair. C’est une concurrence saine, on se chambre. C’est ce qui est cool. » ■

1 1. La Hublot Big Bang Unico, éditée à 200 exemplaires, est fabriquée à partir de capsules et de marc de café Nespresso (25 200 €). 2. Partenaire du championnat Extreme E, Zenith a taillé le bracelet de son dernier chronographe dans des pneus Continental ayant roulé lors de la saison précédente (32 400 €). HUBLOT ; Zenith

2 alliage à l’impact environnemental 40 % inférieur à celui des autres composites en carbone, contenant des fibres upcyclées de chutes de production de fuselage d’avion. Pour les 50 ans de The Ocean Race, Ulysse Nardin vient d’ailleurs de dévoiler un chronographe en édition limitée à 100 exemplaires (16 000 €) dont la lunette unidirectionnelle est habillée ­ de Carbonium. Last but not least, la maison suisse Zenith, partenaire du championnat Extreme E, aux imposants 4 x 4 électriques, a sorti un chrono­ graphe 1/100e de seconde ultraléger en fibre de carbone DEFY Extreme E (32 400 €), dont le packaging intègre des éléments upcyclés de courses précédentes et le bracelet est issu de pneus Continental utilisés en compétition lors de la première saison. ■ J. H.

Si Roland Garros a donné son nom à un des tournois de tennis les plus célèbres au monde, il ne tire pas sa gloire de la terre battue. Diplômé de HEC, ami de Jean Cocteau, il préférait les airs, s’illustrant notamment en étant le premier à traverser la Méditerranée en avion. Son contemporain Fred Samuel, lui, aimait par-dessus tout la mer, et la grande bleue en particulier. Cet Alsacien né à Buenos Aires, partageait toutefois avec Roland Garros le goût du sport et de la compétition. Le bracelet Force 10 de Fred, créé en 1966 et inspiré de l’univers nautique, est encore aujourd’hui un best-seller. À l’occasion du tournoi 2023 de la Porte d’Auteuil, il porte haut ses couleurs avec son lien orange « terre battue » associé à deux manilles en or blanc et or jaune, pavées de diamants blancs et jaunes, citrines, saphirs jaunes É. B. et grenats spessartite. En série limitée à partir de 3 810 € dans les boutiques Roland-Garros et Fred.

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est le dernier exploit en date de Guillaume Laidet, jeune serial entrepreneur français : son Argon Spaceone, un OHNI, objet horloger non identifié, dessiné et conçu avec Théo ­Auffret, génie des montres hexagonal de 28 ans. Cette pièce au design futuriste n’aura mis que quelques minutes pour générer une levée de fonds de plus de 650 000 euros et être quasi épuisée en ­ligne. « Nous nous sommes rencontrés avec Théo en juin de l’année dernière, lors d’un apéro organisé par Étienne Malec, de ­Baltic », confie en toute simplicité, depuis un taxi à Hongkong, celui qui a déjà œuvré au (re)lancement de bien des marques : William L. 1985, Nivada Grenchen (voir page 31), Vulcain, Excelsior Park et désormais Argon. « Ce qu’aiment les amateurs et collectionneurs dans cette Argon Spaceone, c’est de retrouver la démarche de Théo, qui, d’ordinaire, fabrique à la main cinq tourbillons par an aux finitions exceptionnelles, à 150 000 euros pièce, poursuit-il. Chaque montre va être assemblée en France, intégrera un mouvement suisse Soprod et une heure sautante qu’il a également conçue. Grâce à cette levée, nous allons pouvoir recruter deux horlogers et un apprenti afin d’assurer la production en interne. » Ce qui devait n’être qu’un simple projet « en passant » va donc devenir désormais une véritable marque horlogère indépendante française conjuguant vente en ligne, complication esthétique et design innovant, avec des pièces commercialisées entre 1 500 et 2 000 euros. Depuis une dizaine d’années, ce positionnement prix a été délaissé par les grands noms du Swiss Made. Une aubaine

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Culture

FESTIVAL DE CANNES 2023

La mélancolie ma non troppo de Nanni Moretti EN COMPéTITION Le cinéaste italien, qui concourt pour la palme d’or avec « Vers un avenir radieux », filme un réalisateur qui rencontre moult difficultés pour tourner son nouveau long-métrage. Une incursion très réussie dans son paysage mental sans aucune vanité. éric neuhoff [emailprotected]

L’

avenir n’est plus ce qu’il était. Le passé ne se ressemble plus. Dans les rues de Rome, les trottinettes électriques ont remplacé les Vespa. La modernité salit nos souvenirs, même les plus beaux. Tout fout le camp. Tout se délite. Giovanni n’arrive pas à finir son film. Sa femme le quitte - quoi de plus normal : elle allait voir un psychanalyste. Sa fille s’éprend d’un sexagénaire polonais. Son producteur le laisse en plan. Cela ne va pas fort, du côté de Cinecitta. Nanni Moretti, avec son léger strabisme à la Vittorio Gassman, incarne ce réalisateur qui en a trop vu dans Vers un avenir radieux. Autour de lui, plus personne ne sait ce qu’était le PCI. Les gens s’imaginent maintenant que les communistes étaient tous des Russes. Se lancer dans une fiction située au moment où les troupes soviétiques envahissent Budapest, quelle idée saugrenue. L’Histoire, en 2023, a perdu sa majuscule. Le cinéaste nous entraîne dans son paysage mental, bâti de fidélités et de regrets. Les clins d’œil abondent. Il y a des piscines comme dans Palombella rossa, mais aucune longueur. Giovanni a abandonné son rêve d’adapter The Swimmer d’après une nouvelle de John Cheever. Sa mémoire est jonchée de déceptions et de sourires. La colère

Nanni Moretti interprète Giovanni, un réalisateur dont la vie se délite. Sacher Films/Fandango/Le Pacte/ France 3 Cinéma

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« Vers un avenir radieux » Drame de Nanni Moretti Avec Nanni Moretti, Margherita Buy,

Silvio Orlando, Barbora Bobulova Durée 1 h 36 Sortie en salle le 28 juin

n’est plus sa compagne favorite. Un rendez-vous avec Netflix lui arrache un tassem*nt d’épaules. Qui sont ces jeunes gens qui vous parlent à moitié en anglais (« turning point », « what the f*ck »), vous assomment de chiffres (« notre plateforme est disponible dans 190 pays », répète trois fois une productrice de contenus) et arborent des mines compassées ? Mieux valait les margoulins à cigare de la via Veneto. Sur le plateau, deux acteurs se rapprochent un peu trop. Dans son scénario, un cirque hongrois débarque dans les faubourgs. Les éléphants allemands ne s’entendent pas avec leurs hom*ologues français. Quel bazar ! La famille tâche de regarder Lola à la télévision, en mangeant des glaces au parfum sophistiqué (gingembre-canelle). La Dolce vita s’achève dans une salle d’art et d’essai où un nigaud saoule sa voisine

de théories au lieu de l’embrasser. Dans un studio, le héros téléphone à l’architecte Renzo Piano pour lui demander ce qu’il pense de la violence à l’écran. La séquence rappelle celle avec McLuhan dans Annie Hall, mais Moretti en a sûrement assez qu’on le compare à Woody Allen.

Une soyeuse mélancolie Le cinéaste italien filme par bouts, mais pas n’importe comment. Il conseille à un pseudo-Tarantino de se procurer le DVD de Tu ne tueras point. Kieslowski, ce nom résonne dans le vide. Les choix musicaux sont au diapason. Alors les personnages écoutent le tube d’Aretha Franklin dans Les Blues Brothers. Il y a aussi Joe Dassin et des rengaines populaires. L’artiste d’aujourd’hui, gavé d’industrie, n’a plus sa place. Cela donne envie de se pendre. Ou d’imiter sou-

dain les derviches tourneurs. Ou de défiler avec ses anciens compagnons au rythme de chansons démodées, de convoquer ses partenaires favoris dans une ambiance de kermesse avec drapeaux rouges. L’amour s’en va, l’amour finit. Le cinéma tire sa révérence. La politique se couvre de poussière. L’âge montre les crocs. Moretti prend le large. Cette époque où l’on ne risque plus de croiser Jennifer Beals sur le trottoir. Il a été râleur. Il était invivable. Sa bouée de sauvetage est cet humour à la Henri Calet, qui disait : « Ne me secouez pas, je suis plein de larmes. » Navré, impuissant, fataliste, Moretti s’éloigne avec une soyeuse mélancolie, a le tact reposant de ne jamais jouer les vaniteux. C’est comme un au revoir qui n’oserait pas être un adieu. On y entend un bruit de feuilles mortes. ■

« La Passion de Dodin Bouffant » fait chou blanc

EN COMPÉTITION Cette romance entre un gastronome avisé et sa cuisinière propose certes des recettes appétissantes, mais on reste sur notre faim. Françoise Dargent [emailprotected]

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l n’existe pas de recettes pour réussir un film 3 étoiles qui évoque la cuisine. On peut y parvenir à la manière légère d’une Catherine Deneuve dans Peau d’âne, « préparez, préparez votre pâte… », ou à la façon magistrale d’une Stéphane Audran dans le Festin de Babette. En 1993 à Cannes, le Franco-Vietnamien Trân Anh Hung semblait l’avoir trouvée. Il avait remporté la caméra d’or, qui récompense un premier film toutes sections confondues. L’Odeur de la papaye verte régalait le public avec son histoire d’une jeune servante qui débarquait dans une famille de Saïgon et apprenait à la connaître en cui-

sinant pour ses membres. Trente ans plus tard, le décor a changé. La Bourgogne a remplacé Saïgon. La chère est moins digeste. On y prépare des volsau-vent et des omelettes norvégiennes, la sauce bourguignotte et l’ortolan. Dans la jolie cuisine de Dodin Bouffant comme tirée d’un livre de recettes des Éditions du Chêne (on pense à La Cuisine retrouvée de Proust), on fouette, on plume, on saisit, on bride, on réduit, on aromatise. Même le bouillon n’y échappe pas. Clarifié, il sera meilleur. Dodin Bouffant (Benoît Magimel et l’embonpoint qui sied au rôle) est à cheval sur les recettes. Amateur très averti, épicurien revendiqué, il aime convier à sa table ses amis bourgeois. Sa fidèle cuisinière Eugénie (Juliette Binoche) devance ses

ordres. Elle sait tout faire à merveille. Il en pince pour elle (et pas que des écrevisses). Le soir, il la rejoint dans sa chambre. Elle a refusé sa main mais il va tenter de la convaincre en lui servant un repas merveilleux.

zigzaguent entre les BMW électriques officielles du festival et les Lamborghini des clients italiens en goguette. Elles ont la plus belle des suites : leurs ruches se situent sur le toit de l’hôtel. N’interrogez pas Emanuele Balestra sur les vedettes et ce qu’elles boivent pendant le Festival de Cannes. Lui s’intéresse à la botanique. On apprend tout de même que Mick Jagger ne déteste pas s’accouder au zinc quand il est de passage. Balestra pousse la porte d’une petite pièce blanche, laboratoire où il prépare ses recettes en extrayant l’essence de rose, de géranium ou de citrons qu’il vient de récolter. La machine à ultrasons qui permet de le faire coûte le prix d’un break Peugeot. Le mixologue travaille en ce moment sur une création à base d’asperge. C’est un

Pierre Gagnaire assure la direction gastronomique du film. Miam ! Ça sonne tout de suite mieux qu’un coordinateur d’intimité. Les plats ont le plus beau rôle. Ils sont magnifiques dans leurs atours de pâte feuilletée et de meringue dorée. Même la laitue braisée est photogénique. Dans ce décor à la Vermeer, Juliette Binoche évite le côté laitière. Elle règne sur sa cuisine avec une assurance tranquille, flanquée d’une fillette

futée qui marche sur ses traces. Ça se corse quand Magimel apparaît. Il parle comme dans un exemplaire daté des débuts de Cuisine et vins de France. Les aphorismes fusent. Les platitudes aussi (« Je vais faire les quenelles »). Pourquoi lui avoir collé une bande de copains aussi balourds ? Ce sont les notables du coin. Ils se trémoussent comme des possédés sous leurs serviettes en gobant les ortolans. Les acteurs se contentent quant à eux de réciter un texte ampoulé, sans saveur, ni piquant. Maïté revient ! Tran Anh Hung n’a sans doute pas réussi à se détacher suffisamment du roman de Marcel Rouff, La Vie et la passion de Dodin-Bouffant, gourmet. Le fondateur de l’Académie des gastronomes l’a écrit en 1924. Et s’il a contribué

Emmanuel Salinger Durée 2 h 14 Sortie en salle le 8 novembre

Dodin-Bouffant du XXIe siècle. Pierre Gagnaire, qui a été le conseiller culinaire du film en compétition, se promène d’ailleurs au même moment dans le Majestic. Le chef signe le menu de la brasserie, où l’on peut déguster une alléchante crapaudine de caille rôtie entière. Elle est « croustillante », promet la carte, et est servie avec des pommes allumettes. C’est ce qu’auraient pris, c’est certain, Ugo Tognazzi, Marcello Mastroianni et Philippe Noiret. Il y a cinquante ans précisément, ces comédiens traînaient leur désinvolte élégance dans les rues de Cannes. Le 20 mai 1973, la terrible Grande Bouffe était projetée. Le dernier grand scandale du festival. Une vieille dame s’était levée, avant d’injurier l’équipe du film. Les prudes juraient

que cette farce était « dégoûtante ». Le réalisateur Marco Ferreri se frottait les mains : l’objectif était atteint. Il faut partir avant le générique, aujourd’hui, pour improviser une grande bouffe à Cannes. Le restaurant de poisson Astoux et Brun, une institution côté port, ferme ses cuisines à 22 heures. Fini les longues files d’attente sur le trottoir. Et tant pis pour les dorades. Les festivaliers qui sortent de projection tardive errent souvent l’âme en peine et le ventre creux sur la Croisette. « Les plats sont de moins en moins bons et de plus en plus chers », juge un gourmand désespéré, qui sort de Club Zero. Dans ce film, une professeur de lycée promeut le jeûne au nom de « l’alimentation consciente ». Le cauchemar.

Ce festivalier ne sait pas qu’on peut faire de dignes agapes plus loin dans la ville. Au 13 boulevard de la République, chez Uva, le chef mitonne par exemple des petit* plats de grande tenue. Gracieux œufs mayonnaise, beignets de fleurs de courgettes, doux baba au rhum… On y est heureux comme des arancini dans une sauce au gorgonzola (c’est aussi à la carte). Avec un peu de chance, cette publicité purement intéressée nous vaudra un verre du sympathique sancerre. Et pourquoi pas une bouteille ? La plage Magnum nous attend ce soir en bonne forme. On y donne certaines des meilleures soirées de la ville. Et des plus saines : la cocaïne y est remplacée, Magnum oblige, par des bâtonnets glacés. À croquer en cadence sur de l’électro-rock. ■

Un texte ampoulé

à réhabiliter le pot-au-feu (The pot-aufeu est le titre du film en anglais) bien avant Camdeborde, son écriture colle aussi à l’époque, emphatique et bourrative. Le film en subit les effets. Il ravira sans doute les gastronomes amateurs, la France en compte plein. C’est le meilleur qu’on lui souhaite. Les cinéphiles, eux, resteront sur leur faim. ■

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« La Passion de Dodin Bouffant » Drame de Tran Anh Hung Avec Juliette Binoche, Benoît Magimel,

Cannes comme si vous y étiez

Clap de faim

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chronique

Benjamin Puech

2023-05-25T09:39:59+02:00

2023-05-25T03:12:11c:Figaro;u:adaboville;

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elle-ci, non, celle-là. Il se penche sur le basilic d’Ombrie, cueille la feuille délicatement. Le directeur des bars du Majestic Emanuele Balestra est peut-être en train de trouver un nouvel alliage. Son petit mais merveilleux jardin, aucun festivalier ne s’en douterait depuis la rue, se niche entre la piscine et la Croisette. Il y a des plantes de l’Himalaya et des fleurs de Grasse. La Mertensia maritima a le goût d’une Gillardeau no 3. Pour venir butiner ce festin, les abeilles

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FESTIVAL DE CANNES 2023

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Lily-Rose Depp : « “The Idol” n’a pas été extrême, mais exigeant »

faite. Pour moi, c’est vraiment tout ce qui compte. Être une star, ça fait partie du métier d’actrice ? C’est une question intéressante. Mais je ne sais pas trop comment y répondre. Ce tapis rouge, ces photographes et cette musique fabriquent comme une scène. Dans ce sens, c’est une performance et, oui, un rôle à jouer.

Aussi calme que son personnage de chanteuse déchue est vibrionnant, la jeune femme de 23 ans se confie sur cette série présentée en avant-première au Festival de Cannes. PROPOS RECUEILLIS PAR

benjamin Puech [emailprotected]

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ne vedette américaine se fait toujours attendre. Même lorsqu’elle est française. Lily-Rose Depp, l’héroïne de la série The Idol, est annoncée avec vingt minutes de retard. « So sorry », répètent en chœur les attachés de presse, avant de replonger le nez dans leurs ordinateurs avec le sérieux de participants du G7. Les serveurs en veste blanche apportent des caisses entières de San Pellegrino pour nous faire patienter. C’est le Cannes Circus. Nous faisons les cent pas sur la moquette molletonnée du Carlton, bonheur pour les pieds fragilisés de festivalier. Une autre attachée de presse (mais combien sont-ils ?) nous tire par la manche. Lily-Rose est presque prête. Le temps seulement de lui repoudrer le nez. Car l’entretien est filmé. La jeune femme, légèrement stressée au début, se tient droite sur sa chaise, comme une princesse de Buckingham. La voix est douce, les mots tâtonnent parfois. Les publicistes l’auront sans doute chaperonnée pour éviter un « bad buzz », dans un festival particulièrement à cran, et alors que certaines critiques ne

Votre personnage dans la série, Jocelyn, souffre d’être constamment en représentation… Elle souffre surtout de n’avoir pas le contrôle sur son image, de l’artiste qu’elle aimerait être. Elle est poussée dans une direction qu’elle trouve inspirante, elle a envie d’être prise au sérieux, d’être une vraie artiste. Elle sent qu’elle a quelque chose à dire.

sont pas tendres. Moins capricieuse que son daron royal Johnny Depp, l’actrice se prête tout de même avec conviction au jeu de la promotion pour la nouvelle série de Sam Levinson (le créateur d’Euphoria) et Abel Tesfaye, alias The Weeknd, disponible sur Prime Video à partir du 5 juin. Un portrait d’une icône pop déchue sans fard et sans filtre (lire nos éditions du 24 mai). Entretien express. LE FIGARO.- Votre impression, en montrant ces deux épisodes dans la plus prestigieuse salle de cinéma du monde ? Lily-Rose DEPP.- C’était surréaliste. Et émouvant. Je suis si fière de ce projet. Vivre cela, tous ensemble… Cela avait l’allure d’un rêve. Nous avions l’impression de flotter. Je me suis empressée, en haut des marches, de remercier Thierry Frémaux qui nous a si merveilleusem*nt accueillis. Être à Cannes, avec un projet comme celui-ci, me semblait inimaginable. J’ai d’ailleurs encore du mal à me rendre compte que la série va sortir, que notre petit bébé qu’on a aimé et protégé va naître. Avez-vous lu les premières critiques qui sont tombées ? Je ne lis pas trop les critiques. Je me dis toujours que si l’on croit ce que disent

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Vous n’avez pas peur de vous dénuder dans des scènes de sexe crues. Considérez-vous que le tournage a été extrême ? Je ne sais pas si je dirais extrême. Estce que ça a été exigeant ? Oui. Mais c’est aussi cela qui me motive. Je suis heureuse d’être allée vers un projet où il y a eu tant d’émotions à traverser, de compétences à travailler. Car, je ne suis ni chanteuse ni danseuse, par exemple, comme Jocelyn. Mais extrême, pas vraiment. Je me suis surtout amusée.

les bonnes critiques, il faut aussi croire ce que disent les mauvaises… Mais je sais ce que je ressens par rapport à cette série. Je sais quelle a été mon expérience, à quel point j’ai appris grâce à elle. Elle m’a aidée à grandir. Je sais à quel point j’ai aimé les gens avec qui je l’ai

Lily-Rose Depp : « Cette série m’a aidée à grandir ». CHRISTOPHE SIMON/afp

Vos souvenirs de Cannes ? Je suis venue la première fois, à 17 ans, avec La Danseuse de Stéphanie Di Giusto, j’étais alors une enfant. Je ne sais pas si je suis une femme aujourd’hui - je n’ai que 23 ans -, mais c’est assez émouvant de revenir à des périodes différentes de la vie. De voir comment l’expérience se forge. Je peux vous dire que mon meilleur souvenir cannois, maintenant, c’est celui d’avant-hier…

« Hopeless » : La Corée a trouvé ses « Affranchis »

UN CERTAIN regard D’une grande noirceur, ce premier film de Kim Chang-hoon met en scène deux jeunes mafieux qui tentent de s’extraire de leur vie misérable. Images chocs ! Olivier Delcroix £@Delcroixx

2023 Kadokawa/T.N. Gon Co Ltd

Kitano se fait harakiri avec « Kubi »

CANNES PREMIère Le cinéaste japonais de 76 ans, qui ne doit pas sa reconnaissance internationale à Cannes, met en scène une histoire de samouraïs sans dramaturgie. étienne sorin [emailprotected]

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ans la salle Debussy, mardi soir, on distingue Hirokazu Kore-eda et Elia Suleiman parmi les fans de Takeshi Kitano, venus en nombre fêter le retour au cinéma du réalisateur japonais âgé de 76 ans. Thierry Frémaux l’accueille comme il se doit, lui et son équipe. Comme il l’a fait lors de l’annonce de la sélection officielle en avril dernier, le délégué général prend la peine de préciser que Kubi, présenté à Cannes Première, tient plus de « Beat » Takeshi que de Kitano. Deux précautions valent mieux qu’une mais deux avertissem*nts font craindre le pire. « Beat » Takeshi est le double de Kitano. Avant d’être célébré comme un cinéaste majeur dans les années 1990, Kitano est une star de télévision au Japon. Un animateur déjanté, qui aime se déguiser en geisha ou en Donald Trump. Un provocateur qui fait rire des millions de téléspectateurs en porcépic ou en savant fou dans des sketchs au grotesque assumé. Le fantaisiste fait ses premiers pas au cinéma comme acteur, donnant la réplique à David Bowie dans Furyo (1983), jouant les méchants dans des téléfilms, avant de passer derrière la caméra avec Violent Cop. Kita-

no, acteur et réalisateur, devient l’un des artistes les plus originaux de la décennie suivante, revisitant le film noir (Sonatine, Kids Return, Hana-bi), la comédie (L’Été de Kikujiro) en clown roué et mélancolique ou le film de sabre (Zatoichi). Kitano l’autodidacte tourne une semaine sur deux, quand il n’enregistre pas ses émissions télé. Longtemps, « Beat » Takeshi finance le cinéaste. Aujourd’hui, les deux visages de Kitano ne font plus qu’un, monstrueux et pathétique.

Scènes de comédie d’un goût douteux

Alors qu’on croyait Kitano retiré du jeu, Kubi s’avance dans les beaux habits d’une fresque épique à la Akira Kurosawa. L’intrigue s’inspire de l’« incident de Honnô-ji ». En 1582, le seigneur de guerre Oda Nobunaga, accusé de forfaiture, aurait été poussé à se suicider dans un temple de Kyoto. On n’en dira pas plus. De toute façon, on ne comprend très vite plus grand-chose à ces trahisons entre samouraïs (certains gays, d’autres pas), prétextes à des scènes de comédie d’un goût douteux - seul le running gag des doublures d’un général sacrifiées les unes après les autres fait sourire. Kitano joue le général Hashiba, surnommé « le Singe », et donne le ton. Lui et ses partenaires sont mauvais comme

des cochons, bien au-delà d’un expressionnisme supportable. Les morceaux de bataille et les bribes de combat, habilement chorégraphiés, laissent entrevoir l’œuvre qui aurait pu advenir. En lieu et place de toute dramaturgie, les morts violentes se multiplient (daurade empoisonnée, empalements). Les décapitations s’enchaînent. Les harakiris se suivent et se ressemblent, sans véritable enjeu. Seppuku pour un seul film. On dirait un remake des Sept Samouraïs par Mel Brooks. Kitano ne doit pas sa reconnaissance internationale à Cannes. Il n’a concouru que deux fois pour la palme d’or, en 1999 pour L’Eté de Kikujiro et en 2010 avec Outrage. Son avènement, il le doit à Venise, en remportant le lion d’or pour Hana-bi en 1997, après la révélation Sonatine à Cognac. Né comme cinéaste sur la lagune, il aura donc choisi la Croisette pour se faire harakiri à sa façon, à la fois ridicule et tragique. ■

« Kubi » Historique

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de Takeshi Kitano Avec Takeshi Kitano, Hidetoshi Nishijima, Ryô Kase Durée 2 h 11 Date de sortie non communiquée

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Hopeless fournit aux amateurs de polars sanglants une saveur nouvelle, viscérale, crasseuse. 2023 PLUS M ENTERTAINMENT, SANAI PICTURES AND HIGHZIUM STUDIO

cieux, décèle chez Yeon-gyu des blessures familières et se prend d’affection pour lui. De loin en loin, il surveille les progrès de son protégé. Une étrange relation se tisse entre eux. On sent tour à tour une sorte de fraternité dans la misère, mais aussi une tension quasi érotique entre ces deux-là. C’est cette dynamique secrète, oscillant entre obéissance et rébellion vis-à-vis de la hiérarchie criminelle qui fournit à Hopeless son moteur secret. Avec beaucoup de sensibilité et une puissance émotionnelle évidente, le film met en exergue la funèbre valse-hésitation entre les truands qui glissent vers l’abîme, alors qu’ils cherchent à s’en extraire. ■

« Hopeless » Drame de Kim

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Chang-hoon Avec Xa-bin Hong, Joong-ki Song, Kim Seo-hyung Durée 2 h 13 Date de sortie non communiquée

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Kubi, qui avance dans les beaux habits d’une fresque épique, s’avère des plus ennuyeux.

mbiance nocturne, violence à fleur d’écran, personnages de truands patibulaires régnant sur les trafics en tous genres d’une ville coréenne gangrenée par la corruption : Hopeless, le premier film de Kim Chang-hoon s’aventure sur les terres du film noir sans rougir ni sourciller. On pourrait croire qu’avec les gangsters de Scorsese, Coppola ou Brian De Palma, on avait tout vu. On est loin du compte. Hopeless fournit aux amateurs de polars sanglants une saveur nouvelle, viscérale, crasseuse, presque organique. Même s’il aurait gagné à être raccourci, le film présenté s’apparente à un uppercut. Certaines séquences de bagarres sont à couper le souffle. Dans Hopeless (littéralement, « sans espoir »), on fait d’abord connaissance avec Yeon-gyu, un lycéen perdu, un peu obtus. En un éclair, on découvre dès le début les enjeux du film. La cour de récréation filmée à ras du bitume. Un gros plan sur une basket en fin de course. Quand la chaussure sort de l’écran, elle révèle un gros caillou. Une main le saisit. Avec cette arme contondante, le héros solitaire, moqué par ses congénères, s’avance vers un groupe d’élèves. Sans crier gare, Yeon-gyu frappe violemment à la tête l’un d’eux, qui s’écroule lourdement par terre, pris par surprise. La stupeur est grande. Pas un mot n’est prononcé et pourtant tout est dit. Le caillou ensanglanté sera ensuite jeté dans une flaque de boue, troublant la surface qui reflétait le ciel. Traumatisé par son beau-père alcoolique qui le bat, le jeune lycéen ne pense qu’à fuir son foyer devenu invivable. Sa trajectoire sera des plus surprenantes. Bientôt, il se retrouve embrigadé dans un gang de mafieux qui règne sans partage sur Myeongan City, où se déroule l’action. La spirale de la violence se met en place. Le caïd Chi-geon, aussi obéissant que silen-

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Jean-Marc Luisada : « Contrairement au cinéma, Dans le classique, on est un peu constipé » Est-il vrai que vous enseignez à l’École normale de musique en vous aidant du cinéma ? Se servir d’un film pour évoquer la couleur de tel ou tel passage musical aide bien mieux que le recours à des images ou des périphrases, souvent obscures pour les étudiants étrangers. Du coup, je leur fais voir plein de films, et on s’en sert. Dernièrement, une étudiante japonaise jouait Granados avec une grandiloquence anachronique. Je lui ai dit : « Pense Voyage à Tokyo plutôt que Les Hauts de Hurlevent. » Elle a tout de suite trouvé le climat !

Avec « Au Cinéma ce soir », le pianiste cinéphile revient sur le mariage des chefsd’œuvre du septième art et de la musique classique. De Mahler sur le lido à Mozart chez les cow-boys. L’occasion d‘évoquer avec lui, sans langue de bois, cette passion qui a façonné sa manière d’être et de jouer. PROPOS RECUEILLIS PAR

Thierry Hillériteau £@thilleriteau

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près avoir présenté en musique ses propres choix de films au Balzac, la salle art et essai des Champs-Élysées, le célèbre pianiste et pédagogue français déclare sa flamme au septième art en publiant cette fois chez La Dolce Volta Au cinéma ce soir. Un album entièrement consacré aux grandes pièces classiques qui ont inspiré le cinéma. De l’adagietto de la Cinquième de Mahler dans Mort à Venise (transcrit pour piano seul par Alexandre Tharaud) à la Fantaisie en ré mineur de Mozart dans Le Vent de la plaine de John ­Huston. Rencontre sans détour, autour d’un john-collins - référence à Faye Dunaway dans Chinatown. LE FIGARO. - Que trouvez-vous au cinéma que la musique ne vous apporte pas ? Jean-Marc LUISADA. - Une drogue. Qui me permet de résoudre plus de problèmes que la musique. Je dois reconnaître que, lorsque ça ne va pas, écouter des disques m’aide bien moins que regarder de vieux films. Le cinéma, même celui des vieux films noirs, me permet de m’évader, là où la musique m’enfonce au plus profond. Prenez le mouvement lent du Vingt-septième concerto de Mozart. C’est terrible, d’écouter ça déprimé. Chaque fois que je le fais, j’imagine un enfant sur son lit de mort… Il y a mieux pour se remettre d’un chagrin d’amour ! Si l’on devait refaire le film de votre vie, qu’y aurait-il au cinéma ce soir ?

Mort à Venise. Je l’ai vu à 13 ans, tout seul. J’habitais Alès, le film venait de sortir à Cannes. J’étais fasciné. C’était juste avant que je parte pour l’Angleterre à l’école Menuhin. En sortant, je suis allé trouver mes parents pour leur dire que j’avais vu le plus formidable des films : on y est retournés ensemble. Petit, je regardais déjà avec eux l’émission « Au cinéma ce soir ». C’étaient de grands amateurs de films des années 1930. Je leur dois beaucoup.

« Je dois reconnaître que, lorsque ça ne va pas, écouter des disques m’aide bien moins que regarder de vieux films », confie Jean-Marc Luisada. Lyodoh Kaneko

Cette passion partagée avec vos parents s’est poursuivie en Angleterre ? Ma mère m’écrivait quotidiennement pour me raconter les films qu’elle avait vus en France. De mon côté, j’y ai fait quelques expériences invraisemblables. Comme de m’être travesti pour aller voir Le Dernier Tango à Paris, interdit aux mineurs, avec mon camarade Melvyn Tan, un peu plus âgé. J’avais fait boucler mes cheveux, enfilé un grand manteau. Et je suis entré ! Quel choc ! Ce film, c’est Le Sacre du printemps du septième art. J’ai refait la

même chose à Paris, à l’Élysée Lincoln, pour aller voir Portier de nuit. Il y a une scène incroyable avec des extraits de La Flûte enchantée qui ne repose que sur des échanges de regards. L’un des plus beaux emplois de musique classique au cinéma. Après Corps à cœur, de Paul Vecchiali, où il y a cette scène surréaliste d’un ouvrier de Renault qui pleure devant le Requiem de Fauré. Vecchiali était pour moi l’héritier de Renoir. Il savait que je l’admirais et m’avait un jour invité chez lui pour dîner. J’étais resté quarante-huit heures. Nous avions visionné quinze films à la suite ! Quid du cinéma d’aujourd’hui ? J’ai une passion pour tout David Lynch. Et Terrence Malick. Pour moi, Tree of Life est l’un des plus grands films du XXIe siècle. Ce langage pictural proche de la respiration humaine me bouleverse. En revanche, je suis hermétique aux séries. Sauf Downtown Abbey, truffé de références cinématographiques. Dans les séries, on n’a plus droit à l’essentiel. Qu’au superflu.

Cette passion du cinéma a-t-elle changé l’interprète que vous êtes ? Certainement. Grâce notamment aux rencontres que j’ai pu faire avec de grands comédiens ou réalisateurs. Je pense à Jeanne Moreau, que j’avais rencontrée à Berlin alors qu’elle jouait au théâtre et moi en concert. Nous nous sommes tout de suite entendus et ­avions pris l’habitude de nous voir chaque semaine. Elle m’a appris à disséquer les chefs-d’œuvre comme elle le faisait au théâtre. Et à être libre. Moins esclave de la tradition. Lorsque nous avons enregistré ensemble Sports et divertissem*nts, de Satie, l’éditeur avait refusé que nous superposions texte et musique. Elle avait tenu bon, affirmant qu’en tant qu’interprètes il était de notre devoir de bousculer les traditions. Même chose avec Macha Méril, qui m’a appris à vivre comme au cinéma. Comment cela ? Elle m’a appris à goûter chaque moment, même le plus anodin, avec une passion épicurienne. Comme Roberto Rossellini, qui, pendant les tournages, faisait luimême les pâtes avec des ingrédients qu’il transportait dans une valise. Depuis, j’ai la fâcheuse habitude de me préparer un plat de pâtes deux heures avant chaque concert : ça m’enlève le trac. Je rêve de pouvoir un jour donner des concerts où j’inviterais le public à partager avec moi un plat de pâtes comme si je les recevais chez moi, dans une ambiance « friendly » digne du cinéma de Rossellini. Chaque concert devrait être comme ça. Mais, dans la musique classique et chez les organisateurs de concerts, contrairement au cinéma, on est un peu constipé : rien que pour convaincre les salles d’accompagner mes récitals de vidéos, c’est déjà la croix et la bannière ! Je vous laisse imaginer s’il fallait leur demander de cuisiner des pâtes au milieu…

À Caen, le regard revolver de Méduse saisit les visiteurs

Mort, sexe, violence et séduction… Au Musée des beaux-arts, situé au cœur du château normand, un parcours original réunit les représentations de la Gorgone au regard pétrifiant, des vases grecs à l’ère #MeToo. Une exposition sidérante. Éric Biétry-Rivierre [emailprotected]

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n frissonne à Caen, au cœur de l’imposant château de Guillaume le Conquérant, tandis qu’on entre au Musée des beaux-arts. S’y tient une exposition originale sur le thème de Méduse. Non pas l’animal, quoique au milieu du parcours une projection vidéo rappelle la grâce de cet invertébré lorsqu’il évolue dans le chaos des courants marins. Mais - infiniment plus fascinant - l’être fabuleux de la mythologie. Descendante de Terre et d’Océan, Méduse est l’une des Gorgones. Une créature infernale donc, sauf que c’est la seule qui soit mortelle. Selon les Grecs, elle avait, comme ses deux autres sœurs, le pouvoir de pétrifier sur-lechamp ceux qui la regardaient. Sa malchance serait d’avoir été possédée par Poséidon, et cela dans un temple consacré à Athéna. Pour la punir de ce sacrilège, un crime dont Méduse n’aurait été que la victime, la déesse de la sagesse a changé sa chevelure en serpents. Depuis ils sifflent sur bien des têtes. La belle monstrueuse (ou la monstrueusem*nt belle) a fini tuée par le héros Persée. Sa tête, d’abord remise à Athéna, protège désormais celui qui l’arbore du mauvais œil. D’où ses reproductions fréquentes sur des bou-

cliers (le plus célèbre, celui peint par Caravage, étant malheureusem*nt resté à Florence), des fibules ou des heurtoirs de porte (celui par Bourdelle est magnifique). Pour se donner du courage tandis qu’on découvre ainsi ces 65 rictus hallucinés, réunis par l’historien de l’art Alexis Merle du Bourg - des vases antiques aux arts numériques en passant par des tableaux, gravures et sculptures Renaissance, classiques ou modernes -, il n’est pas interdit de chantonner son Marc Lavoine : « Elle a les yeux revolver/ Elle a le regard qui tue/ Elle a tiré la première/ Elle m’a touché, c’est foutu. »

Méduse, Franz von Stück, vers 1892. Ce tableau subjuguait Hitler. Il aurait confié qu’il y retrouvait le regard de sa mère.

Beauté séductrice De fait quelle sidération en découvrant la richesse du thème ! « Au cours des siècles, le personnage déjà ambigu et paradoxal, à la fois symbole de mort et de vie, n’a cessé d’évoluer », résume la commissaire avec Emmanuelle Delapierre, la directrice du lieu. Méduse a débuté comme pure figure de la terreur chez Homère. Des céramiques attiques la montrent alors androgyne, cheveux en bataille et poils au menton, yeux exorbités et tirant la langue d’une large bouche à dents de sanglier. Chez Hésiode, elle se métamorphose en beauté séductrice. Cela donne, au Moyen Âge, d’aussi charmantes enluminures que ceux des romans courtois. À la Renaissance, la tête trophée brandie par Persée hurle le pouvoir des Mé-

Museen der Stadt Aschaffenburg/ Ines Otschik

dicis ; les factions et passions jugulées. On passe devant des copies anciennes de la célèbre sculpture de Benvenuto Cellini, premier bronze colossal depuis l’Antiquité, toujours visible dans la Loggia des Lanzi sur la place de la Seigneurie, à Florence. Puis viennent les huiles classiques, au premier rang desquelles la terrifiante, car encore très gargouillante, Tête de Méduse de Rubens.

Autour frétille une encyclopédie de reptiles, batraciens, insectes et autres vers à deux têtes. Au XVIIe siècle deux rideaux qu’on n’ouvrait que pour les amateurs occultaient cette toile à grand spectacle. Au XIXe, les romantiques et les préraphaélites s’ensorcellent, eux, de ce qu’ils considèrent comme l’archétype de la femme fatale. En outre, ils apprécient d’égaler cette Méduse capa-

ble comme eux, par l’œil, de fixer toute forme. L’image la plus saisissante dans cette section est due à l’Allemand Franz von Stück (1863-1928). Dans une phosphorescence bleu-vert, Méduse nous fixe, de face et en gros plan. Ce tableau subjuguait Hitler. Il aurait confié qu’il y retrouvait le regard de sa mère. Qu’en aurait déduit Freud ? Qu’à l’heure des boucheries industrielles, Méduse a assurément repris du poil de la belle. Force et cruauté. On aurait aimé voir dans cette puissante section l’épée d’académicien de Jean Clair, auteur en 1989 d’un essai lumineux sur la Gorgone ; laquelle est ciselée au pommeau… Aujourd’hui le cinéma avec ses effets spéciaux, les jeux vidéo ou la BD véhiculent une déesse heroic fantasy plutôt superficielle. Tel n’est pas le cas dans les arts plastiques, où l’on inverse volontiers le mythe. Dans la statue qui clôt ce parcours dantesque, œuvre de 2008 signée Luciano Garbati, c’est Méduse qui tient la tête coupée de Persée. Ce grand bronze, nu héroïque enfin féminin, a été installé devant le palais de justice de New York au moment du procès de Harvey Weinstein. À l’heure de #MeToo, Méduse redevient furieusem*nt tendance, incarnant, comme à son habitude, le principe d’insoumission. ■ « Sous le regard de Méduse », au Musée des beaux-arts, à Caen (14), jusqu’au 17 septembre. Catalogue In Fine 400 p., 42 €. Tél. : 02 31 30 47 70. www.mba.caen.fr

le figaro

enchères

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1 Béatrice de Rochebouët [emailprotected]

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antôt l’une, tantôt l’autre ! Les coups de marteau rebondissent de Sotheby’s à Christie’s, tant la compétition est serrée entre ces deux maisons de ventes internationales, pour décrocher des collections de prestige aux noms médiatiques, susceptibles de faire briller leur blason. C’est une petite revanche pour Christie’s que d’annoncer la dispersion des « Chefs-d’œuvre Rothschild », en octobre, à New York, alors que sa concurrente Sotheby’s vient de vendre, le 16 mai, soixante-quinze des trésors du décorateur Jacques Garcia, pour assurer l’avenir de son château du Champ de Bataille (un résultat décevant de 8 millions d’euros, bien loin de l’estimation !). Et plus encore, en octobre dernier, ceux de l’hôtel Lambert, demeure de Guy de Rothschild sur l’île Saint-Louis avant qu’elle ne soit acquise par la famille al-Thani. Quatre jours de vente pour 1 300 lots et un produit de 75,8 millions d’euros, sans compter les plus belles pièces cédées en privé, pour plus du double. La vente Rothschild, chez Christie’s, est annoncée pour une estimation moindre, prudente, entre 20 et 30 millions d’euros, pour environ 600 numéros, comprenant meubles, émaux, majoliques, bijoux Renaissance, argenterie et peintures de la plus haute qualité. Tous ont été conservés à l’abri des regards depuis cent cinquante ans. Et proviennent de la branche dite « de Paris », celle de James de Rothschild (17921868), premier fils de Mayer Amschel (1744-1812), banquier fondateur de la dynastie qui épousa sa nièce, Betty, la protégée de la reine Marie-Amélie, anti-Napoléon III, dont Ingres fit le portrait. Mais aussi, à la génération suivante de son fils Alfonse (1827-1905), mari de Leonora, qui eut quatre enfants dont Édouard, le père de Guy, ayant eu luimême deux fils, David et Édouard. On peut donc en déduire que c’est cette énorme indivision d’héritiers qui se séparent de ce butin de famille, n’ayant d’autre choix que la vente publique pour s’entendre.

Soirées costumées historiques

Christie’s annonce la vente à New York, en octobre, par les héritiers de la branche dite « de Paris ». Soit quelque 600 merveilles conservées depuis un siècle et demi et qui ont fait la magie du Château de Ferrières, lieu de bals costumés donnés par Guy et Marie-Hélène de Rothschild. bal surréaliste en 1972, une centaine d’invités, auquel le fantasque Salvador Dali participa. Ce fut une réunion de têtes spectaculaires - Audrey Hepburn, Marisa Berenson, Leonor Fini, Hélène Rochas… - , toutes couronnées de coiffures exubérantes, à commencer par celles de ses hôtes : Guy, 63 ans, avec, sur un plateau, une nature morte géante, en équilibre au-dessus de son visage passé à l’or comme une médaille antique. Marie-Hélène, 45 ans, avec un long masque en forme de tête de cerf aux yeux en amande pleurant des larmes de diamant. L’écrin du château, avec ses objets extraordinaires des siècles passés, ajoutait à la magie de la fête. La vente Christie’s porte cette féerie qu’avaient su insuffler les Rothschild dans ses murs. Et ce parfum enivrant, quelque peu suranné, pourrait faire s’envoler les prix, au seul nom de Rothschild, synonyme de ce fameux goût qui a su marier opulence et confort dans ce qu’il a de plus raffiné. Après les années d’épure, on aime ce retour aux décors théâtraux avec ses tissus lourds (damas, brocart, velours pour les tentures ou les sièges capitonnés), aux débordements de dorures, lambris, stuc et bois précieux, aux objets précieux d’orfèvrerie et d’ivoire, émaux ou porcelaines. Ce goût tant défendu par des marchands, comme les deux frères Kugel, Alexis et Nicolas, a perduré sous l’influence de décorateurs américains ou d’amateurs éclairés comme Yves Saint Laurent et Pierre Bergé ou Hubert de Givenchy qui adoraient l’art des mélanges. Qu’en sera-t-il de ceux de la génération d’aujourd’hui ? Rothschild demeure un pedigree très prisé qui se paye cher sur le marché de l’art. Et qui n’a pas faibli malgré les années de désaffection pour le mobilier et les objets d’art XVIIIe, domaine entaché par les scandales des faux de Versailles, affaire toujours pas jugée devant les tribunaux. En tout cas, les derniers résultats ont montré que le secteur avait retrouvé l’appétence des collectionneurs et dépassé les espérances quand il s’agit d’objets exceptionnels ou à provenance

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Les trésors de l’hôtel Lambert déjà dispersés

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De la branche française, le baron Guy de Rothschild s’est délesté il y a fort longtemps de ses trésors de l’hôtel Lambert (ancienne collection du baron de Rédé) en 1975, chez Sotheby’s à Monaco. Un an plus tard, le baron Philippe de Rothschild dispersait un ensemble inédit de porcelaines de Sèvres, chez Ader Picard Tajan, à Paris. En 1977, les héritiers du comte de Rosebery se séparaient chez Sotheby’s du contenu du château de Mentmore, plus de 3 000 lots en quatre volumes. En 2003, Sotheby’s dispersait des camées, boîtes en or et émaux de Limoges. En 2010, Christie’s Paris totalisait 7,5 millions d’euros pour le contenu du palais abbatial de Royaumont, propriété de Nathaniel de Rothschild, résident américain et héritier par sa mère de la famille Fould Springer. Et en 2001, Daguerre, à Paris, vendait sous le manteau et sans indiquer la provenance, 34 objets de la collection Salomon de Rothschild, pour 27 millions de francs (4,12 millions d’euros), dont 15 objets (2,29 millions d’euros) achetés par les Pinault. Dispersion qui souleva de nombreuses polémiques comme l’avait révélé Libération, le baron Éric de Rothschild ayant demandé l’an-

Nombre des objets et des meubles mis en vente proviennent du château de Ferrières.

nulation de la vente du fait d’une « initiative malheureuse attribuée à un directeur de la fondation ».

Qualité muséale Pourquoi les Rothschild ont-ils choisi Christie’s et pas Sotheby’s ? La maison a été mise en compétition avec Sotheby’s et l’a emporté. Et ce n’est pas sa longue antériorité avec la famille et les liens de François Pinault et de son fils, FrançoisHenri, avec la banque, pour des rachats de sociétés par son groupe de luxe Kering qui aurait pesé, semble-t-il, dans la balance, comme le confirme Cécile Verdier, présidente de Christie’s France. Christie’s n’en est pas à son premier round pour les Rothschild. Elle a déjà réalisé plusieurs ventes, dont celle à Londres, en 2019 (23 millions de livres). Elle a aussi dispersé à Genève, en 2000, les bijoux provenant de la dernière baronne Batsheva de Rothschild, à Paris. En 2003, les objets du baron Fould Springer (succession de Cécile de Rothschild). En 2014, les somptueux bijoux acquis par la baronne Édouard de Rothschild. La vente à New York étant seulement en octobre prochain, Christie’s ne veut pas encore dévoiler l’ensemble du contenu qui sera offert aux enchères, avec un catalogue truffé d’aquarelles du château de Ferrières par Eugène Lami. Stratégie de communication oblige pour garder les amateurs en haleine. Elle distille donc au compte-gouttes quelques merveilles comme un nautile de Delft, coque en ivoire avec monture en bronze doré, du XVIIe siècle (possiblement de 1607), estimé de 200 000 à 400 000 dollars ; un plat armorié d’Urbino ou Turin, vers 1563-1565, par l’atelier d’Orazio Fontana, estimé 200 000 à 400 000 dollars ; une coupe sur piédestal avec son couvercle de Nuremberg (marque Hans Pezolt, 1593-1602), estimé 200 000 à 400 000 dollars. Et plus encore une fresque avec des personnages grandeur nature de l’école hollandaise de la seconde moitié du XVIIe siècle, par un suiveur de Rembrandt. C’est un immense Cortège de David victorieux, en cuir repoussé et peint, marouflé sur toile (1 à 2 millions d’euros). La fresque était au château Weissenstein, en Bavière, dans la salle à manger selon l’inventaire de 1732. Elle y resta jusqu’en 1855, avant d’être acquise par le baron James de Rothschild, pour le salon des Familles ou salon des Cuirs. Dans les années 1960, elle trônait dans la salle à manger d’apparat du château de Ferrières, et ce jusqu’en 1975. Avant d’être accrochée à l’hôtel Lambert, à Paris. Autant d’objets qui reflètent bien ce goût Rothschild si pointu pour les objets de curiosité fastueux d’une qualité musée. Ils entameront leur voyage du 24 au 28 mai à Hongkong, puis du 1er au 7 juillet, à Londres. Avant Paris (mais aucune précision encore pour une exposition au public) et New York. ■ www.christies.com

1. Le Triomphe de David (XVIIe), suiveur de Rembrandt. Panneaux de cuir peints et gaufrés (340 x 1820 cm.). Autour de 1 500 000 dollars. 2. Nautile de Delft, argent et vermeil, (XVIIe). Autour de 125 000 dollars. 3. Le Châtiment de Niobé par Pierre Courtoys (XVIe). Environ 200 000 dollars. 4. Plat ovale en faïence à l’armorial d’Urbino ou de Turin, vers 1563-65, atelier d’Orazio Fontana. Autour de 50 000 dollars.

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Nombre des objets et meubles que Christie’s mettra en vente à l’automne proviennent du château de Ferrières, vaste demeure XIXe aménagée à partir de 1829 par Joseph Paxton pour le baron James de Rothschild et inauguré en 1862 par Napoléon III, appartenant aujourd’hui à la mairie de Ferrières-en-Brie (Seine-et-Marne), sous le nom de Fondation Guy et Marie-Hélène de Rothschild. À la suite de la radiation amiable d’une première donation à la Chancellerie des universités de Paris, par le baron Guy de Rothschild, Édouard et David, ses fils, avaient décidé à leur tour de donner le château et son parc, à la commune de Ferrières qui en a fait une école hôtelière de grand standing. Mais avant cela, Ferrières brillait de tous ses fastes. Marie-Hélène, l’épouse de Guy, avait pris à cœur de rénover le château qui avait été saisi, vidé et endommagé durant l’occupation allemande. Elle en fit un lieu mondain, en donnant des soirées costumées historiques, dont le bal Proust en 1971, 1 500 convives, en l’honneur du centième anniversaire de la naissance de l’écrivain, et le

Le goût fastueux des Rothschild aux enchères

royale, comme ceux de Louis XIV, Louis XV et Marie-Antoinette. Ou plus encore ceux des grandes cours européennes. Posséder un objet Rothschild fait assurément entrer son acquéreur dans la cour des rois. Que reste-t-il des collections Rothschild que nous promet Christie’s, la maison de François Pinault, alors que cette famille d’amateurs éclairés et mécènes a déjà beaucoup vendu (pas la branche française qui nourrit la vente) ou fait don à l’État, à Paris et en région, de ses plus beaux trésors ? De 1873 jusqu’à nos jours, plus de 130 000 œuvres d’art ont été offertes à plus de deux cents institutions françaises par quatre générations des branches française, anglaise, allemande ou italienne de cette famille cosmopolite. Elles ont fait l’objet d’un ouvrage en trois épais volumes par Pauline Prévost-Marcilhacy, publié en 2016, par les Éditions Somogy avec celles du Musée du Louvre et de la BnF.

Christie’s ; C. LEHENAFF/Photononstop via AFP

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Télévision

Un documentaire clair et précis retrace l’histoire de la pollution de l’espace depuis le lancement de Spoutnik en 1957 jusqu’à aujourd’hui, tout en alertant sur les risques à venir liés à la multiplication des satellites.

débris spatiaux : Attention à la prolifération !

Tristan vey [emailprotected]

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t si être sale était le propre de l’homme ? Des profondeurs de l’océan jusqu’à la Lune, en passant par les déserts et les pôles, l’humanité a laissé des déchets partout où elle est passée. Y compris dans l’espace. Lorsqu’elle lance le premier satellite de l’histoire, en 1957, Spoutnik, elle produit en effet aussi le premier débris spatial. Soixante-cinq ans plus tard, on estime que 9 000 tonnes de déchets orbitent autour de la ­Terre, dont environ 30 000 objets de plus de 10 cm. Les microdébris sont plus nombreux encore : plus de 150 millions. Dans son ○○○◐ d ­ ocumentaire rigoureux, ­Alerte en orbite : la menace des débris spatiaux, la réalisatrice Liza Fanjeaux retrace les grandes lignes de l’histoire de cette pollution et présente avec clarté les ­ rochaines décennies. grands enjeux des p Jusqu’à récemment, cette problématique n’était pas vraiment prise au sérieux. Après tout, l’espace est immense. Si les chiffres paraissent énormes et que les visua­ lisations montrent des nuées impressionnantes autour de la Terre, il faut bien avoir à l’esprit que la densité de déchets n’est généralement pas très grande. Nous parlons de la masse de la tour Eiffel diluée dans un volume infiniment plus grand que tous les océans de la

Terre réunis. Le risque de collision reste donc extrêmement ténu. Mais il n’est pas nul. Et en 2007, la première catastrophe a lieu : un satellite de communication fonctionnel Iridium percute un ancien satellite militaire russe, Kosmos 2251. Cela constituera un question de la pollution tournant : la ­ spatiale n’est pas simplement un problème philosophique ou éthique. Cela devient un enjeu f­ inancier et opérationnel.

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Le premier satellite d’enlèvement de débris spatiaux de la start-up ClearSpace-1 sera lancé dans le courant du second semestre 2026.

vitesses par de petit* objets de quelques millimètres. Et ce n’est pas beau à voir. Mais alors quelles solutions ? Elles sont de trois ordres : surveiller les débris de plus en plus finement pour être capable d’anticiper les risques de collision et les éviter ; mettre en place des programmes de récupération des plus gros « morceaux » – dont de nombreux étages de fusées ; mettre en place des procédures pour anticiper la fin de vie des satellites que nous envoyons. Ce dernier point semble essentiel, étant donné les dizaines de milliers de satellites qui ­ ­seront lancés dans les prochaines années avec les cinq grands projets de constel­lations destinés à fournir de l’internet haut débit partout dans le monde. Cela représente plus de dix fois le nombre de satellites actuellement en service autour de la Terre. ■

nuage de débris. À eux deux, ces événements ont produit plus de 7 000 débris de taille importante. Ils mettent surtout en lumière le risque de prolifération théorisé par un ingénieur de la Nasa qui lui donnera son nom : le syndrome de Kessler. En substance, il soutient qu’audelà d’un certain seuil, la prolifération sives des déchets par collisions succes­ risque un embal­ lement exponentiel. Avec le risque de rendre les orbites les plus utilisées aujourd’hui, en particulier par les constellations GPS et les satellites ­d’observations de la Terre, inutilisables. Car ce n’est pas la taille d’un déchet mais sa vitesse qui le rend dangereux. Celui-ci file à près de 10 km/s, soit plusieurs fois la vitesse d’une balle de fusil. Le documentaire montre comment on étudie, à l’aide de machines spéciales, les impacts impressionnants produits à ces

CLEARSPACE/FTV

Emballement exponentiel Deux ans plus tôt, un autre événement avait marqué les esprits. Les Chinois avaient alors procédé à un tir de missiles pour détruire un de leurs anciens ­satellites. Une démonstration de force qui avait alors produit un important

À Monaco, un circuit princier

Ce documentaire célèbre le plus spectaculaire Grand Prix de Formule 1, qui se tiendra ce week-end sur le rocher.

Patrick Spica Productions/Canal+

« Avec un parcours atypique situé en centre-ville, le Grand Prix de Monaco est réputé comme étant l’une des courses les plus difficiles au monde.

PROBLÈME N° 6300

HORIZONTALEMENT

Depuis sa première édition en 1929, le Grand Prix de Monaco est devenu une course de légende, au fil des exploits mais aussi des drames qui s’y sont déroulés. Devant les caméras de la société Patrick Spica Productions, ce sont Alain Prost, Jean Todt, Flavio Briatore ou encore le prince Albert qui racontent ce qu’est le Grand Prix de Monaco. De la mise en ­place annuelle des structures autour de la piste jusqu’aux coulisses, en passant par les sensations vécues au volant des b ­ olides. « C’est une organisation qu’on ne retrouve à aucun autre moment de l’année, explique le prin-

Jeudi 25 mai

MOTS CROISÉS

1. Grand nombre. - 2. Subsiste après l’excitation visuelle. - 3. Faire sa toilette. - 4. Liquide en liquide. Vieille mais toujours aussi emportée. - 5. Seulement. Mauvais vans. - 6. Dernières du terminus. Élevai des perroquets. - 7. Premier des quatre grands prophètes. Remplace un homme. - 8. Se fait en ne faisant rien. Station. - 9. C’est de la provocation pure et simple. - 10. Dans une formule de renvoi. Ils ont été jusqu’à treize au saint tableau. - 11. Tapage, tracas et tout le reste. - 12. Limitée à un cercle fermé.

Une épreuve pour les nerfs

Par Vincent Labbé 1

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VERTICALEMENT 1. Sa mer est dans la lune. - 2. Reprit du poil de la tête. 8 Au berceau d’une future vedette. - 3. Sacrément offensant. Chaud bouillant. - 4. Place un enjoliveur. 9 Meneur de revue. Aux bords de Toronto. - 5. Impair de la chambre des lords. L’étalon vert. Difficile à discerner. 10 - 6. Faux sein. Souligne les traits. - 7. Amenait au bord de la scène. Se déplace en vol organisé. - 8. Étaie dans 11 les mines.

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SOLUTION DU PROBLÈME N° 6299

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HORIZONTALEMENT 1. Bragarde. - 2. Riverain. - 3. Omelette. - 4. Nanan. Or. - 5. Ci. Sac. - 6. HLM. Cave. - 7. Ilotes. - 8. Teins. Di. - 9. Euro. Coq. - 10. USA. Cocu. - 11. Sénilité. - 12. Esthètes. VERTICALEMENT 1. Bronchiteuse. - 2. Rimailleuses. - 3. Aven. Moirant. - 4. Gelas. tnO. Ih. - 5. Arénacés. Clé. - 6. Rat. Cas. Coït. - 7. Dito. Docte. - 8. Énergétiques.

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MOTS À MOT

SOLUTION DU NUMÉRO PRÉCÉDENT MOTS À CASER H E R B I C I A N O RMA L R A D C L O A R E C E T S Q U A T I S U R D I T E A I E T I R N E U T R E T N T E N V

D E C T U A N E C E R P A I N

C A P L C I E T MA M E I N D C H A R A I T E R E

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SOLUTION DU N°4371

T

ous les pilotes rêvent un jour de remporter le Grand Prix de Monaco. » Perché sur les ­hauteurs de la Principauté, en surplomb de la Méditerranée, Charles Leclerc observe, rêveur, le tracé d’un circuit qu’il connaît par cœur. Né à Monaco, le jeune (25 ans) leader de ­l’écurie Ferrari a grandi sur ce bitume qui slalome face à la grande bleue. S’il ­ ­compte déjà 5 victoires en Formule 1, il ne s’est encore jamais imposé chez lui. Ainsi débute le documentaire Monaco. Le Grand Prix à tout prix, réalisé par ­Nicolas Jaillard en 2021 et actuellement disponible sur myCanal. Un film passion-

noux, trente-neuf ans après sa ­dernière ce. Il existe une effer­vescence autour des piparti­cipation, alors qu’il vient de disputer lotes et des écuries qui est unique. » le Grand Prix historique au volant de son En raison de son dessin atypique en ancienne monoplace, en ouverture de la centre-ville, le Grand Prix de Monaco est course. réputé comme étant l’une des courses les Durant les 90 minutes du docu­mentaire, plus difficiles au monde. L’une des plus les images des voitures lancées à toute vidangereuses aussi, malgré les conditions tesse entre les rails de sécurité sont imde sécurité qui sont mises en place. Les pipressionnantes. Chaque année, elles font le lotes savent que la moindre erreur de tour du monde. Avec près de 1 milliard de concentration peut être synonyme d’accitéléspectateurs dans 170 pays, l’audience dent et d’abandon. Courue en 78 tours du Grand Prix de Monaco, qui se tiendra ce (soit 262,6 km), la manche monégasque week-end, est exceptionnelle. « Dans mon du championnat du monde de F1 est souvenir le plus ancien, j’étais sur la terrasse réputée pour être lente (160 km/h de ­ chez un copain et on jouait aux petimoyenne), mais surtout très tes voitures en regardant le Grand éprouvante pour les nerfs. « Je ne Prix. Je me voyais gagner un jour me souvenais pas que l’on sortait dans une vraie Formule 1 », conclut du tunnel à une vitesse aussi ○○○◐ Charles Leclerc. ■ ­élevée », note le Français René Ar-

nant qui plonge dans l’univers de la plus mythique des étapes du championnat du monde de Formule 1.

SOLUTION DU N°4370

laurent louët £@LaurentLouet

1 6 4 2 8 5 7 3 9

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En regroupant et en mélangeant les lettres des deux mots de trois lettres proposés, composez un troisième mot de six lettres.

BAR+ L E T = T PAL +AL E = BL E +COU=

E L

le figaro

télévision

météo

Tous les programmes dans TV Magazine et sur l’appli TV Mag

À LA DEMANDE 21.10

21.10

HPI

Série. Policière

MATIN

Les mystères du bois galant

Magazine

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par

ÉPHÉMÉRIDE Ste-Sophie Soleil : Lever 05h57 - Coucher 21h38 - Premier croissant de Lune

21.10

Envoyé spécial

Marie-Antoinette

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23.00 Complément d’enquête. Mag.

21.08

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Série. Dramatique

Série. Dramatique

Yellowjackets

EU. 2023. Saison 2. Avec Melanie Lynskey. 2 épisodes. Les survivants s’organisent. Travis et Natalie, partent chasser et Shauna opte pour l’ésotérisme et parle avec Jackie ou Lottie en lien avec les esprits. 23.04 Alexia cuisine la France. Doc. Alexia cuisine la Guadeloupe.

Téléfilm. Policier

Fra. 2018. Réal. : Lorenzo Gabriele. 1h30. Avec Sara Mortensen. Alors qu’elle passe quelques jours de vacances chez sa mère, une jeune femme, capitaine de police, se voit confier une enquête pour homicide. 22.49 La France en vrai. Doc. 00.35 Des racines et des ailes. Mag.

21.10

La meute

Cauchemar en cuisine Documentaire

Chl. 2021. Saison 2. Avec Antonia Zegers. 2 épisodes. Inédit. Une jeune fille décède d’une overdose en marge d’une rave party et deux autres sont portées disparues. Olivia Fernández est chargée de l’enquête.

Prés. : Philippe Etchebest. 1h34. Plougonver. Philippe Etchebest se rend en Bretagne, où le restaurant où travaillent Jessica et Vincent connaît depuis plusieurs mois une baisse de clientèle conséquente. 23.00 Cauchemar en cuisine. Documentaire.Notre-Dame-de-Vaulx.

22.35 La meute. Série. Dramatique. Avec Antonia Zegers. Inédit.

20.31 Touche pas à mon poste ! Div.

19.50 Love Island. Téléréalité.Inédit.

20.45 Quotidien. Divertissem*nt.

21.19 La faille

21.05 Le vétéran

21.25 Fast and Furious 7

Film. Thriller. EU/All. 2007. Réal. : Gregory Hoblit. 1h53. Avec Anthony Hopkins. Inédit. Un ambitieux procureur adjoint des Etats-Unis est amené à superviser une affaire peu banale. En effet, un tueur semble avoir imaginé le crime parfait.

Thriller. EU. 2021. Réal. : Robert Lorenz. 1h48. Avec Liam Neeson. En Arizona, un éleveur, ancien militaire, prend en charge un orphelin mexicain, poursuivi par des assassins. Bientôt il doit reprendre les armes pour le protéger.

Film. Action. EU/Chn/Jap/Can/SAR. 2015. Réal. : James Wan. 2h17. Avec Vin Diesel. L’équipe d’un spécialiste de belles cylindrées est traquée par un Anglais, ancien tueur des forces spéciales, qui veut éliminer les assassins de son frère.

23.26 10 Minutes Gone. Téléfilm.

23.00 AF 447 vol Rio-Paris : Que s’est-il vraiment passé ? Doc.

20.00 C à vous la suite. Talk-show.

20.30 Vintage Mecanic. Doc.

20.15 C’est un complot ! Doc.

21.00 Alerte en orbite : la menace des débris spatiaux

21.10 Vintage Mecanic

20.50 Les templiers : la démesure des bâtisseurs

Marie-Antoinette 14 ans, quitte son Autriche natale et sa mère, la puissante impératrice MarieThérèse, pour épouser le dauphin Louis en France. Têtue et dissipée, elle peine à se plier aux règles nombreuses et complexes de la cour. La jeune princesse souffre de l’insistance avec laquelle on lui ordonne de mettre au monde un héritier. En effet, son époux ne semble pas pressé de consommer leur mariage. Ce portrait intime et moderne de la reine Marie-Antoinette s’appuie sur une solide base historique fait la part belle aux intrigues politiques alambiquées. Les perruques sont poudrées, les décors sont somptueux, les costumes sont raffinés et le tout est agrémenté d’une pincée de fantaisie de bon aloi.

Documentaire. Fra. 2023. Réal. : Liza Fanjeaux. 0h55. Alors que l’espace est devenu un nouvel eldorado, des scientifiques, partout dans le monde, cherchent aujourd’hui à nettoyer le ciel de ses poubelles. 21.55 Objectif Mars. Documentaire.

22.30 Vintage Mecanic. Doc.

Documentaire. Fra. 2022. Réal. : Benoît Renard. 0h53. Les Templiers ont construit des bâtiments exceptionnels dans l’ensemble du monde chrétien, en Terre Sainte et en Europe.

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APRÈS-MIDI 21

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8.00. Le Club Le Figaro Culture. 9.00. Vie de châteaux IDF. 12.00. Points de vue. 18.30. Le Buzz TV. Inès Vandamme, animatrice sur TF1 et créatrice du podcast « Avec ou sans sucre ? », interviewée par Sarah Lecœuvre et Damien Canivez. 19.00. Bienvenue en Île-de-France, présenté par Victoire Sikora. Invitée : Sandrine Marrel pour l’expo Tim Burton « Le labyrinthe ».

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T (en °c) 40

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VENDREDI MARMARA/Le Figaro

22.15 HPI. Série. Policière.Made in France. Avec Audrey Fleurot.

Prés. : Elise Lucet. 1h50. Dans la tête d’Elon Musk / Meurtre en Isère : au cœur d’un procès d’assises Au sommaire : «Dans la tête d’Elon Musk». Qu’y a-t-il dans la tête de cet entrepreneur infatigable qui bouscule l’ordre établi ? – «Meurtre en Isère : au coeur d’un procès d’assises».

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10 Fra. 2023. Saison 3. Avec Audrey Fleurot. Décalage horaire. Inédit. De retour au sein de l’équipe, Morgane doit résoudre le meurtre de Naïma, 20 ans, star du rap, assassinée en pleine ascension. Elle renoue le lien avec Karadec.

jeudi 25 mai 2023

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lachainemeteo.com

Par téléphone :

21.45 La véritable histoire des Templiers. Documentaire.

Sur L’APPLI

LIVE 24/24

GRATUITE La Chaîne Météo

2,99 €/appel

MOTS FLÉCHÉS DU FIGARO N°3530 CLASsem*nT CATÉGORIEL RONGEUR

BOÎTE À BULLETINS AUTEUR DE RAGOTS

CHÉRI CHOIX DE L’ERMITE

BISON DE JADIS

BOUCHÉE BLABLA

JALOUSIE IL PART EN UN CLIC

TOUCHA LE CŒUR MIS À L’ABRI

FAIRE ADHÉRER PREMIÈRE VENUE

TRIOMPHE AU MILIEU DE L’ÉTOILE

ÉTAT ARABE BREVET TECHNIQUE

ÉCOLE ANGLAISE

2023-05-25T09:39:59+02:00

2023-05-25T03:12:11c:Figaro;u:adaboville;

Jour:

ELLE A BESOIN D’ÊTRE SOUTENUE

ARBRE

GARÇON DE CAFÉ COMME UN VER

BOUFFON

VIN CHARENTAIS APTE AU VOL FILLE DU PARADIS

ATOMES ACCESSOIRE DE GOLF ANCIENNE NOTE SYMBOLE DU CÉRIUM

ILS VIVENT ENTOURÉS D’EAU FIGURINE DE GALETTE PEU PROPICE AUX RENCONTRES

ÇA FILTRE SOUS LA PORTE

BOUTS DE TERRE

ÂMES

GLISSE SUR LE CÔTÉ

À MOI

L’ARGON

APPELS

GÉNIE AÉRIEN FINIR PAR CRAQUER PLANCHE À RELIER

FIS UNE GREFFE

Autre

QUE LA VIE A QUITTÉ OBJETS EN MÉTAL

CITÉ EN FLORIDE GAULE COUVRIR DE CHAPELURE

PRÉNOM POUR UNE FUSÉE VILLE DE LA MAYENNE EXERCICE

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UN PLUS MUSICAL SOCIÉTÉ CIVILE

SUJET DE CONVERSATION BÊTISES BEL ÉTALON DIMINUTIF DE LÉON

Demain

BOUQUET DANS LES NARINES CERVIDÉS

SPÉCIALISTE DES COURSES DE VITESSE

AFFRANCHI PETIT LOGIS PASSA UN VÊTEMENT

UN RIEN FAMILIER

ÇA FAIT BOUM ! GUIDE D’ACHATS

ÉTENDUS PAR TRACTION

ADOUCI

TERMINAISON VERBALE INDIQUE QUE C’EST L’APRÈSMIDI

CAOUTCHOUC DE SEMELLES

SOLUTION DU NUMÉRO PRÉCÉDENT E

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FLEUVE COULANT EN WESTPHALIE

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S T R A T O S P H E R E

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A M A S S E E

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ASSIGNÉE À RÉSIDENCE COULOIR

jeudi 25 mai 2023 le figaro

40 PORTRAIT Directrice du Musée de l’Air et de l’Espace depuis 2018, cette historienne a su donner un nouveau souffle à ce musée déployé sur 125 000 m2, au Bourget, où se tient, du 19 au 25 juin, la 54e édition du Salon de l’Air et de l’Espace.

Sophie de Ravinel

[emailprotected]

S

on rire explose en cascade de notes, comme autant d’électrons destinés à former des atomes d’oxygène. Autour d’elle, on respire mieux. Anne-Catherine Robert-Hauglustaine maîtrise le secret des formules chimiques qui ouvrent les chakras, comme celles qui associent les objets en structures les plus solides. Elle a du tempérament aussi. Il en faut pour se vanter encore, longtemps après, d’une thèse de jeunesse de 700 pages sur l’évolution de la soudure à l’époque moderne et contemporaine. Certains pourraient y voir une niche un peu austère pour étudiant en quête de sentier jamais défriché. C’est surtout une fierté au goût de revanche familiale. « L’outil d’un accomplissem*nt », dit-elle. Son père la voulait ingénieur. Elle sera historienne, mais une des rares femmes élues à l’Académie des technologies, après avoir consacré des années de sa carrière à donner le goût des sciences. Aux plus jeunes en particulier, « et surtout aux toutes jeunes filles, celles qui menacent de

décrocher ». Elle est, depuis 2018, la directrice du Musée de l’air et de l’espace. Déployé sur 125 000 m2 de l’aéroport historique du Bourget, à quelques kilomètres au nord de Paris, il s’apprête à accueillir, du 19 au 25 juin, la 54e édition du Salon international de l’aéronautique et de l’espace (SIAE), premier rendezvous mondial des industriels et des passionnés, sur fond de contrats et de présentation des dernières technologies. C’est le plus ancien salon de ce type. Né en 1909 au Grand Palais, le fameux Paris Air Show se tient tous les deux ans, les années impaires. En cette fin avril, le tarmac du Bourget est vide. Habituellement planté des plus beaux spécimens d’avions présentés aux visiteurs du musée, il attend les stars du salon. En 2026, avec l’arrivée de la ligne 17 du métro du Grand Paris, le musée – qui date de 1919 mais qui se déploie au Bourget depuis 1975 - devrait faire exploser son compteur annuel de visiteurs. Il tourne aujourd’hui autour de 250 000 et grimpe jusque 350 000 les années de salon. D’ici là, pour les JO de l’été 2024 et dès l’hiver prochain, il hébergera le stratégique village des médias. De quoi donner toujours plus de travail et de nuits blanches à celle qui en conduit la destinée dynamique sous la houlette du ministère des Armées. C’est un des bijoux de famille de la Défense avec le Musée de l’armée aux Invalides et le Musée de la marine,

Pauline Fournier/Le Figaro

Anne-Catherine Robert-Hauglustaine toutes ailes déployées appelé à rouvrir ses portes à l’automne après rénovation. En Belgique, sa terre natale, le père d’Anne-Catherine, ingénieur, ne lui voyait qu’un avenir, identique au sien… Son propre père, mineur, n’avait pas eu le choix. La famille, depuis, s’est déployée dans l’enseignement et les sciences, dans l’aéronautique en particulier, sur les traces d’un oncle pilote de chasse tombé avant l’âge de 30 ans. Côté maternel, même combat. Sa grand-mère a été la première de sa génération à obtenir une licence de mathématiques. Avec son mari, elle ouvrira une école dans une bourgade proche de Liège. AnneCatherine y passe sa petite enfance. « J’ai traîné sous les bancs, devant les tableaux noirs, avant même de savoir marcher. » Aux États-Unis quelques années plus tard, dans la région de Chicago, la famille derrière le père, plonge dans la vie trépidante des moteurs. Pour autant, cette école d’ingénieurs imposée ensuite, elle n’en veut pas. « J’ai cédé, mais je n’ai pas tenu longtemps. » Au bout d’un

an, la jeune femme abandonne pour plonger dans l’histoire, sa vraie passion. Elle y tisse son propre monde, métissage des traductions de textes anciens, grecs et latins, et d’histoire des techniques associées aux métaux. Avec Pline au pinacle. « Comment souvent, le fruit d’une rencontre avec un professeur passionné. »

Dépoussiérer le musée

Son doctorat l’entraîne à Paris, vers l’étude d’une période plus récente, cruciale à la fin du XIXe siècle pour l’industrie, celle de la maîtrise des hautes températures par l’utilisation du gaz acétylène. La jeune historienne mène une double vie avec trois enfants à l’heure des derniers diplômes et du début de carrière. Le père, Didier Hauglustaine, belge lui aussi, n’est pas moins passionné, figure aujourd’hui des sciences du climat et de l’environnement. Depuis son bureau lumineux avec vue sur le tarmac, tapissé de livres et de photos d’art, Anne Catherine RobertHauglustaine peut vous parler des heures d’alchimie médiévale ou des recherches en aéronautique les plus pointues, l’œil qui frise, curieuse de savoir si vous la suivez dans ces méandres compliqués. Elle sait pourtant les rendre acces-

UN dernieR mot [emailprotected] ÉCRIVONS ENSEMBLE VOTRE FUTUR VOYAGE...

sibles. « Je n’aime pas le mot “vulgarisation”, dit-elle, comme si c’était simplifier. En réalité, c’est donner accès, faire comprendre. » Une science de la pédagogie acquise en partie à l’université de Strasbourg dont elle a été directrice adjointe, en charge de la création du Jardin des sciences, destiné à rendre la recherche accessible à tous. C’est aussi un peu l’histoire et la vocation du musée qu’elle porte. Il entraîne entre les plus trépidantes premières aventures des ballons sur les traces de Félix Tournachon, dit Nadar, aux plus fascinantes avancées de la conquête de l’espace. Mais jamais le niveau scientifique des visiteurs n’est un obstacle pour saisir la beauté technique des gestes. Nommé à l’heure de Florence Parly, son ancienne ministre de tutelle, la directrice, avec son adjoint, le général Gilles Villenave, a reçu pour mission de le dépoussiérer. La mission est bien avancée, sans rien dénaturer. Au détour d’un hall, les portraits au pochoir de l’artiste urbain Christian Guémy (C215), saluent avec respect les signatures des as de l’aviation sous forme de visages ou d’objets peints sur le fragile fuselage d’avions ayant marqué la Première Guerre mondiale. Ici, l’histoire se saisit au vol. ■

Par étienne de Montety

Casino (ka-zi-no) n. m. Machine désormais sans le sou.

L

FIGARO-CI ... FIGARO-LÀ Rémy Heitz adoubé par le Conseil supérieur de la magistrature pour la Cour de cassation Côte Amalfitaine, Italie Pour être encore plus près de vos envies et de vos projets, Le Figaro vous propose des voyages individuels personnalisables à souhait. Vous retrouverez un éventail dʼinspirations qui appellent au rêve sur notre page dédiée : lesvoyagesf.lefigaro.fr/inspirations Nos conseillers sont à votre écoute et vous feront des suggestions pour écrire avec vous le voyage qui vous correspond.

2023-05-25T09:39:59+02:00

2023-05-25T03:12:11c:Figaro;u:adaboville;

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NʼHÉSITEZ PAS À NOUS CONTACTER AU 01 57 08 70 02 OU [emailprotected]

L’actuel procureur général de Paris a reçu, mardi, un avis favorable du Conseil supérieur de la magistrature pour devenir l’un des deux magistrats les plus haut placés dans l’ordre judiciaire. Fin juin, en effet, il sera donc procureur général près la Cour de cassation. De quoi créer un grand jeu de domino, puisque le parquet général de Paris se libère. L’exécutif serait très tenté par la nomination de Marie-Suzanne Le Quéau, actuellement en poste à Aix-en-Provence. Outre son pedigree impeccable, elle est aussi une femme. Ce qui n’est pas neutre pour un corps féminisé à plus de 70 %.

Centenaire de l’Académie des sciences d’outre-mer le 26 mai

L’Académie des sciences d’outre-mer, qui regroupe de nombreux chefs d’État, anciens ministres, diplomates, universitaires ou hauts fonctionnaires, fêtera son centenaire ce vendredi, à la Sorbonne, en présence de nombreuses personnalités. Parmi elles, Sylvie Retailleau, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Alassane Ouattara, président de la République de Côte d’Ivoire, et Xavier Darcos, chancelier de l’Institut de France. Alors que les tensions restent vives à Mayotte, l’avenir de l’outre-mer, les bouleversem*nts géopolitiques et la francophonie seront à l’ordre du jour. Les interventions seront ouvertes par Pierre Gény, secrétaire perpétuel, avec Christine Kelly en maîtresse de cérémonie.

François BOUCHON/Le Figaro

e PDG du groupe Casino se voit contraint de céder le contrôle de son groupe. Le nom de cette chaîne vient de l’italien casa, qui désigne la maison ; le casino étant une petite maison, par exemple de jeu. En tout cas, un casino n’est pas une caserne. On ne sache pas que Jean-Charles Naouri jouait, sinon avec les nerfs de ses créanciers. Mais, à l’instar d’un amateur frénétique, le groupe avait des dettes. Impossible à Casino de se recaser, dans ces conditions. Les spécialistes s’accordent à dire que Casino est un cas d’école. Par ses problèmes de cash - plus un sou en caisse -, le groupe menace non seulement ruine, mais aussi l’équilibre des banques qui le soutiennent. Certains (tous ne sont pas des Cassandre) redoutent des problèmes en cascade. On le répète, le montant des dettes du groupe est astronomique : c’est la première fois qu’un Casino casse la baraque. Qu’il eût continué comme si de rien n’était, c’eût été un casus belli. ■

FIGA_20230525_complet Flipbook PDF - PDF Free Download (2024)

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Author: Edmund Hettinger DC

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Name: Edmund Hettinger DC

Birthday: 1994-08-17

Address: 2033 Gerhold Pine, Port Jocelyn, VA 12101-5654

Phone: +8524399971620

Job: Central Manufacturing Supervisor

Hobby: Jogging, Metalworking, Tai chi, Shopping, Puzzles, Rock climbing, Crocheting

Introduction: My name is Edmund Hettinger DC, I am a adventurous, colorful, gifted, determined, precious, open, colorful person who loves writing and wants to share my knowledge and understanding with you.